Le Grand prix a été décerné délicat canadien Xavier Dolan, baptisé « jeune prodige » comme il se doit, pour Juste la fin du monde. « Son huis clos familial survolté » explique l’AFP, « est tiré d’une pièce de l’auteur français Jean-Luc Lagarce, mort du sida en 1995. Il est aussi doté d’un casting haut de gamme (sic), avec Gaspard Ulliel, Vincent Cassel et Marion Cotillard« . « A 55 ans, la réalisatrice britannique Andrea Arnold a remporté le Prix de Jury pour American Honey, « une plongée dans l’Amérique profonde en compagnie d’une bande de jeunes déclassés qui parcourt le Midwest en bus pour vendre des abonnements à des magazines. Une étude sociologique qui se double d’une histoire d’amour. » Là aussi ça fait rêver… Autre chouchou des Inrocks, Libé et Télérama, Olivier Assayas a décroché le Prix de la mise en scène pour Personal Shopper, et « la Franco-Marocaine Houda Benyamina a reçu la Caméra d’Or du premier film pour Divines, « un film venu de banlieue parisienne et porté par des actrices. » Mme Benyamina a ponctué « son discours de remerciements de putain, merde, et de youyous. Pour que les choses changent, il faut beaucoup de femmes décisionnaires, et dans les comités de sélection, a-t-elle plaidé, avant de lancer au délégué général de la Quinzaine des réalisateurs, Edouard Waintrop, « t’as du clito ! » Et dire que Cannes ce fut aussi à une époque une certaine idée du glamour, du raffinement, de cette élégance française que le monde entier nous enviait…
C’est tout dire, même France Culture s’est émue de ce palmarès, à commencer par la palme décernée à Ken Loach : « Cannes est un festival de cinéma, pas un meeting politique, et la forme que prend ce pamphlet doloriste est d’une faiblesse dans la narration, d’un didactisme dans le propos, d’une univocité dans la construction des personnages, d’une platitude dans la réalisation tels que la seule explication à cette si imméritée distinction suprême ne peut résider que dans un jury désuni qui, comme cela arrive (trop) souvent, se retrouve sur le plus petit dénominateur commun : l’humanisme confortable où tout le monde peut se retrouver (…). » Mérité le le Prix du jury accordé à Andrea Arnold ? Pas plus : un « très fatigant et répétitif road trip d’adolescents aussi déclassés que survitaminés, filmé comme elle le peut par une caméra indécise et rythmé comme chez Dolan de moments musicaux censés emporter le spectateur. (…). » Rideau!
Ces derniers jours, la palme de l’inquiétude a été décernée haut la main à l’oligarchie européiste constate Bruno Gollnisch. Il n’est point question ici du « danger Turc » mis en exergue à la une de l’Express. Une Turquie dont les menées et l’appétit menaceraient l’UE indique ce magazine, et dont le président, le panislamiste Recep Tayyip Erdogan, vient de consolider son pouvoir en chargeant hier un membre de sa garde rapprochée, Binali Yildirim, de former un nouveau gouvernement. Non, l’objet de toutes les craintes de la Caste au pouvoir, c’est le second tour de l’élection présidentielle en Autriche, les préoccupations du peuple autrichien qui votait hier n’étant pas réductibles à celles de Conchita Wurtz, , le chanteur à barbe vainqueur de l’Eurovision 2014, sous les félicitations alors des instances bruxelloises.
Les résultats définitifs seront connus cet après-midi, dans attente du dépouillement des votes par correspondance. Le verdict dans les urnes donne le candidat de nos amis du FPÖ , Norbert Hofer, en tête avec 51,9% des suffrages contre 48,1% pour son adversaire écologiste Alexander van der Bellen. Soit sur les 73 % des 6 382 486 électeurs autrichiens qui ont voté dimanche (la participation est en hausse de cinq points par rapport au premier tour) , 144.006 voix d’avance pour M. Hofer. 885.437 électeurs (14% des électeurs inscrits) ont utilisé le vote par correspondance hier, soit 14 % du total des électeurs.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a sonné le tocsin, s’inquiétant de ce nouveau signe d’émancipation des Européens, de « voir la droite pure et dure et l’extrême droite » l’emporter. Une frousse partagée en France par les états-majors de tous les partis du Système et, indique Louis Hausalter, sur le site de Marianne « par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault (qui) s’est dit « assez inquiet au Conseil des ministres de mercredi », tout comme « François Hollande (qui) attend le verdict des urnes avec une certaine inquiétude. Il faut avoir l’œil sur le résultat autrichien. Si Hofer est élu, ça va être un choc, car ça va dédiaboliser l’extrême droite en Europe, redoute un conseiller du chef de l’Etat. Des Français pourraient se dire : après tout, si les Autrichiens l’ont fait, pourquoi pas nous ? «