Nous voulons parler bien sûr de la promesse du chef de l’Etat de rebâtir de Notre-Dame en 5 ans, sous la supervision du général Jean-Louis Georgelin nommé «représentant spécial» en charge de «veiller à l’avancement des procédures et des travaux. » Un délai sujet à polémique puisqu’il peut conditionner la nature même de ladite reconstruction, des choix techniques , esthétiques, qui seront opérés pour la mener à bien… Selon les experts, il faudrait envisager de 5 à 20 ans de travaux, le tout pour un coût qui devrait avoisiner le milliard d’euros… Ce qui est certain c’est que le chantier pour effacer les ravages de l’incendie de Notre-Dame de Paris sera hors-norme, mais qu’il peut être parfaitement mené à bien. Accordons à Donald Tusk, président du Conseil européen de dire le vrai quand il a dit implicitement que cette tâche était à la hauteur du génie français rappelant, « en tant que citoyen de Gdansk, que cette ville a été détruite et brûlée à 90% et a été reconstruite… »
Mardi, dans son éditorial de L’Opinion, Nicolas Beitout a dénoncé les rumeurs d’attentat, « le complotisme le plus crétin » sur les réseaux sociaux autour de ce drame. Il a aussi fustigé les attaques contre les grands groupes accusés de mener une opération de communication en mettant qui la main à la poche pour à la reconstruction de Notre-Dame. Un effet d’aubaine dénoncé par certains, avec la déduction fiscale, annoncée par Edouard Philippe, de 66 % au-delà de 1000 euros pour les dons des particuliers en faveur de la reconstruction pour laquelle, prévient un longue analyse de l’Afp , « les contribuables risquent de payer-deux fois. » « Pour autant, François-Henri Pinault a annoncé que sa famille ne ferait pas valoir l’avantage fiscal auquel pouvait prétendre son don de 100 millions d’euros. La famille Pinault considère en effet qu’il n’est pas question d’en faire porter la charge aux contribuables français indique dans un communiqué le président de la holding familiale et PDG du groupe de luxe Kering.»
Mais « pas de trêve, non plus, pour la haine » se désole M. Beitout, « celle qui s’est déversée par dizaines et dizaines de milliers de messages sur les réseaux sociaux contre les-milliardaires-qui-préfèrent-donner-pour-des-vieilles-pierres-plutôt-que-pour-les-pauvres . Pas de pause dans le combat viscéral contre ces très riches Français : ils offrent, ce n’est pas assez ; ils donnent, c’est la preuve qu’on pouvait leur prendre. Dans les caisses vides d’un Etat surendetté, cet argent a beau être une aubaine et la seule condition d’une reconstruction rapide de Notre-Dame, la jalousie ne fait jamais relâche.Partout dans le monde, on applaudit ceux qui donnent pour les arts, qui financent la culture ou sauvent un pan d’histoire. Partout, les mécènes sont remerciés pour leur générosité. Rares sont les sociétés où on les déteste. Ce sont des pays tristes. »
Pays triste la France et dont le complotisme serait un symptôme de ce mal-être ? Pays inquiet assurément pour son avenir et avec de bonnes raisons de l’être. Inquiétude fondée qui, chez beaucoup de nos compatriotes, n’a rien à voir avec un quelconque ressentiment contre les riches. Il s’agit plus précisément d’une colère plus ou moins sourde contre une caste jugée responsable de la montée en puissance ces dernières décennies , par impuissance, incapacité, rapacité ou idéologie de toutes les insécurités sociale, économique, culturelle, identitaire.
Est-ce se complaire dans la pensée complotiste que de le dire ? Le mois dernier dans Valeurs actuelles, Pierre-André Taguieff notait que « si un complot se définit comme une action planifiée en secret par un petit groupe d’individus visant à s’emparer du pouvoir, à le conserver ou à l’influencer, on doit reconnaître que l’histoire universelle est remplie de complots réels, qui ont abouti ou échoué. Mais l’histoire universelle est aussi pleine de complots imaginaires, objets de croyances collectives. Et, dans de nombreux cas, l’existence de complots réels s’accompagne d’une profusion de complots chimériques, qui peuvent cacher des complots réels ou en susciter. » Une grille de lecture qui correspond peu ou prou à celle que Bruno Gollnisch s’était évertué à exposer, dans l’hostilité générale il y a quatre ans maintenant, invité d’une émission du service public alors animée par Franz-Olivier Giesbert…
La réflexion de Charles Baudelaire est célèbre, « La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas.» Pareillement, le discours de certains réseaux discrets ou occultes consiste aussi à affirmer que celui qui estime envisageable une action planifiée en secret par un petit groupe d’individus pour s’emparer du pouvoir, le conserver ou l’influencer est un dangereux paranoïaque animé par de mauvais instincts. Vous y croyez encore?