Cet acharnement d’Emmanuel Macron à ne pas lâcher Richard Ferrand peut peut-être s’expliquer par la volonté de ne pas châtier un soutien de la première heure de sa campagne, par une volonté de ne pas plier devant une campagne médiatique, mais sur un plan plus politique et comptable elle est moins évidente. Tous les observateurs le savent, les révélations du Canard Enchaîné et d’autres organes de presse sur cette affaire Ferrand instillent le doute dans l’esprit de certains électeurs tentés par le vote en faveur de La République en Marche (LREM) . Une baisse de seulement un ou deux points dans les urnes peut priver le 18 juin le parti du président de 30 à 50 députés, de la majorité absolue à l’Assemblée que lui promettent les sondages. Une démission de M. Ferrand aurait le mérite de la clarté…
Les dernières enquêtes créditent ainsi les candidats de LREM de 29 à 31% des voix ( 320 à 350 députés dans l’hypothèse haute de cette fourchette, soit la majorité absolue), le FN et LR de 17 à 20%, la France Insoumise (FI) de 11 à 14%, le PS de de 6 à 9%. La réalité de ce Système soudé par des intérêts communs et une même volonté de rester dans l’entre-soi, un même rejet des idées nationales dont il faut étouffer l’expression, apparaît clairement à la lecture de la projection établie du nombre de sièges au prorata des pourcentages recueillis. BFMTV qui fait état du sondage Kantar Sofres-Onepoint pour RTL, Le Figaro et LCI indique ainsi qu’outre les 320 à 350 députés LREM-MoDem qui, en toute hypothèse, gagneraient les travées de l’Assemblée en juin avec un score de 31%; l’attelage LR-UDI capterait 140 à 155 sièges avec 18% , FI 20 à 30 parlementaires avec 12% d’intentions de votes (avec l’appui des 2% du PC) , le PS 40 à 50 députés avec 8% des voix…et le FN seulement 10 à 15 députés s’il rassemblait 17% des suffrages.
Cet écart constaté entre le pourcentage et le nombre de députés pour le FN par rapport aux autres formations trouve principalement sa source dans les accords de désistements réciproques des partis sociaux-libéraux, sociaux-démocrates, euromondialistes pour faire barrage au FN. Le fameux front ripoublicain réactivé officiellement par François Baroin qui a mis fin à la parenthèse du ni-ni (ni FN, ni PS) instituée en leur temps à l’UMP par Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy.
Cette collusion LR-LREM (et PS) a au moins le mérite de la clarté, note Bruno Gollnisch, puisque les différences programmatiques entre les deux partis ont l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette, ce que confirme l’arrivée au gouvernement à des postes clés de transfuges de la droite libérale. Les cadres de LR se réclamant de la droite de conviction, patriote, gaullo-identitaire, sommés une nouvelle fois de manger leur chapeau en tireront-ils (enfin) les conclusions qui s’imposent?
En attendant ce vœu de front antinational en cas de victoire possible du FN exprimé par François Baroin et une large partie des instances de LR, répondant à la demande formulée officiellement en premier par le juppéiste Gilles Boyer, a été salué par le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, et le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
Hier, M. Castaner a confirmé sur LCI l’accord LR-LREM-PS: « Partout où le candidat de La République en marche (LREM), en se maintenant (au second tour, NDLR) ferait prendre le risque d’une élection du Front National, partout nous retirerons notre candidat, et partout où le maintien du candidat nous permettra d’empêcher cette élection, nous nous maintiendrons». Ce deal permettrait aussi de comprendre en quoi l’affaire Ferrand n’est pas considérée comme prioritaire par le président de la République, assuré quoi qu’il en soit d’obtenir la majorité qu’il souhaite pour mener sa politique…
« LR n’est pas un parti d’opposition à Emmanuel Macron, c’est un strapontin à la majorité présidentielle » a justement constaté Marine Le Pen. Autant dire que nos compatriotes ont tout intérêt à ne pas bouder les urnes en juin pour s’assurer d’un indispensable contrepoids à la pensée unique libérale-libertaire, immigrationniste qui selon les projections des instituts de sondages entend régner en maître à l’Assemblée. La création d’un groupe FN est dans cette optique un objectif majeur, groupe que le FN n’a jamais été en mesure de constituer depuis l’élection de 35 députés à la proportionnelle en 1986. La présence frontiste au scrutin uninominal n’a été assurée depuis ce laps de temps que par les regrettées Yann Piat (d’ailleurs en rupture de ban avec le FN) en 1988, Marie-France Stirbois en 1989 et, dans la dernière législature, par Marion Maréchal et l’apparenté FN Gilbert Collard. La balle est dans le camp de l’électorat patriote, à nous tous de ne pas manquer le but.