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Le totalitarisme en marche

La lutte contre le terrorisme invoquée comme un énième prétexte à un tour de vis liberticide? Le site la quadrature du net s’est inquiété cette semaine du vote programmé lundi prochain en commission LIBE au Parlement européen, « d’un projet de règlement sur la censure antiterroriste ». «Sous la pression de la Commission européenne et de certains États membres prétendant lutter contre la  diffusion des contenus à caractère terroriste en ligne, le texte cherche à soumettre l’ensemble des acteurs de l’Internet à des obligations aussi strictes qu’absurdes. Ainsi, le règlement veut permettre à l’autorité de n’importe quel État membre de l’Union européenne (que ce soit la police ou une juridiction) de forcer un hébergeur à retirer en une heure un contenu que cette autorité aura considéré comme terroriste. Par ailleurs, le texte encourage et permet d’imposer la mise en place de mesures proactives pour lutter contre la diffusion de ces contenus, y compris des outils de filtrage automatique. Le tout sous la menace de lourdes sanctions financières. Quelques jours à peine après l’adoption de la directive sur le droit d’auteur, qui est venue institutionnaliser le filtrage automatique pour une partie d’Internet, le Parlement européen est sur le point d’adopter (pour l’instant au niveau d’une commission) un nouveau texte liberticide, cette fois-ci à l’encontre de l’ensemble d’Internet. Cet objectif d’étendre les outils de filtrage automatisé développés par Google et Facebook à tous les acteurs n’est ici d’ailleurs pas dissimulé (…). L’actualité récente a pourtant encore démontré l’absurdité à vouloir rendre obligatoires les outils développés par les grandes plateformes : si même ces dernières n’ont pas réussi à retirer (comme elles s’en vantaient pourtant) les contenus signalés suite à l’attentat de Christchurch en une ou vingt-quatre heures, qu’en aurait-il été, en cas d’adoption de ce texte, pour les petits acteurs de l’Internet qui n’ont pas les moyens financiers et humains de Facebook et Google ? Et cela alors qu’une partie du problème pourrait justement venir de la structure et du rôle de ces grandes plateformes dans la diffusion massive de ces contenus.»

En porte-à-faux cependant avec le site précité, les députés ENL au Parlement européen, avec le soutien des députés RN, ont adopté le 26 mars la proposition de directive sur le droit d’auteur dans le marché numérique, animés par la volonté de «préserver notre modèle culturel et la protection des données personnelles de nos citoyens face aux GAFAMarie-Christine Boutonnet s’en est notamment félicitée, «cette directive marque une victoire pour la préservation de la culture et des secteurs créatifs français et européens notamment face aux géants américains de l’internet. Le texte permettra une meilleure rémunération des artistes par YouTube et les autres plateformes en ligne qui exploitent leurs œuvres, protégeant ainsi la diversité culturelle de nos nations.» La directive accorde aux éditeurs de presse un droit voisin au droit d’auteur qui leur permettra de négocier avec ces grandes plateformes en ligne afin d’obtenir une compensation financière pour l’utilisation en ligne de leurs contenus. Le pluralisme des médias, fondamental pour notre démocratie, sera préservé. Loin des fausses nouvelles et des campagnes de désinformation en tous genres, le texte assure un équilibre entre les intérêts des utilisateurs et ceux des titulaires de droits d’auteur.»

Au mépris pour le coup des valeurs fondamentales que se vantent de défendre les technocrates bruxellois, l’Europe des droits de l’homme n’a toujours pas bougé le petit doigt pour accorder l’asile au  cybermilitant australien Julian Assange, persécuté, sali, terrorisé, diffamé depuis près de 10 ans pour avoir publié sur son site WikiLeaks, plus de 400 000 documents confidentiels relatifs notamment aux modes opératoires de l’armée américaine sur les théâtres irakien et afghan, aux circuits financiers de la corruption… Incarcéré en Angleterre, élargi sous le régime de la liberté conditionnelle après le paiement d’une forte caution, Assange a trouvé refuge depuis le 19 juin 2012 dans l’ambassade d’Équateur à Londres, où il vit de facto prisonnier car sans pouvoir la quitter. Défendu par un proche de LFI, le jeune avocat Juan Branco, quelques collectifs clairement d’ultra-gauche manifesteront ce soir à Paris pour le soutenir.

