Fidèle à ses convictions, qui sont largement les mêmes que celles de M. Sarkozy, Laurent Fabius l’a été certainement à la tête des Affaires étrangères depuis 2012. Un poste qu’il s’apprête à quitter pour être recasé par François Hollande la tête du Conseil constitutionnel. Son passage aux Affaires étrangères restera marqué par des erreurs d’analyses inquiétantes, un alignement sur les menées antirusses de Washington, notamment dans le dossier ukrainien, son acharnement à combattre le régime laïque syrien, quitte à soutenir, au moins jusqu’à récemment, les milices islamistes.
Pour succéder à M. Fabius, le nom de Ségolène Royal revient avec insistance, ce qui aurait pour avantage de libérer le ministère de l’environnement que M. Hollande tout à son projet de rassemblement de la gauche derrière sa candidature des le premier tour en 2017, souhaiterait confier à un écologiste compatible avec la ligne socialo-libérale incarnée par un Manuel Valls ou un Emmanuel Macron.
Certes le pari s’avère difficile: selon un sondage Viavoice pour Libération publié mardi soir, 75% des personnes interrogées estiment que la réélection de François Hollande en 2017 n’est pas «souhaitable» (16% des sondés la jugent « souhaitable »). Seules 22% des personnes interrogées pensent qu’une victoire de M. Hollande l’année prochaine est «possible». «Sur l’ensemble des Français», Alain Juppé (33%), Nicolas Sarkozy (14%), Manuel Valls (18%) est à égalité avec Emmanuel Macron (18%), apparaissent comme les meilleurs candidats de leurs camps pour 2017. François Hollande ne recueille que 5% de réponses positives.
La question que se posent cependant les stratèges dans l’entourage de M. Hollande est de savoir si le maintien à son poste de M. Valls (dont la cote de confiance dégringole sondage après sondage), se justifie toujours. Dans cette tentative du président de la république de ne pas s’aliéner (ou de récupérer) les électorats de gauche, réunis vaille que vaille derrière son panache blanc pour faire barrage à Marine, beaucoup militent pour le départ du Premier ministre.
Dans Le Parisien, était cité hier «un proche du chef de l’Etat» expliquant à ce dernier : «Valls a rétréci ta majorité. Tu ne peux pas aller à la présidentielle sur une tête d’épingles.» «Manuel devrait faire attention. François n’a pas de problème de passage à l’acte. Il a sacrifié Ayrault d’un coup de bouton !, prévient un autre proche du chef de l’Etat. »
C’est dans ce climat que la une du Point s’est ornée du visage de M. Valls avec ce titre «La gauche Finkielkraut» (le Premier ministre était d’ailleurs présent à la coupole pour la cérémonie d’entrée d’Alain Finkielkraut à l’Académie française»), consacrant une enquête à un Premier ministre détesté par une large partie de sa famille politique. «Parmi ses petits camarades socialistes (ses adversaires) vous jurent qu’il est « dangereux parce que fasciné par le pouvoir est drogué ou gyrophare. C’est un molleiste (disciple de Guy Mollet ; NDLR) capable de dérives quasi fascistes. »
Dérives totalitaires qui se sont illustrées pleinement en Corse. Les participants au séminaire du groupe Europe des nations et des libertés (ENL ) regroupant notamment des députés du FN ont été menacés hier à leur arrivée à Ajaccio
Dans un premier temps les manifestants, environ 200 militants d’extrême gauche appartenant à 17 associations différentes, certains se disant «nationalistes corses»en lutte contre la «xénophobie» (sic) ont tenté d’empêcher les participants de quitter l’aéroport Napoléon-Bonaparte d’Ajaccio «en abattant sur la route d’accès deux pins centenaires.»
«A l’arrivée du bus transportant les élus FN au Sofitel de Porticcio rapporte le site du Monde, un caillou probablement couplé à un gros pétard , selon une source judiciaire, a été projeté sur le pare-brise du véhicule. Depuis le début de l’après-midi entre cinquante et cent manifestants font le siège de l’établissement (…) et perturbent le déroulement du séminaire frontiste».
« Le 2 février, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, respectivement président du conseil exécutif de Corse et présidente de l’assemblée de Corse, ont publié un communiqué commun pour déplorer la venue du FN, jugeant ses idées aux antipodes de la pensée politique corse fondée sur la démocratie, l’ouverture, la tolérance religieuse . Une opinion partagée par le maire (Les Républicains) d’Ajaccio, Laurent Marcangeli». Démocratie, ouverture, tolérance…. De grands mots entonnés pareillement de Mélenchon à Sarkozy, de Valls à Talamoni. Nos compatriotes, corses ou non, constate Bruno Gollnisch ne sont plus vraiment dupes de ce type de refrain hypoctite.