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Refuzniks !

Ces dernières semaines les médias se sont intéressés aux bibliothèques frontistes,  et même  le magazine pipole Closer ,c’est tout dire, s’est livré à une analyse de celle  du bureau de Marine , visible lors de la présentation de ses vœux.  Une curiosité éveillée par les quelques dizaines d’ouvrages, classés en  neuf thèmes -Agriculture/Ruralité, Chrétiens d’Orient/Islamisme, Economie, Entreprise/travail/réindustrialisation, Europe/international, Environnement/Energie, Immigration, Formation générale- que la direction du FN invite ses  cadres et militants à lire. Une liste non exhaustive bien sûr,  dans laquelle on retrouve des personnalités qui pèsent dans le monde culturel et le débat intellectuel sans être suspectes de la moindre accointance avec le FN  comme l’écrivain Michel Houellebecq, le philosophe  Michel Onfray, l’académicien Alain Finkielkraut. Celui-ci,  sommé de réagir à sa présence dans cette liste au titre de son essai critique sur les conséquences du multiculturalisme,  L’identité malheureuse,  a déclaré: « je préfère qu’ils (les gens du FN, NDLR) me lisent plutôt  que Mein Kampf ». On a connu M. Finkielkraut  plus finaud, mais bon, mettons cette saillie sur le compte  de l’émotion ou de la  gêne de se trouver sur une liste établie par  des refuzniks, des dissidents de ce Système

Logiquement, cette liste fait aussi la part belle à des auteurs frayant dans les eaux intellectuelles  de la  droite nationale comme l’artiste Aude de Kerros,  feu le prix Nobel d’économie Maurice Allais, l’ex directeur de Minute et conseiller (malheureux) de Nicolas Sarkozy, actuel dirigeant de l’excellente chaîne Histoire  Patrick Buisson, le professeur d’Histoire Louis Chagnon,   des spécialistes  des questions migratoires et démographiques comme Jean-Paul  Gourevitch,  Pierre Milloz et  André Posokhow,   notre camarade Thibaut de La Tocnaye qui contribue de longue date au programme économique du FN, les journalistes-romanciers-essayistes Laurent Obertone et Eric Zemmour … Mais pas que  puisque y  figurent aussi des d’auteurs de livres techniques, idéologiquement assez neutres -quand bien  même  cela serait-il possible…- comme  Jean-Louis Butré,  Eric de la Chesnais, François Costantini,  Stéphane Courtois, Jean-Luc Gréau, Christophe Guilluy,  Jean-Louis Harouel, Vaclav Klaus,  Laurent Lagartempe, Frédéric Parrat, Nicolas Perruchot,  Guillaume Sarlat, Christine Sourgins,  Jana Vargovicikova…

Les articles consacrés à cette petite bibliothèque idéale de formation ont souligné aussi, parfois pour s’en étonner, la présence de personnalités qui, pour le coup,  sont parfois  publiquement et  assez,  voire franchement  hostiles au FN  comme MM. Onfray et Finkielkraut  cités plus haut mais aussi  les anciens  ministres  Claude Allègre et  Luc Ferry, l’essayiste altermondialiste aujourd’hui disparue Viviane Forrester. Ou de personnalités dont nous sommes  également  libres de ne pas partager  toutes les vues géopolitiques comme le journaliste  Frédéric Pons (auteur cette année d’un bon livre sur les Chrétiens d’Orient) ou l’historienne britannique d’origine juive égyptienne Gisèle Littman, alias,  Bat Ye’or , dont les travaux sur le prosélytisme islamique et la dhimmitude sont  souvent cités,  notamment par notre ami Bernard Antony.

A dire vrai, les auteurs, essayistes, universitaires spécialistes, intellectuels des différents courants (patriotique, national, identitaire, catholique de droite,  essentialiste, souverainiste...) de  notre famille de pensée,   réunis par le même rejet du  du  mondialisme,  sont suffisamment  nombreux et talentueux  pour couvrir  la totalité des thématiques retenus dans cette liste. Aussi  il ne semblerait  pas a priori utile et nécessaire d’aller piocher chez d’autres auteurs, se situant  ailleurs, parfois même  en face,  pour illustrer le bien fondé de nos propositions, dénonciations ou avertissements.

