Droite des valeurs à laquelle appartient Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate (PCD) et candidat atypique à la primaire de LR, auquel sa petite formation est rattachée. Pour ses détracteurs, M. Poisson ne serait pas un républicain exemplaire. C’est un (nouveau) signe qui ne trompe pas disent-ils, si Nicolas Sarkozy affirmait dernièrement qu’il voterait François Hollande en cas de duel au second tour de la présidentielle l’opposant à Marine Le Pen, M. Poisson lui, sur l’antenne de RTL ce lundi 31 octobre, a affirmé qu’il lui était « impossible » de voter pour (M. Hollande). « Un président de la République sortant qui divulgue des secrets d’État dans un livre (Un président ne devrait pas dire ça, NDLR) publié dans le cadre d’entretiens avec des journalistes (Fabrice Lhomme et Gérard Davet, NDLR). »
« Je suis le seul des candidats à la primaire à avoir dit pourquoi je ne partageais pas le projet politique du Front National a-t-il précisé. Je suis opposé à la préférence nationale, je suis opposé à la peine de mort, je n’ai pas la vision qu’a le Front National de la laïcité, je ne partage pas sa vision ni de l’Europe ni de l’euro et je n’aime pas l’orientation prise par ce parti politique en ce qui concerne l’éducation et sa réforme. Partant de là, je ne vois pas comment je pourrais soutenir la candidate du FN ».
« J’ai redit aussi pourquoi je ne pense pas que le Front National soit en mesure de gouverner pacifiquement », a poursuivi le député des Yvelines qui dans ce contexte… s’abstiendrait ? « Dans l’état actuel des choses, probablement. Maintenant, ça dépendra de la manière dont (Marine) peut faire évoluer son projet elle aussi ». « Le redressement de la France implique de tels changements et de telles ruptures que si jamais Mme Le Pen changeait d’avis sur les choses que j’ai dites tout à l’heure, alors pourquoi pas. »
Bref si le FN abandonne une large partie de son programme, M. Poisson pourrait voter pour sa présidente… Mais celui du chouchou des médias et favori des primaires lui pose également un sérieux problème. Et il n’hésite pas à le dire, affirmant qu’il pourrait voter Le Pen si elle était en duel face à Juppé, s’attirant les foudres des instances de LR. « Plus je vois évoluer Alain Juppé, a-t-il dit, plus je me dis que le projet de société multiculturelle qui a mis la France par terre est décidément à côté de la plaque. » Dernièrement, M. Poisson, qui entretient à l’Assemblée des relations très courtoises avec Marion Maréchal-Le Pen, avait appelé à « briser le cordon sanitaire » entre la droite et le FN et avait déclaré « comprendre les électeurs de Robert Ménard ».
Lundi sur Europe 1, le très suffisant Bruno Le Maire a estimé que M. Poisson devait « clarifier ses positions sur les règles de la primaire et ses relations avec le FN ». « Soit il retire ses propos, soit il se retire de la primaire ». « Je pense qu’il a tenu des propos sur le FN qui n’ont pas leur place dans une primaire de la droite et du centre », qu’il doit « clarifier sa position par rapport à ce qu’il a dit sur le FN, sur Marion Maréchal-Le Pen et le soutien éventuel au vainqueur. Ça devient urgent. » (sic).
Mais pour bien anodines, timides diraient certains au regard de la gravité de la situation, que sont ces diverses déclarations de M. Poisson, il est cependant jugé transgressif par Marianne. Le site du magazine s’inquiétait de sa participation annoncée le 12 décembre à une réunion publique avec le maire de Béziers Robert Ménard et Philippe de Villiers… à laquelle le président du PCD a finalement renoncé. « Une participation à la petite sauterie de Ménard chapeautée par le Front National, aurait définitivement scellé son sort » indiquait Marianne.
A dire vrai, ce sont aussi les récents propos du président du PCD sur le « lobby sioniste » et Hillary Clinton qui ont semé la consternation chez les apparatchiks de LR, sommés notamment de réagir par la montée au créneau d’un groupe de pression communautaire, l’autoproclamé Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).
