« Supprimer les eurodéputés britanniques ferait au moins économiser 40 millions d’euros, donc supprimons au moins 73 eurodéputés », a réclamé l’eurodéputé Marcel de Graff, coprésident avec notre camarade Nicolas Bay du groupe Europe des Nations et des Libertés (ENL). Pour autant, précise encore le site Euractiv, « le groupe PPE (auquel appartiennent les députés LR) a toutefois laissé entendre qu’il soutiendrait l’introduction d’une liste transnationale, mais pas avant 2024. Avec ou sans listes transnationales, les partis nationalistes et eurosceptiques devraient enregistrer de bons résultats en mai 2019. L’AfD, le FN, le Mouvement cinq étoiles de Beppe Grillo en Italie et les Démocrates suédois font tous plus de poids dans les sondages d’opinion qu’il y a cinq ans. »
Ce refus (au moins en 2019) d’une liste transnationale qui avait été annoncée dans le discours du président à la Sorbonne en septembre 2017 , constitue un nouveau camouflet pour Emmanuel Macron et même « un double revers » est-il indiqué, puisque celui-ci avait fait non seulement de « la création d’une liste paneuropéenne un des fers de lance de sa vision pour la relance de l’Europe», mais il s’était aussi opposé « au système actuel de Spitzenkandidat ( candidat tête de liste). » Un système inauguré en 2014, selon lequel la présidence de la Commission européenne doit revenir au candidat du parti arrivé en tête. Or ce dispositif a été « plébiscité par les eurodéputés lors d’un vote qui s’est tenu le même jour. »
Ce qui tout aussi certain c’est que les européistes marchent sur des œufs et pas seulement du fait de la sécession sourde qui se manifeste dans les pays de l’Est et de la mitteleuropa contre la dictature bruxelloise. La Ligue du Nord, membre avec Forza Italia et Fratelli d’Italia d’une coalition électorale portée par un vent favorable dans la perspectives des élections législatives italiennes du 4 mars, vient ainsi d’annoncer par la voix de Claudio Borghi, un des responsables de la politique économique de la Ligue, qu’un « retrait (de l’UE) comme la Grande-Bretagne l’a fait » n’est pas à exclure en cas de refus de Bruxelles de satisfaire aux demandes des patriotes transalpins. Toutes choses qui expliquent la déclaration du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui a indiqué lundi devant la presse anglophone à Paris qu’ « il n’est pas question de punir qui que ce soit dans le cadre du Brexit. C’est la pire chose qui puisse arriver et je pense que cela renforcerait le sentiment anti-européen dans beaucoup de pays où on a des élections dans un an… »
Sur le site du journal libéral L’Opinion, le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, l’eurosocialiste Pierre Moscovici, faisait part à Nicolas Beytout de ses grandes inquiétudes sur la capacité des forces patriophobes et anti souverainistes à empêcher le réveil des peuples d’Europe. Comme souvent, M. Moscovici a voulu faire peur dans les chaumières en convoquant les vieux démons. Il s’agit encore et toujours d‘inciter les Français et les Européens à ne pas sortir du troupeau, à abolir tout sens critique, à se laisser guider sans protester vers les lendemains qui chantent d’un paradis euromondialiste qui a tout de même des relents d’abattoirs, de terminus historique.
Il est ainsi rappelé que Pierre Moscovici vient de publier fin janvier un livre, Dans ce clair-obscur surgissent les monstres, qui dresse un bilan peu tendre du quinquennat Hollande, livre dont il explicite aussi le contenu de la manière suivante : « les monstres sont le terrorisme, l’antisémitisme, le racisme, c’est au fond la période étrange que nous vivons à l’échelle mondiale parce que le dégagisme est partout. » « On vit dans une époque où émerge un monde nouveau qui est un monde incertain. » Quelle profondeur d’analyse en effet…
Sans grande surprise, M. Moscovici note aussi que que le PS a été frappé par « un choc terminal » en 2017 dont il ne pourrait se remettre selon lui qu’en réaffirmant avec force son européisme, tout en affirmant que « l’avenir de la gauche doit compter et faire avec Emmanuel Macron », avec lequel « (il) partage sa vision sur l’Europe. » Les élections européennes de 2019 sont « un moment clé pour lui », « j’y participerai d’une manière ou d’une autre », indique-t-il encore.
2019 sera également un moment clé pour l’opposition nationale. Sur le site Atlantico, Emmanuel Galiero, journaliste politique au Figaro, tente une analyse prospective sur le devenir du FN qui est, dit-il, « dans une phase intermédiaire où il n’a pas le poids qu’il avait avant la présidentielle, c’est certain. Mais il n’y a pas de quoi dire que son électorat s’est définitivement effondré. Un élément qui permet de douter de cette approche c’est un sondage qui a été fait sur les Européennes. Ce sondage avait situé le FN à 17% dans un contexte où les macronistes atteignaient les 24 ou 26% et les LR étaient à 12%. C’est bien la question européenne qui est le fond de l’argument politique du FN dans ce nouveau clivage et qui sera le socle de leur nouvelle stratégie politique entre les nationalistes et les mondialistes. Sans faire campagne le Front était crédité de 17%, et c’est révélateur d’une forme de résistance de ce parti qui garderait un socle puissant d’électeurs (….). »
«Les prochaines élections qui seront les européennes et les municipales, poursuit-il, seront peut-être pour le Front un mouvement de relance de cet électorat qui les attend pour la défense des oubliés des plus fragilisés contre le mondialiste Macron, le banquier qui voudrait les spolier et s’en prendre aux couches les plus faibles (…). Autre phénomène important, le FN en tant que parti d’opposition était sur une très bonne dynamique depuis les municipales de 2014. Il a été stoppé net à la présidentielle. On peut imaginer que cela a suscité des déceptions très fortes auprès de son électorat. Cela ne veut pas dire que l’électorat a disparu ou qu’il s’est effondré mais plutôt qu’il y a eu un réflexe défensif après ces événements qui a impliqué de resserrer les rangs chez les militants (…) Aujourd’hui l’enjeu pour le FN est plutôt de créer des alliances, comme Marine Le Pen l’a déjà fait avec Debout la France (DLF) de Dupont-Aignan. Il va leur falloir changer la culture du parti qui n’était pas toujours très favorable aux alliances car définitivement plutôt vers cette stratégie que le FN penche aujourd’hui (…).»
« Potentiellement, indique encore M. Galiero, créer une formation commune à droite en jouant sur la dynamique anti-européenne, souverainiste, qui est très forte en Europe. Si elle est portée par le FN, ce serait le mouvement le plus puissant mais cela ne passe plus forcément par des têtes de liste frontistes aujourd’hui. Et ce serait un changement de taille dans la culture du parti, puisque les têtes de listes aux européennes ont toujours été alliés des Le Pen jusqu’ici. Dans le cadre d’une alliance, cela pourrait être l’objet d’un accord.» Hypothèses, pistes, choix tactiques qui seront bien évidemment soupesés, explorés, débattus, au sein de la direction du FN, débat dans lequel Bruno Gollnisch prendra, comme il se doit, toute sa part.