Une souveraineté dont la Grèce, confrontée de surcroît à la dramatique crise migratoire que l’on sait, ne possède plus aujourd’hui que l’apparence, et Martin Schulz était beaucoup plus confus, embarrassé au micro de France Inter pour tenter de faire croire que ce pays était sauvé. Certes, et nous l’avons dit ici, l’UE a parfois le dos large, et il serait très malhonnête de rejeter sur les institutions bruxelloises la pleine et entière responsabilité de la faillite de l’État grec. Grecs qui payent aujourd’hui au prix fort, des décennies de gabegie, de gestion fantasque, de démagogie sous le règne du Pasok.
Pour autant, le site de Libération rappelait ce matin (avec raison) que « la tragédie économique dont les multiples rebondissements avaient tenu l’Europe en haleine tout au long de l’année 2015 » est toujours là. « En juillet (…) le gouvernement d’Aléxis Tsípras, élu en janvier, renonçait à 90 % de son programme électoral et capitulait en acceptant un mémorandum : une nouvelle cure de rigueur pour son pays. En échange, Athènes obtenait la promesse d’un plan d’aide de 86 milliards d’euros sur trois ans. Le nouvel accord est signé en août. Et depuis ? Rien. Toujours soumise, depuis juillet, au régime du contrôle des capitaux (les retraits individuels se limitent à 480 euros autorisés par semaine), la Grèce n’a pas touché un centime des sommes promises. Car le premier versement reste conditionné à la validation de nouvelles réformes. Or les discussions s’enlisent depuis huit mois en raison de désaccords permanents entre Athènes et ses créanciers. »
Cette souveraineté bradée en échange d’une aide de la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne, FMI ) était, comme le Front National l’avait prédit, un marché de dupes, ce dont vient de s’apercevoir (?) le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos. Celui-ci a déclaré mardi à un peuple grec littéralement étranglé et paupérisé (« la Grèce survit car ses habitants se meurent, souligne l’analyste politique Georges Seferzis« ), que « le gouvernement est souverain et c’est à lui que revient la décision sur la manière de réaliser les objectifs du mémorandum. » « (Il) a annoncé dans la foulée son intention de présenter cette semaine au Parlement deux projets de loi, sur la réforme de la fiscalité et sur les retraites. Sans attendre donc le feu vert des créanciers. Un véritable geste de défi, puisqu’en réalité, depuis la capitulation de Tsípras cet été, les Grecs ont abdiqué une grande partie de leur souveraineté. Une clause de l’accord signé en août place de facto le paun marché de dupes, ce dont vient de s’apercevoir (?) le miys sous tutelle, en imposant l’approbation de la (troïka) avant d’engager toute action relative à la réalisation des objectifs de réformes économiques. »
A la naïveté qui a conduit la gauche de la gauche grecque à donner les clés du destin de leur pays aux officines euromondialiste, répondrait celle des Français si, comme les sondages semblent l’indiquer, ils accordaient leur confiance à Alain Juppé (le candidat chouchou des médias et de l’oligarchie) pour redresser la France en 2017.
Samedi, les sondage du Parisien – Aujourd’hui en France et la dernière enquête TNS Sofres-OnePoint pour Le Figaro, LCI et RTL , indiquaient que l’ancien ministre de Chirac et Sarkozy serait le seul en mesure de battre Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle, François Hollande étant donné sèchement battu dans tous les cas de figure. Et ce n’est pas sa piètre prestation, plaidoyer pro domo (peu suivie) jeudi soir sur France 2, qui est de nature à changer la sentiment des Français. Preuve supplémentaire de la mort de vieux clivage droite-gauche, remplacé depuis belle lurette par celui opposant les souverainistes-patriotes aux mondialistes-déclinistes, le sondage du Parisien affirme que 28% des Français souhaitent qu’Emmanuel Macron (très loin devant M.Valls et Mme Aubry) soit le candidat socialiste en 2017. Le ministre de l’Économie n’a pourtant jamais été membre du PS, mais il est certes un clone assez parfait dans son genre, en plus jeune, de M. Juppé.
Enfin, la naïveté est-elle aussi ce qui explique le passage de l’immortel Alain Finkielkraut à l’endroit du rassemblement de Nuit debout, samedi soir place de la république à Paris? Ce conglomérat citoyen des déçus du hollandisme révolutionnaire, phagocyté par l’ultra-gauche, les extrémistes de tous poil, les casseurs anars, les sans-frontiéristes et immigrationnistes habituels, sorte de mini mouvement soixante-huitard, pouvait-il être sensible au dialogue (vraiment) contradictoire?
M. Finkielkraut, qui était venu pour discuter, entendre et voir de ses propres yeux de quoi était fait ce rassemblement d‘indignés en a été chassé; il a été bousculé insulté, conspué par des gardes rouges et des crasseux haineux qui n’ont pas hésité à lui cracher dessus. Une attitude qui n’est pas sans rappeler à Bruno Gollnisch les méthodes et la conception de la démocratie qu’il a vu à l’œuvre quand il était étudiant à la faculté de Nanterre en Mai 68, à l’époque du gauchisme triomphant, celle-là même ou M. Finkielkraut militait dans les rangs du maoïsme…singulier retournement de l’histoire! Quelles que soient nos divergences, est-il besoin de le préciser, jamais l’auteur de « L’identité malheureuse » n’aurait subi un traitement infâme de cette nature dans un rassemblement, un colloque ou une manifestation du FN. Bruno Gollnisch, homme de dialogue s’il en est, adversaire résolu du terrorisme intellectuel, défenseur de la liberté d’expression, qui n’a jamais refusé une invitation à un débat, n’hésiterait pas lui à confronter ses idées et ses convictions avec celles M. Finkielkraut.