Pour autant, il est très pertinent sur un plan plus prosaïquement politicien et tactique,  de mettre en avant  des personnalités, des intellectuels qui, parfois   à leur corps  défendant,  se livrent à des analyses confirmant celles de l’Opposition nationale, souvent au terme d’une évolution intellectuelle qui les conduit  sur notre terrain. Du fait même de leur éloignement (originel)  avec nous,  ils ne peuvent être aussi facilement  diabolisés, anathémisés, catalogués comme extrémistes. Bref  ils  sont susceptibles d’attirer  des catégories  encore rétives au vote FN,  de changer la perception sur notre Mouvement, de susciter  l’intérêt des esprits  curieux, de désarmer les critiques convenues en validant de l’extérieur des idées, des axes programmatiques  jugés irrecevables, délirants, odieux quand ils étaient  énoncés  par des nationaux ...

Au nombre des avertissements prémonitoires du FN validés par le temps, qui ont infusé dans l’opinion  publique et que ce sont (ré) appropriés des personnalités de tous bords,  figure la critique de la dérive autoritaire des instances bruxelloises. Le site Polemia a publié hier un excellent article de Michel GeoffroyPologne versus Commission européenne : la liberté européenne se lève à l’Est, dénonçant le totalitarisme d’une Europe bruxelloise qui, selon la vieille méthode de l’inversion accusatoire, prête à ceux qui dénoncent ses penchants liberticides… d’être des antidémocrates!

Aujourdhui écrit-il, « On reproche à la Pologne de vouloir y mettre fin en rétablissant la primauté des législateurs élus, sur les juges inamovibles et cooptés (…). Pourquoi la Commission Européenne affirme-t-elle qu’une telle réforme menacerait les  valeurs  de l’Union ?Tout simplement parce que le gouvernement des juges est une composante essentielle de la tyrannie post-démocratique qui s’installe en Europe (…) Au sein de l’Union européenne, les gouvernements gouvernent de moins en moins : ils ont en effet transféré l’essentiel des attributs de la souveraineté politique aux marchés, à la Banque centrale européenne, à la Commission et aux juges. Or, toutes ces entités ont la particularité essentielle d’échapper à la régulation démocratique, c’est-à-dire à la sanction électorale. Et les législateurs élus légifèrent de moins en moins car ils doivent, eux aussi, se soumettre au verdict des juges constitutionnels qui, eux, ne sont élus par personne.»

« En d’autres termes,  les juges inamovibles et irresponsables ont progressivement usurpé à la fois le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif au sein de l’Union européenne. Ce contre quoi s’insurgent, hier, la Hongrie, et aujourd’hui, la Pologne, ce n’est pas  l’État de droit mais bien la domination de l’oligarchie arrogante des juges qui prétendent gouverner à la place des gouvernements, ou empêcher les gouvernements de gouverner, tout en abusant de leur statut pour se mettre à l’abri de toute sanction démocratique.»

« Une fois de plus l’Est de l’Europe, moins décadent que sa partie occidentale, ouvre la voie. Elle nous rappelle à une antique sagesse européenne, aujourd’hui perdue de vue : les juges ne doivent pas faire la loi mais seulement dire le droit. La primauté des législateurs doit en effet être garantie : cela s’appelle la démocratie.»

Une démocratie confisquée de manière de plus en plus voyante en Europe de l’Ouest, avec  la mise en place sans cesse renforcée  d’un attirail législatif, judiciaire, d’une volonté (à l’échelle planétaire)  d’un   contrôle orwellien des canaux d’information alternatifs, sans même parler du dressage des jeunes générations  dés l’école par le biais de  manipulations  sémantiques, d’une propagande négationniste de notre passé,  de ce  que nous sommes . C’est  aussi la raison pour laquelle Bruno Gollnisch estime que la défense  de la liberté d’expression, d’opinion, le droit de ne pas penser dans les clous,  doivent être sanctuarisés et défendus plus que jamais par notre famille politique.

Car nous y trompons pas,  au fur et à mesure que le réveil des peuples ira en s’amplifiant, que l’aspiration  à la liberté, à la souveraineté  se fera plus forte en Europe et en France,  la grosse matraque  frappera de plus en plus durement  ceux qui  refusent l’idéologie nomade comme horizon indépassable, la  mise en place de sociétés  hors-sol, transnationales, atomisées, soumises au règne de la quantité et de la marchandise.  Il arrive que le diable porte Pierre. Que nous ne soyons plus le seuls à dénoncer cette involution là est une très bonne chose et un signe encourageant pour l’avenir, tant il est vrai que comme nous l’avons souvent rappelé,  les victoires culturelles précèdent  toujours les victoires politiques. 

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