Du cocufiage à la mystification il n’y a qu’un pas, et les macronistes serviront les deux aux Français, n’en doutons pas, dans les années qui viennent. Dans ce registre, L’Express a publié un article laudateur consacré à la manière dont les informaticiens d’ En Marche! ont su faire face au Macron Leaks, à la divulgation vendredi de 9 gigaoctets de données internes. Notamment grâce au «soutien des Etats-Unis, de Michael S. Rodgers, le directeur de la NSA, l’agence de sécurité américaine», En effet , « alertées de longue date des risques de hacking (de documents internes (les équipes macronistes) avaient prévu une riposte et aucun document compromettant n’a pour l’instant filtré… » Ah bon?
« Mounir Mahjoubi, responsable de la campagne numérique », explique que «si les cyberattaques n’ont pas été revendiquées, l’identité idéologique des pirates ne fait aucun doute (…): l’extrême droite. Cette attaque est symptomatique de la lutte des conservateurs contre les progressistes (sic) . Ce sont des gens d’extrême droite, qui ont tout intérêt à agir de concert, explique-t-il, interrogé par France Inter. A nouveau questionné jeudi (…) , celui qui est également candidat aux législatives à Paris pointe également les liens de certains de ceux qui ont menacé la campagne, à des Etats comme la Russie. »
Il semblerait plutôt que les attaques émanent de hackers Américains et si manip il y a eu au cours de cette campagne, elle n’est pas imputable à l’extrême droite fantasmée par certains. Sur le site sputnik (horresco referens!), Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), a donné « sa vision de la provenance des Macron Leaks ».
« Ce qui fait basculer une élection, c’est une opération de longue date montée, dans laquelle on a la totalité des médias qui vont dans le même sens, donc les journalistes ou les rédactions en chef qui sont payés pour faire des reportages sur les mêmes candidats, alors des très grosses déstabilisations (…). Les élections françaises finalement semblent bien avoir été une farce gigantesque entre les déstabilisations de François Fillon et l’élection d’Emmanuel Macron ». Et d’ajouter qu’« il est évident (que), dans le contexte français, le Mouvement de Marine Le Pen était ciblé, tout a été fait, mais déjà au niveau national, pour qu’il n’arrive pas au pouvoir ».
« Il n’y a peut-être même pas une volonté de déstabilisation d’Emmanuel Macron par qui que ce soit, il y a peut-être une volonté d’acteurs extérieurs — et pourquoi ne pas penser aux Américains — de pourrir les relations entre la Russie et le nouveau Président avant même qu’il arrive dans ses fonctions pour être sûr qu’il n’y ait pas un changement de politique étrangère et qui ne provoque pas un rapprochement avec Moscou », suppose-t-il. D’où M. Denécé tire notamment la conclusion qu’ on est peut-être sur une opération dont la véritable portée n’est pas tant de déstabiliser le candidat, qui de toute façon a gagné les élections, que d’empêcher l’établissement des relations sereines entre Paris et Moscou ». A fortiori difficile au vu de l’entourage « néo-conservateur français » proche des positions américaines de M. Macron.
De déstabilisation il est encore question avec celle que subirait un FN en pleine crise si l’on en croit les médias, après l’éloignement pour un temps de la vie politique de Marion et les discussions sur la place que devrait avoir la question de l’euro dans le programme frontiste. Florian a précisé sur RMC hier que la renonciation à la sortie de la monnaie unique n’était pas envisageable de son point de vue: « On ne peut pas décemment gérer un pays qui ne maîtrise ni ses lois, ni son budget, ni ses frontières, ni sa monnaie. L’euro est plus qu’un problème économique, c’est un problème politique. Vous dépendez d’une banque centrale à Francfort et elle peut vous couper les vivres si elle estime que vous avez fait de mauvais choix politiques ou de mauvais choix économiques.»
A contrario, le député Gilbert Collard a lui expliqué au Parisien en début de semaine que « pour nous, la question de l’euro c’est terminé, le peuple a fait son référendum dimanche dernier. Marine doit entendre ce message ». Un abandon de cette question qui permettrait au FN de passer un cap supplémentaire et d’accéder au pouvoir. Une analyse déjà faite par Alain Minc dernièrement. Il affirmait que selon lui cette volonté de sortir de l’euro est un frein sans lequel le FN serait potentiellement un mouvement capable de conquérir la magistrature suprême.
Une conquête du pouvoir qui passe aussi par la capacité de l’opposition nationale à élargir sa base, à trouver des alliés, stratégie d’alliance à laquelle Bruno Gollnisch n’est pas opposé, comme le disait très légèrement Eddy Fougier, politologue, chercheur associé à l‘IRIS, sur le plateau de BFMTV
Invité lundi sur LCP, Bruno Gollnisch a affirmé qu’il « (faut) nous adapter et nous transformer pour mieux répondre aux attentes de nos concitoyens (…). Dans le cadre d’une alliance électorale qui s’est nouée avec Nicolas Dupont-Aignan mais peut-être demain avec d’autres, je comprendrais très bien qu’il y ait en quelque sorte une étiquette qui coiffe cette alliance et qui ne soit pas le Front National ». Pour autant a-t-il ajouté, «Je crois que le nom de Front National est honorable, il traduit quantité de sacrifices, de résistance à des persécutions. »
Nous l’avons dit ici, le FN devra bien sûr tirer les enseignements de cette campagne présidentielle, avec la sérénité qui sera celle d’un Mouvement politique majeur, mature et conscient de son rôle, de sa responsabilité devant l’Histoire. Le débat ne sera pas occulté. Bruno Gollnisch, sur France Info le 5 mai le précisait aussi: «Je pense qu’il y aura bientôt un congrès au FN et je ne pense pas qu’il y aura un candidat face à Marine. Le seul qui pourrait être candidat, c’est moi. Mais je n’en ai pas l’intention, sauf cas de force majeure.» Bien sûr et c’est normal dans le cadre de la respiration démocratique du FN, « Il pourrait y avoir de la compétition interne dans les élections au Comité central et dans le renouvellement du Bureau politique ».
Cette analyse de fond, Louis Aliot l’a notamment affirmé, ne peut avoir lieu qu’après les législatives qui sont pour l’instant la priorité afin de faire front à l’assemblée, de la manière la plus massive possible, aux agissements du futur gouvernement Macron. Selon le sondage OpinionWay-SPV Analytics pour Les Echos, le FN obtiendrait entre 15 et 25 députés, FN « en position de force dans 80 circonscriptions, où il a dépassé la barre symbolique des 30% au premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 23 avril. S’y ajoutent quatre autres circonscriptions de Polynésie française et de Nouvelle-Calédonie, où la candidate frontiste a enregistré des scores similaires. »
« Au total, le Front National pourrait arriver au second tour des législatives dans environ 300 circonscriptions.» Certes, précise Bruno Gollnisch, « il est difficile d’anticiper les résultats, car un déplacement de 1% des voix peut nous faire perdre ou gagner 25 ou 30 sièges ». Comprendre par là que la capacité du FN à mobiliser sa force militante dans les semaines à venir sera déterminante.