Dans Nice-Matin le 19 octobre, M. Poisson affirmait que « Mme Clinton est la pire des candidates démocrates et que les deux mandats d’Obama sont une catastrophe (…). La proximité de Mme Clinton avec les super-financiers de Wall Street et sa soumission aux lobbies sionistes sont dangereuses pour l’Europe et la France. »
Au micro de la matinale de Radio France Internationale il précisait son propos : « Le 21 mars dernier, Mme Clinton a prononcé devant l’AIPAC (l’American Israel Public Affairs, NDLR) (…), un discours qui est de mon point de vue belliqueux, qui est déséquilibrée, qui ignore à peu près la dignité du peuple palestinien et qui veut faire des États-Unis d’Amérique la seule puissance interlocutrice en charge de l’installation de la paix au Proche-Orient entre Israéliens et Palestiniens ».
Le Crif avait exigé immédiatement qu’une « sanction exemplaire » soit administrée à M Poisson par la Commission d’organisation de la primaire de la droite et du centre. Nathalie Kosciusko-Morizet qui avait saisi la Haute Autorité de la primaire avait hurlé son désespoir : « Où va-t-on ? Je veux une clarification sur ce que sont les valeurs républicaines de la droite et du centre » (sic).
M. Poisson a donc été contraint de se coucher sur l’antenne de la radio communautaire RCJ, d’appeler dans le même esprit le député binational franco-israélien Meyer Habib, d’envoyer une lettre d’excuse et de pardon aux membres du Crif, dans laquelle il « regrette que (ses) propos aient pu (les) blesser ou causer des craintes ou des doutes dans (leur) esprit » et a rappelé sa « (condamnation), avec la dernière énergie (de) toute forme d’antisémitisme ». Une repentance qui a permis à Thierry Solère (président de la Commission d’organisation de la primaire) et qui avait « (condamné) avec la plus grande force » sur France Info l’analyse de M. Poisson, de déclarer que « l’incident est clos ».
Le Crif avait estimé dans un communiqué que les propos du président du PCD sur l’AIPAC, « au-delà de leur caractère insidieusement antisémite », « (relevaient) des thèses conspirationnistes » ! Le blogue arrêts sur images (le 22 octobre) a eu l’honnêteté de rapporter la défense qui fut celle de M. Poisson dans cette affaire : « Le soutien des géants de la finance américaine à Madame Clinton n’est pas une nouveauté ». « L’existence de groupes de pression sionistes à Washington non plus : il y a profusion d’informations disponibles sur cette question, des plus tendancieuses (par exemple celles qui sont publiées par les musulmans radicaux) aux plus factuelles (…). Ma réponse relayait simplement ce que la presse spécialisée a écrit elle-même, en particulier à propos du discours du 16 mars 2016 de Hillary Clinton devant l’AIPAC. Et ce que les sites d’information, en France comme aux États-Unis, ont publié. »
L’article d’arrêts sur images rappelait l’évidence en soulignant que l’AIPAC « se présente bien comme un lobby pro-Israël, une appellation reprise dans les médias français (Médiapart, Le Monde ou encore Le Figaro), comme américains (à l’exemple du Wall Street Journal ou de NBC News). Aucun mystère donc sur le fait que l’AIPAC soit un lobby. Idem, sur la proximité de Clinton avec les marchés financiers, la question a été largement traitée par les médias américains (suite notamment à la publication par Wikileaks des mails de son directeur de campagne). » Avant d’ajouter que « Si le statut de lobby de l’AIPAC semble admis, impossible en revanche de trouver le terme sioniste dans les articles de grands médias américains (New York Times, Washington Post, Wall Street Journal, Fox News, NBC News) qui traitent du discours de Clinton devant l’AIPAC dont parle Poisson. Et en France ? Quasiment pas. Dans un article d’octobre 2016, le magazine Jeune Afrique qualifiait quand même l’AIPAC de lobby sioniste. Mais le terme le plus choquant de l’interview de Poisson est sans doute celui de soumission, que ne reprend pour son compte aucun média américain. »
Choquant pour qui ? Pour les amis d’Hillary Clinton, soutenue pour toutes les mauvaises raisons que nous avons détaillées dans de récents articles, par la quasi-intégralité de la caste politico-médiatique dans notre pays ? Précisons pour notre part qu’en effet le terme de Lobby (groupe de pression en bon français) n’est pas aux États-Unis chargé de la connotation péjorative qu’il peut avoir sous nos latitudes. Les lobbies ont pignon sur rue outre-Atlantique, agissent dans la sphère publique avec une assez grande transparence, interpellent directement élus et candidats. Ce qui, tout compte fait, a au moins le mérite d’une certaine clarté pour le citoyen qui sait alors à qui s’en tenir, pour peu certes qu’il fasse un minimum d’effort pour d’informer, sur les allégeances et les soutiens de ceux à qui il accorde son vote et sa confiance.
