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Leur « tropisme libéral »…antinational

babel bis« Réunion publique dans un bunker», titrait L’Obs dans l’article consacré sur son site  au « meeting  de soutien à la loi Travail » qui s’est tenu hier soir, sous haute protection policière, intitulé  Défendons le progrès social (sic).  Manuel Valls «était la vedette» de ce raout  qui s’est déroulé  près du ministère des Finances à Bercy et qui a réuni 500 permanents, élus et (quelques rares) ministres Martine Pinville (Commerce et Artisanat), George Pau-Langevin (Outre-mer) ou encore Harlem Désir (Affaires européennes). Les intervenants, le Premier ministre,  le ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis se sont évertués à démontrer que cette loi El khomri était  de gauche, émanait d’un gouvernement de gauche,  était combattue en tant que telle  par «la droite libérale» et une extrême gauche jusqu’au-boutiste et archaïque.

Ce texte, qui met en musique des exigences exprimées par Bruxelles, par   ses outrances  comme  par ses  insuffisances, est l’objet de très légitimes critiques rappelait dernièrement  Bruno Gollnisch. Il reste aussi le «bébé»  d’Emmanuel Macron qui en fut largement le concepteur, lequel a perdu de sa superbe dans l’opinion si l’on en croit les sondages. Selon l‘enquête Ifop pour Le Figaro paru hier,  la cote du  champion de Jacques Attali  dégringole fortement. Seulement 36% des sympathisants socialistes estiment désormais que le ministre, qui  entretient le suspense sur une éventuelle candidature à la présidentielle (2017? 2022?),  serait capable de sortir le pays de la crise…contre 59% en avril.

Le ministre de l’Économie a subi  lundi un accueil  houleux, à base d’insultes, de bousculades et de jets d’œufs, de la part de militants cégéto-communistes  lors de sa venue à Montreuil  pour inaugurer un timbre consacré au 80 ans du  Front populaire.  Des violences  bien évidemment condamnables, que certains justifient par le caractère provocateur de cette visite.  Patrice Bessac,  maire communiste de cette ville,  avait fait savoir la veille dans un communiqué son refus de recevoir M Macron: «On ne peut pas vouloir revenir sur le modèle social français et venir à Montreuil, où est le siège de la CGT, inaugurer un timbre consacré au Front populaire. Trop, c’est trop. »

Benoit Hamon, ex porte parole du PS,  notait pour sa part sur radio classique le même jour  qu’il y a «des choix de confrontation qui sont délibérés. En allant pour le lancement d’un timbre sur le Front populaire à Montreuil, on est à peu près certain qu’on aura une manifestation.» Bref, M. Macron aurait cherché  délibérément l’affrontement pour médiatiser son déplacement et aurait été récompensé de ses efforts au-delà de ses souhaits… Certes, nous l’évoquions sur ce blogue, Emmanuel Macron peut compter aussi  sur le soutien de figures de la droite. Notamment  d’Yves de Kerdrel, directeur de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, qui affirme que l’ancien employé de la banque Rothschild « incarne le renouveau des idées dont la France a besoin».

M. de Kerdrel, qui appartient comme le ministre de l’Economie,  beaucoup de membres du gouvernement Valls,  à un influent lobby anglo-saxon,  la  French American Foundation, Young leaders, et   qui a siégé avec  M. Macron    dans la  commission Attali, formée sous Nicolas Sarkozy,  se dit  «très proche» du ministre. Il affirmait aussi  que  la Young leader Najat Vallaud-Belkacem,  souvent éreintée dans son journal,  est  «une femme structurée, dotée d’un tropisme libéral réel».

Cela n’empêche pas  M. de Kerdrel de prendre toute la mesure de la montée en puissance dans l’opinion des idées, des thématiques défendues de longue date par le Front National . Un déplacement  du centre de gravité de la vie politique française pris en compte ces dernières années  par la ligne éditoriale de Valeurs actuelles,  très droitière,  eurosceptique (anti-bruxelloise),  opposée à l’immigration.   M. de  Kerdrel s’est élevé également (avec raison)  contre  la «régression du débat intellectuel » dans notre pays, à la suite des condamnations  judiciaires dont son journal a fait l’objet suite à des accusations (infondées)  de «racisme».

