Il finira paraît-il dans «les poubelles de l’histoire». Le député La France Insoumise (LFI) Adrien Quatennens ne parlait pas ainsi cette semaine du canulart-contemporain mais de Andrea Kotarac, 30 ans, membre de l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon en 2017 (ce dernier ne tarissait pas d’éloges sur ce jeune espoir), conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes de LFI , mandat qu’il vient de rendre avec honnêteté.
Le crime de M. Kotarac? Il est désormais connu: avoir appelé à voter pour la liste RN conduite par Jordan Bardella afin de faire efficacement barrage à la politique gouvernementale: « La situation est tellement grave que j’estime qu’il faut faire en sorte que Macron ne soit pas en tête. »
Fin avril déjà, le jeune élu avait reçu un coup de semonce de LFI pour s’être rendu au forum économique international de Yalta (Crimée). «Un rendez-vous géopolitique majeur » rapportait mediacités, qui «prend des allures de sommet des non-alignés sur la politique américaine». «Il rassemble surtout une partie de la droite nationaliste européenne (…). Marion Maréchal (…) faisait partie des invités, tout comme Thierry Mariani, candidat sur la liste Rassemblement National aux élections européennes.» « Un marquage très à droite qui n’a pas empêché Andréa Kotarac de faire le déplacement: Je ne suis pas d’accord avec Mariani et Maréchal sur de nombreux sujets. Mais sur la défense de la souveraineté nationale et sur la nécessité de s’allier à la Russie, je suis d’accord » disait-il alors.
Cette semaine M. Kotarac a expliqué sur BFM comme sur LCI qu’il ne se voyait pas continuer à militer au sein de LFI, un parti en pleine dérive islamo-gauchiste , dans une France en voie de communautarisation et de balkanisation accélérée. Journaliste au Figaro notamment, Jean-Christophe Buisson a noté sur twitter: « On peut railler, contester ou condamner le ralliement de Andrea Kotarac au RN mais son diagnostic inquiet sur LFI est juste (il rejoint de ce point de vue-là Djordje Kuzmanovic et d’autres). C’est d’abord cela qu’il faut retenir… ».
Nous notions en janvier dernier, le refus par la direction de LFI de toute inflexion en faveur d’une meilleure protection sociale, économique, identitaire des Français face à l’immigration subie , au nom d’un choix stratégique de soutien aux revendications ethnico-communuataire, culturelle et religieuse des minorités dans les banlieues plurielles. Nous citions alors Marianne qui s’était fait l’écho des tensions au sein du parti mélenchoniste : «quelques semaines après le départ de Djordje Kuzmanovic (poussé vers la sortie pour sa dénonciation du prosélytisme islamiste et son voeu d‘assécher les flux migratoires, NDLR ) , Jean-Luc Mélenchon s’en est violemment pris à l’un de ses compagnons de route historiques, tenant d’une ligne souverainiste et laïque, François Cocq, qualifié de national-identitaire. »
Les stratéges de LFI ont pris clairement une option et un pari: celui du délitement de la communauté nationale dans une France éclatée, ils doivent désormais l’assumer devant leurs militants, leurs électeurs et devant les Français. Il faudra choisir son camp. C’est aussi ce que Bernard-Henri Lévy a demandé en substance au Premier ministre hongrois Viktor Orbán qu’il a interrogé pour le compte de la revue The Atlantic rapportait BFM cette semaine.« Le dirigeant conservateur (aurait) dit n’avoir rien à voir du tout avec la présidente du Rassemblement national.»
« Viktor Orbán ( a réaffirmé son soutien à Matteo Salvini) mais explique pourquoi il refuse de faire alliance avec Marine Le Pen (…). Laurent Wauquiez m’a prévenu qu’elle représentait une ligne rouge (…). »Viktor Orbán précise par ailleurs à BHL que, «même si ses camarades de la droite française le lui autorisaient, il ne ferait malgré tout pas alliance avec Marine Le Pen. Elle n’est pas au pouvoir. Quand des dirigeants politiques ne sont pas au pouvoir, ils peuvent dire et faire ce qu’ils veulent. Ils peuvent perdre le contrôle. Je ne veux être mêlé à rien de tout cela, tranche-t-il. »Précisons cependant ce détail qui n’a pas échappé au dirigeant hongrois, à savoir que Laurent Wauquiez lui non plus n’est pas au pouvoir et ceux qui pensent qu’il sera le successeur d’Emmanuel Macron ne sont pas nombreux…
«C’est à monsieur Orbán de voir s’il se trouve plus en cohérence politiquement avec des membres du PPE (Parti populaire européen) qui ont voté contre lui, qui ont voté la relocalisation forcée des migrants dans les pays (…), ou s’il se sent plus en cohérence politiquement avec des mouvements tels que les nôtres, déclarait Marine Le Pen à Bruxelles le 5 mai, lors d’un meeting de campagne pour les élections européennes.» La présidente du RN pose bien évidemment la bonne question affirme Bruno Gollnisch. C’est de cohérence politique dont le peuple français comme les autres peuples européens ont besoin. Et elle s’imposera à un patriote comme M. Orban pour peu que la poussée nationale qui se dessine un peu partout en Europe se confirme le 26 mai. La politique, encore et toujours, n’est jamais qu’une question de rapport de forces, même entre alliés de fait ou de revers.