C’est le cas d’un lobby très actif, très institutionnel comme l’AIPAC, dont Marine et le vice-président du FN Louis Aliot avaient d’ailleurs rencontré très officiellement un représentant, lors d’un voyage aux États-Unis en 2011, dans le cadre de la campagne présidentielle, en la personne de William J. Diamond.
Enfin, si ce n’est la soumission, du moins la très forte empathie de Mme Clinton pour la vision des relations internationales et de la politique étrangère américaine défendue par l’AIPAC peut aussi s’expliquer pour des histoires de gros sous… qui jalonnent la carrière du couple Clinton. Russia Today s’en faisait l’écho lundi, « Steve Plocker, plume éminente du quotidien israélien Yediot Aharonot », s’inquiétait de l’impression donnée aux Américains par la candidate démocrate d’être l’obligée, la débitrice d’un lobby pro-israélien finançant très largement sa campagne.
« Steve Plocker a pu consulter les données publiques concernant le financement de la campagne des candidats à l’élection présidentielle américaine. 1,35 milliard de dollars ont été collectés par Hillary Clinton, contre 710 millions pour Donald Trump. Les cinq plus grands donateurs d’Hillary Clinton, qui financent sa campagne à hauteur de près de 70 millions de dollars sont : le dirigeant de fonds d’investissement Donald Sussman (20 millions de dollars), la milliardaire Mary Kathryn Pritzker (15 millions de dollars), l’israélo-américain Cheryl Saban (12,5 millions de dollars), le magnat de la finance George Soros (11,8 millions de dollars), et le fondateur des produits de régime Slim-Fast, Daniel Abraham (9,6 millions de dollars). D’autres membres éminents de la communauté juive américaine tels que le réalisateur Steven Spielberg, le créateur de mode Ralph Lauren ou encore le cofondateur de Facebook Dustin Moskovitz ont généreusement contribué à la campagne d’Hillary Clinton. De façon plus générale, selon une étude menée par le site d’analyse de statistiques et de sondages 538, en septembre 2016, 95 % des donateurs juifs avaient décidé de soutenir la candidate démocrate. »
Encore une fois rappelons que ces donateurs-là, notamment des idéologues mondialistes comme le tristement célèbre M. Soros qui sévit aussi en Europe, ne sont pas forcément, partout et toujours, représentatifs de la communauté dont ils se réclament. Pas plus que le Crif et les habitués des médias parlant en leur nom constate Bruno Gollnisch, ne représentent l’avis et les convictions de la totalité de nos compatriotes de confession et/ou d’origine juive. Et surtout qu’il est particulièrement stupide, primaire et maladroit d’expliquer implicitement que défendre un monde multipolaire, de bonnes relations avec la Russie, une politique équilibrée et de bon sens au Proche-Orient, les souverainetés et les identités nationales, les racines helléno-chrétiennes de notre civilisation serait le début du commencement de l’antisémitisme.