Au nombre de ceux-ci, figure le journal en ligne Le Grand Soir, qui rappelle que Washington n’a pas renoncé à obtenir l’extradition de M. Assange, laquelle «violerait le droit international, les droits de l’homme ainsi que le droit d’asile. Pour le souligner, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a récemment publié une déclaration dans laquelle elle déclare avec force à l’Équateur…[que] l’Équateur a l’obligation internationale de ne pas livrer Assange aux États-Unis. Cependant, sans doute conscient des obligations légales et des risques posés, Jeff Sessions a déclaré, lorsqu’il était Ministre de la Justice en 2017, que l’arrestation d’Assange était une priorité. Quant aux implications pour le journalisme en général, Sessions a refusé d’exclure la possibilité de poursuivre d’autres médias dans le sillage de Wikileaks. (Le) directeur de la CIA, Mike Pompeo a également confirmé que la CIA travaillait pour faire tomber Wikileaks. Pompeo a ajouté qu’avec Wikileaks, son administration poursuivrait avec beaucoup de vigueur d’autres petits médias. Plus récemment, Michael J. Fitzpatrick, l’ambassadeur désigné de Trump en Équateur, a déclaré lors de son audience de confirmation que l’activité hostile de Julian Assange était un problème et que le laisser durer beaucoup plus longtemps nuirait à nos intérêts, et je crois aussi à ceux de l’Équateur. Tout au long de cette affaire, une chose est claire, les grands médias n’abordent aucune de ces questions avec l’attention et la priorité qu’elles méritent (…). »

Fidèle a sa défense résolue des libertés individuelles, d’opinions et d’expressions , Bruno Gollnisch a rappelé plusieurs fois, y compris lors d’interventions dans l’hémicycle du Parlement européen la nécessité de se mobiliser pour elles et a dénoncé l’acharnement impitoyable qui s’est abattu sur Julian Assange. Avec la complicité servile et hypocrite d’une Europe bruxelloise soumise à l’Empire Etats-uniens.

Au nombre des armes visant à terroriser intellectuellement l’adversaire et/ou le concurrent politique, les accusations de racisme et plus encore dantisémitisme sont de loin les plus disqualifantes en ce qu’elles ont pour effet de chasser du cercle de la raison et du débat humaniste celui qui en est l’objet, quand bien même s’en défendrait-il. De même que M. Assange ne partage probablement pas l’ensemble du programme défendu par l’opposition nationale, le député insoumis Jean-Christophe Ruffin n’est pas franchement de notre paroisse. Il est néanmoins lui aussi attaqué depuis plusieurs mois par une fraction non négligeable de la caste politico-médiatique. Il lui est reproché ses propos très radicaux contre la macronie et sa défense des Gilets Jaunes qui lui ont valu d’être soupçonné d’accointances intellectuelles et/ou tactiques avec l’extrême droite. Les mauvais fantasmes sur le complot rouge-brun sont réapparus à la surface, théorisé en son temps par un petit flic de la pensée comme Didier Daeninckx.  Et il fallait s’y attendre, l’inénarrable BHL, en pleine crise botulique, a sauté sur l’occasion pour se fendre  d’une de ses assertions dont il a le secret, en établissant un lien  entre M. Ruffin et le  socialiste passé à la collaboration Marcel Déat…ça ne mange pas de pain.

Dimanche dernier, c’est un autre parangon d’honnête homme, le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, qui a décidé de taper sur le même clou, pour faire diversion et  tenter de défendre le bilan du chef de l’Etat. Interrogé sur Radio J le 31 mars, rapporte RT, «Richard Ferrand (a estimé) que certaines critiques que François Ruffin formule à l’égard d’Emmanuel Macron dans son livre (consacré à M. Macron, NDLR) relèvent de l’antisémitisme, notamment en ce qui concerne, selon lui, l’image du banquier qui y serait développée, ainsi qu’une citation de la banque Rothschild : Il utilise clairement tous les clichés qui relèvent de l’antisémitisme militant pour exprimer sa haine à l’égard du président Macron

Faute d’avoir lu le livre de M Ruffin, nous n’en dirons pas plus, mais au vu des outrances, bien réelles, des mensonges, bien identifiés et même assumés, qui émaillent la communication des macronistes, nous ne prendrons certainement pas pour argent comptant l’affirmation de M Ferrand. Mais après l’agitation du  spectre des heures les plus sombres pour susciter quelques réflexes pavloviens, quelle sera la prochaine étape de la macronie acculée pour diaboliser ses opposants politiques ?

Car au nombre des dérives très inquiétantes  de ce gouvernement, figure aussi en bonne place l’annonce par celui-ci mercredi, dixit Libération,  qu’il «étudie les moyens de dissoudre Génération identitaire (…). En déplacement à Bobigny (Seine-Saint-Denis), la secrétaire d’Etat Christelle Dubos a déclaré devoir rencontrer prochainement le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner et la ministre de la Justice Nicole Belloubet.» De quel crime insupportable s’est rendu coupable GI?: «(Le 29 mars) plusieurs militants de Génération identitaire ont occupé (de manière parfaitement pacifique, sans aucune violence, NDLR) le toit du bâtiment de la Caisse d’allocations familiales (de Bobigny)pour y déployer une banderole où l’on pouvait lire De l’argent pour les Français, pas pour les étrangers, provoquant la fermeture du bâtiment. Ils avaient été délogés par la police au bout de plusieurs heures. La secrétaire d’Etat a dénoncé une prise d’otages (sic) des agents et du service public». Non, nous ne sommes pas dans la Pologne, la Hongrie ou l’Union soviétique des années 50, 60 ou 70 mais en France, en 2019, où le garrot se resserre autour du cou des dissidents à l’empire marchand  globalisé et au multicultarisme obligatoire… Le totalitarisme en marche…

 

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