Yves de Kerdrel reste cependant un soutien de Nicolas Sarkozy et manifeste toujours son  hostilité à  l’endroit du Front National. Minute  rapportait ainsi les propos de ce dernier lors de sa venue au «Rendez-vous de Béziers» organisé par Robert Ménard  fin mai. «Sans que Robert Ménard n’y puisse rien», «lors de la séance inaugurale (du 27 mai), en présence de  Marion Maréchal-Le Pen, Yves de Kerdrel  en a profité pour prendre ses distances (…) avec ce qu’il a appelé une extrême droite très sectaire, expression qui visait clairement le Front National». Ce qui serait sectaire dans la bouche des dirigeants du FN ne  le serait plus dans celles des journalistes de VA ou de la girouette Sarkozy, actuellement en phase (très laborieuse) de séduction de l’électorat national ?

A ce sujet, L’Express étrille assez logiquement le discours prononcé hier soir par Nicolas Sarkozy, lors d’une réunion publique à Saint-André-lez-Lille (Nord).  L’ami du Qatar, l’ex ministre des Finances qui  a  bradé en 2004 un cinquième des réserves d’or de la Banque de France ( 600 tonnes de lingots,  une perte de 18 milliards d’euros !);  le responsable du chaos lybien; le chef d’Etat qui voulait la peau du régime laïque syrien;  le champion toute catégorie de l’accueil de  l’immigration dite légale sous son quinquennat; le (pseudo) gaulliste qui a  placé la France sous le commandement intégré de l’Otan,  imposé la constitution européenne,  y exposait sa «vision de la France».

Un discours que «son  équipe le compare à celui de Nîmes de 2006, prononcé avant sa candidature »  et que les commentateurs ont aussi perçu comme une manière de se démarquer  d’Alain Juppé, crédité, pour le moins, de mollesse sur les questions identitaires au sens large du terme.

«En 2006 rappelle L’Express,  ni le mot islam ni celui de musulman ne figurait dans le texte. En 1950, la France était catholique, étatisée et centralisée. Elle est aujourd’hui laïcisée, européenne et décentralisée. En 1950, elle était monoculturelle, elle est aujourd’hui multiculturelle, se réjouissait-il alors. Désormais, Nicolas Sarkozy voit dans le combat communautariste et la société multiculturelle, un puissant relais de la part d’ombre de Mai 68»…que Patrick Buisson lui conseillait déjà de pourfendre  lors de la présidentielle de 2007.

«Il y a dix ans, Nicolas Sarkozy estimait que le repli communautariste menace (…), le communautarisme, même s’il était multifactoriel, était avant tout présenté comme une conséquence du manque de considération des pouvoir publics. Nicolas Sarkozy allait même jusqu’à se dire partisan de la discrimination positive, qui n’est au fond que l’égalité réelle, que l’autre nom du volontarisme républicain. Dix ans plus tard, la perspective est inversée. Le même Nicolas Sarkozy pourfend la vision des élites pour qui la Nation se résume à la juxtaposition plus ou moins harmonieuse de communautés reconnues dans leurs droits particuliers. »

« (…). En 2006, il était un fils d’immigré qui a reçu à sa naissance la France en cadeau et disait savoir ce que cela signifie de prendre en partage une histoire qui n’est pas celle de ses ancêtres. Désormais (il) dit: Je suis français. C’est même par ces mots qu’il commence son discours. Je suis chrétien, ajoute celui qui définit la France comme un pays né du baptême de Clovis il y a plus de 1500 ans. »

«Mais si sa définition de la France a changé, les objectifs de Nicolas Sarkozy restent les mêmes. Ces Français humiliés par une droite qui n’en finissait pas de s’excuser de ne pas être la gauche et qui par dépit sont dans l’impasse du Front National, je veux les convaincre de revenir dans le giron républicain, disait-il à Nîmes en 2006. Jamais je n’accepterai la moindre complaisance avec les dirigeants du Front National et avec leur idéologie, assène-t-il toujours dix ans plus tard. Il y a une ligne rouge qui ne peut être franchie.De son propre aveu, ce n’est pas la partie du discours qui a été la plus applaudie par son public.» Ce qui n’est certainement pas pour étonner Yves de Kerdrel.  Qui s’illusionne peut être plus sur la capacité du patron de LR, lui aussi doté d’un tropisme libéral réel,  à rééditer le casse de 2007, à cocufier de nouveau en 2017 des électeurs au tropisme national réel,  les patriotes  de droite, de gauche, d’ailleurs

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