Le gouvernement hongrois avait averti qu’en cas de suspension, le Fidesz «quitterait immédiatement le PPE ».«Il y a une chose qui est plus importante que la discipline de parti, c’est la défense des valeurs chrétiennes européennes et l’arrêt de l’immigration. Nous ne pouvons pas céder sur cela», avait tweeté le porte-parole du gouvernement hongrois, Zoltan Kovacs, au cours du mois de mars.
Rappelons au passage qu’en septembre dernier, lorsque des sanctions avaient été décidées par les européistes, via l’adoption du rapport Sargentini, contre le gouvernement hongrois, le parti LR, tiraillé entre des tendances totalement contradictoires, avait étalé ses incohérences, pour ne pas dire son double-langage. Sur les 16 députés républicains affiliés au PPE, deux étaient (opportunément?) absents, 5 avaient voté pour le rapport Sargentini, trois seulement avaient voté contre et six s’étaient réfugiés dans l’abstention…
Autant dire que cette supension-exclusion du Fidesz n’est pas pour étonner spécialement Bruno Gollnisch. En février dernier il notait que M. Orban refuse « la poltique migratoire que veut lui imposer l’Union européenne. Il dit que son pays n’est pas entré dans l’UE pour cela et du coup la Hongrie est très mal vue.» Or, M. Juncker n’accepte pas cette critique et a donc souhaité que le Fidesz soit exclu du PPE. Bruno Gollnisch notait aussi que si les députés du Fidesz étaient (encore) maintenus au sein du PPE c’était par crainte « de les voir aller vers Marine Le Pen, vers et nos amis italiens de la Ligue. Il est certain que si on veut les jeter dans les bras de notre ami Matteo Salvini, ce que j’espère vivement pour ma part (les caciques du PPE) n’ont qu’a poursuivre sur cette voie! »
Au-delà même de sa critique de l’immigration massive, il est aussi reproché à M. Orban « une politique familiale qui ne repose pas sur l’avortement massif, la promotion LGBTI, mais au contraire une politique familiale extrêmement audacieuse. Il a ainsi annoncé que les Hongroises qui auraient quatre enfants seraient exonérées à vie d’impôts, toute une série de prêts pour les familles qui s’agrandissent, des prêts bonifiés pour les jeunes ménages pour l’acquisition d’un bien immobilier. Bref, toute une série de mesures que je crois très utile et dont on ferait bien de s’inspirer. M. Orban a dit très clairement dans les pays de l’Europe de l’Ouest le seul remède qu’ils (les gouvernements, NDLR) voient à la dénatalité c’est le recours à l’immigration massive, nous nous avons besoin d’enfants Hongrois (…). Une politique volontariste comme je voudrais en voir en France.» Et si M. Orban est accusé de tenir un discours de haine, cela est dû à ce volontarisme là, à son refus tout simplement de la «doxa immigratioinniste.»
Nous le rapportions également, cette crainte d’un réveil des nations libres est perceptible dans le discours d’Emmanuel Macron qui il y a un ans, en janvier 2018, avait qualifié de « propagande » toute contestation de la doxa dominante, propagande a-t-il ajouté, « parfois même financée par certaines démocraties illibérales. »
Cette notion de démocraties illibérales n’est bien sûr pas neutre et renvoi à l’alternative à cette construction européiste… foncièrement antireuropéenne dans son essence. Sur son blogue, Alain de Benoist indiquait alors que cette « notion d’ illibéralisme », «qui n’est pas antérieure à la fin des années 1990», «est extrêmement intéressante». «(Le président hongrois) Viktor Orbán s’y est référé en 2014 pour défendre l’idée que l’idéologie ne doit pas être l’élément central des jugements que l’on porte sur l’organisation de l’État. Les médias en ont conclu que le Premier ministre hongrois voulait justifier la dérive autoritaire de son régime (…) Je pense pour ma part qu’on devrait plutôt se référer au populisme : une démocratie illibérale est une démocratie qui prend la souveraineté du peuple au sérieux.»
«Depuis des décennies, on cherche à nous faire croire que libéralisme et démocratie sont une seule et même chose. La démocratie libérale serait donc la seule forme possible de démocratie. Mais en réalité, c’est exactement le contraire (…). Lorsque le peuple comprend que ceux qui prétendent les représenter ne représentent plus rien, et que la représentation équivaut à une captation de la souveraineté populaire par la souveraineté parlementaire, il cherche à décider par lui-même de ce qui le concerne. Sonne alors l’heure de la démocratie illibérale. » La roue tourne!