Maître en amalgames, et pas des moindres, l’actuel président du Crif, Francis Kalifat, l’est assurément. Dans une tribune publiée par Le Figaro le 9 avril, le dirigeant communautaire essaye d’effacer l’impression désastreuse laissée par la confiscation, à des fins partisanes et politiciennes, de la Marche blanche en la mémoire de Mireille Knoll, telle qu’elle avait été voulue par son fils Daniel. Les anathèmes lancés par M. Kalifat, son attitude sectaire expliquent certainement, au moins en partie, l’échec de cette Marche qui n’a rassemblé qu’environ 8000 personnes, ce qui prouve encore une fois la très faible représentativité du Crif qui entend pourtant parler au nom des Juifs de France.
Francis Kalifat impute la responsabilité des débordements qui ont été constatés du fait d’ une « minorité de manifestants qui a brisé le recueillement du reste du cortège»… et à « Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon (qui) les anticipaient eux aussi, mais cela ne les a pas dissuadés de venir ». « Eux, les intolérants, ont ainsi pu prendre la pose en victimes de l’intolérance », affirme-t-il encore avec un culot assez incroyable. Tapant sur le même clou, il reprend les mêmes vieilles formules mille fois ressassées : « Si les dirigeants de ces partis veulent vraiment participer à l’unité de la nation contre l’antisémitisme, alors qu’ils fassent le ménage chez eux et qu’ils lèvent toute ambiguïté sur leurs amitiés et leurs complaisances avec de véritables antisémites. » A croire à le lire que des membres du Parti des indigènes de la république ont leurs entrées au sein du FN !
L’ennemi prioritaire semble bien être encore et toujours l’opposition nationale pour cet ancien militant du Betar, la branche jeune du parti d’extrême droite Likoud auquel appartient l’actuel Premier ministre israélien. Dans sa tribune, il intime l’ordre aux «républicains de gauche comme de droite (de rester) unis et (de continuer ) à résister à l’offensive de dédiabolisation de Marine Le Pen ». « Pour extirper ensemble ce cancer qui gangrène notre société et qui rend la vie des Français juifs de plus en plus difficile, il en va de la France et de la République. Le Crif est prêt à relever le défi. »
Bernard Antony, président de l’Agrif, a réagi aux propos de M. Kalifat avec des arguments assez imparables: «le Front National prônerait-il une politique d’accueil des migrants bien plus sévère que celle appliquée par le gouvernement israélien pour les immigrés non-juifs ? (Le choix entre le retour au pays moyennant un modeste pécule ou la prison !). Le Front National prônerait-il une politique de lutte contre l’islamo-terrorisme plus dure que celle mise en œuvre (avec succès) en Israël ? Le principe politique de respect de la préférence nationale serait-il donc admirable pour ce qui est de l’État hébreu et une abomination pour la France ? Par ailleurs, devrait-on professer dans notre pays moins de respect pour l’identité culturelle de la France, fondamentalement façonnée par l’héritage celte et gréco-latin, judéo-chrétien et catholique qu’en Israël pour l’identité juive du pays (mais aussi chrétienne et musulmane) ? »
Les contradictions, voire le double langage de certaines figures communautaires, autoproclamées représentatives, choquent beaucoup de nos compatriotes, à commencer par les juifs qui votent FN. Et ce d’autant plus en cette période qui voit désormais une très large majorité de Français prendre conscience que les nationaux avaient vu juste en prévenant des conséquences de la folle politique de submersion migratoire. Il y a quelques jours, le site conservateur pro-israélien dreuz info a relayé les travaux de l’universitaire et ex président du comité économique de l’Otan, Yves-Marie Laulan sur le coût de l’ immigration en France « pour l’école, les transports, le logement, la sécurité sociale, les aides… » Nous nous nous en étions fait l’écho, notamment en 2015, sur notre blogue, «selon les différentes hypothèses, les définitions retenues pour les populations étudiées et le périmètre des dépenses et des recettes analysé, ce surcoût budgétaire dû à l’immigration est annuellement de 17 milliards dans la dernière étude de Jean-Paul Gourévitch (2012), de 42 milliards pour Pierre Milloz (1997), de 73 milliards pour Yves-Marie Laulan (2012), de 84 milliards dans l’étude toute aussi pointue et fouillée d’ André Posokhow (2014) ».
C’est bien la politique des partis et personnalités invités au dîner annuel du Crif, pour lesquels M. Kalifat et ses prédécesseurs ont appelé systématiquement à voter pour faire barrage au FN, qui est pourtant responsable de cette situation constate Bruno Gollnisch. Et qu’il ne soit pas dit que la moindre parcelle du vieux pays gaulois sera épargnée. Dans son article 9, le projet de loi asile et immigration souhaite notamment une répartition « plus équilibrée des demandeurs d’asile sur l’ensemble du territoire… ».
Une mesure qui s’ajoutera à l’élargissement voulue du regroupement familial et à toutes celles mises en place par les prédécesseurs d’Emmanuel Macron. S’agirait-il de transformer définitivement la France « en hôtel » comme le dit Jacques Attali, d’en finir avec cette « idéologie française » dénoncée par BHL, avec cette « France moisie » conspuée par Sollers? Voudrait-on liquider définitivement « tout ce qui est terroir, béret, bourrées, binious, bref, franchouillard ou cocardier, » déjà tellement « étranger, voire odieux » à l’équipe du magazine Globe il y a trente ans? Ou plus prosaïquement assiste-t-on, par lâcheté, aveuglement, démission, impuissance, à la poursuite de la même fuite en avant?
Chacun est bien évidemment en droit de ne pas adhérer aux propositions du FN. Mais ce qui est certain c’est qu’injurier les nationaux au nom de mauvais fantasmes, exiger que l’opposition nationale soit maintenue dans le ghetto des parias, conspuer avec une terrible malhonnêteté son programme de défense de notre identité et de notre souveraineté nationales, participe d’une hystérisation du débat qui ne rend pas service à la France et aux Français dans la période que nous traversons. Quitte à relever un défi, il serait judicieux que la direction du Crif trouve enfin le sens de la mesure, abandonne les postures, cesse de prendre les juifs de France en otage, en finisse avec son discours d’ostracisme. La vérité vous rendra libre M. Kalifat!