Pour riposter au « dictateur Bachar el-Assad (qui a ) lancé une horrible attaque avec des armes chimiques contre des civils innocents en utilisant un agent neurotoxique mortel» a déclaré Donald Trump, 59 missiles de croisière Tomahawk ont été lancés par la flotte américaine croisant en Méditerranée contre une base aérienne du gouvernorat d’Homs, «associée au programme » d’armes chimiques de Damas.
M. Trump a appelé à la mobilisation des «nations civilisées», ce qui ne manque pas d’inquiéter. Ce type de langage dans la bouche d’un président américain n’est jamais bon signe et annonce souvent bien des manips et des bains de sang. L’ambassadeur russe auprès de l‘Onu, Vladimir Safronkov, avait averti des « conséquences négatives» en cas d’intervention militaire. Moscou a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU après l’annonce des frappes américaines (Washington avait prévenu Moscou de celles-ci); le chef de la commission de défense de la Chambre haute du Parlement russe, Victor Ozerov a estimé que cette attaque « pourrait être vu comme un acte d’agression des États-Unis contre un pays de l’Onu », tout en entraînant le risque d’un affaiblissement des efforts sur le terrain pour détruire le terrorisme islamique.
Moscou n’a pas retiré son soutien à la République arabe syrienne, appelant à la prudence avant d’émettre des conclusions définitives faute d’un accès à la zone visée par cette attaque. Le ministère des Affaires étrangères russe a demandé une enquête « approfondie » tandis que la ministère de la Défense -on connait le degré d’implication sur le terrain de l’armée russe- a affirmé détenir des preuves certaines que l’aviation syrienne aurait visé un entrepôt dans lequel les «rebelles» stockaient des produits chimiques. A l’appui de cette thèse, on retrouve certains de ceux qui font état des rapports de la Commission d’enquête de l’ONU sur les violations des droits de l’homme en Syrie qui ont pointé dés 2013 l’usage d’armes chimiques par les djihadistes et autres rebelles combattant l’Etat laïque syrien.
Posons-nous la question avec Bruno Gollnisch: à qui profite le crime? Quel serait l’intérêt tactique, stratégique, psychologique, militaire, politique pour Damas de commettre un crime de cette nature qui glace les esprits et le coeurs, suscite l’horreur générale, alors que les rebelles sont sur la défensive? Au moment qui plus est ou le gouvernement el-Assad était de nouveau considéré comme un interlocuteur, si ce n’est légitime du moins incontournable, et avait réussi (en partie) a s’attirer un regard plus bienveillant des opinions occidentales inquiètes au premier chef d’un terrorisme islamiste qui voyage dans les bagages de l’immigration massive et frappe aussi l’Europe.
Emmanuel Macron, se prononçait hier soir sur France 2, comme François Hollande en son temps, pour une intervention militaire internationale des grandes puissances, sous l’égide de l’Onu…ce qui est impossible tant que la Russie notamment utilisera son droit de veto au Conseil de sécurité. Une coalition militaire a-t-il dit, qui viserait tout à la fois l’Etat islamique et le gouvernement syrien qui combat les brigades internationales islamistes, le tout avec la participation de la Russie pourtant allié de Damas! Nous voulons bien que M. Macron ait appris l’art de la négociation et de la persuasion au sein de la banque Rothschild voire même plus (banquier c’est un métier de p…e explique Alain Minc évoquant le parcours de son poulain), mais nous sommes là dans le grand n’importe quoi! Les Français décidément feraient bien de redouter un candidat qui étale ainsi un mélange bien préoccupant d’aveuglement progressiste, de bellicisme naïf, de démagogie, d’approximation et d’amateurisme.
Plus sérieusement, Marine Le Pen l’a dit clairement sur LCI, il faut éviter de tomber dans le piège de « se relancer dans une opération militaire en Syrie . J’ai entendu des propos de M. Trump qui évoque une intervention… Je crois qu’il a tort ». « En faisant cela, il rentre dans la roue des anciennes administrations américaines, que ce soit l’intervention en Irak ou en Libye, ça n’a pas été une réussite pour le moins, il faut être prudent avec ce type de menaces », ce n’est plus « le temps où de grandes nations mettaient des dirigeants à la tête de tel ou tel pays parce que ces dirigeants les arrangeaient (…). C’est au peuple syrien de choisir son futur dirigeant ». Et aux Français de ne pas se tromper dans le choix du leur dans quelques semaines.