Le dernier sondage Ifop pour Paris-Match, CNews et Sud Radio (publié mercredi) indique en tout cas, par rapport à la précédente enquête du mois de juin, un recul assez net des intentions de vote en faveur du parti présidentiel pour les européennes de mai 2019. La liste macroniste recueillerait 20 % des suffrages (- 3 points) , talonnée par celle du RN (18%, – 2 points), suivie par la liste LR (15%, inchangé) et LFI (14%; + 3 points).
C’est dans ce contexte qu’Emmanuel Macron présentait mardi à la Grande Synagogue de Paris, dans le cadre de Roch Hachana (les fêtes du Nouvel an juif qui débutent dimanche), ses vœux aux représentants communautaires officiels, devenant le premier président de la République à participer à cette cérémonie. S’il n’a pas pris la parole (au nom du respect de la laïcité ont indiqué l’Elysée et le grand rabbin Haïm Korsia), M. Macron a été assez vivement interpellé par le président du consistoire, Joël Mergui, qui a ici tenu des propos assez habituels dans sa bouche depuis plusieurs années.
M. Mergui ne s’est pas contenté en effet de demander le soutien de l’Etat pour la création du Centre européen du judaïsme qui doit voir le jour à Paris l’année prochaine. Il a surtout insisté sur la situation sécuritaire, le fait que « (les) rabbins refusent que la paternité des actes antisémites », en « pleine recrudescence » selon lui, soit attribuée « à des déséquilibrés»: «Jusqu’ou ira la mauvaise conscience de notre société, à tout accepter, à tout pardonner ?» «Par peur de stigmatiser, de commettre un amalgame coupable, la France a perdu des années dans sa lutte contre l’islamisme radical». Il a estimé en outre qu’il existe également une montée en puissance sur internet de la « parole anti-juive », avec comme corollaire une émigration des juifs de France vers Israël (Alya ) dans des proportions jamais atteintes. Pour faire bonne mesure, et par souci de (mauvaise) symétrie, MM Mergui et Korsia ont entonné également le couplet convenu sur leurs peurs devant la forte poussée électorale des populismes et « la montée des racismes en Europe. ».
Le lendemain, par souci d’équilibre (?), Emmanuel Macron recevait à l’Elysée les représentants du Grand Orient de France (GODF), secte à laquelle appartient notamment son ministre des cultes Gérard Collomb, et des principales obédiences de la franc-maçonnerie, pour les rassurer sur son attachement indéfectible à la laïcité.
La philosophe Chantal Delsol avait créé l’émoi chez les bien-pensants le 21 août en déclarant sur l’antenne de France Inter qu’« avant d’être une richesse (l »arrivée massive des migrants était) surtout une menace culturelle. » Nouveau Grand Maître du GODF, le gaulliste de gauche Jean-Philippe Hubsch prévenait pour sa part, au moment de son intronisation trois jours plus tard, que les frères ne souhaitaient pas que la république mette le holà à la poursuite de l’immigration. M. Hubsch a rappelé la nécessaire «solidarité » des maçons du Grand Orient vis-à-vis des migrants, des réfugiés, des immigrés . Et prévenu que cette immigration torrentielle devait être acceptée par les Français et les Européens: « Il ne s’agit pas là d’un phénomène ponctuel, mais d’un changement complet du monde dans lequel nous vivons. Il faut que l’on sache les accueillir… »
Cette question du choix entre une Europe hors-sol, grande ouverte à tous les flux de biens, de capitaux, de populations, s’enlisant dans sa doxa globaliste mortifère, l’impasse ultra libre-échangiste, sera bien celle que nos compatriotes, et leurs voisins européens devront se poser en mai prochain.
Le site euractiv indiquait aujourd’hui à ses lecteurs que « le président europhile français (sic) cherche à mettre en place une campagne pan-européenne de progressistes pour faire face à la déferlante de nationalistes anti-immigration (…). Le terme progressiste, choisi par Emmanuel Macron est déjà utilisé par le groupe des socialistes et démocrates (S&D) au Parlement européen. » « L’idée c’est qu’il puisse y avoir une forme de coalition pour l’élection qui rassemble les progressistes sur une plateforme commune qui peut aller au-delà des appartenances politiques bien structurées qu’on connaît », explique une source à l’Élysée, citée par Reuters. On est dans un moment européen grave où il faut savoir se recomposer parce que le camp nationaliste lui ne va pas hésiter à se recomposer, il ne faut donc pas rester prisonnier des étiquettes politiques , ajoute cette source.» Une évidence en effet, si l’on part du principe, comme Marine, les nationaux, Bruno Gollnisch l’affirment depuis maintenant plusieurs décennies, que le vrai clivage, qui traverse (parfois) les état-majors des partis du Système et (souvent ) leur clientèle électorale est entre les tenants progressistes du cosmopolitisme d’essence mondialiste d’un côté, et de l’autre les patriotes attachés à l’enracinement, à la pérennité du modèle national.