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Banlieues : « La loi du ghetto » selon Luc Bronner

Les medias ont relayé la semaine dernière les exactions des bandes à l’encontre des matériels et des employés   dans les transports en commun à Montpellier,  Dammartin-en-Goële, Orléans, Nice… Dans un contexte  général  d’explosion de l’insécurité, vient de sortir le livre du journaliste au Monde Luc Bronner, « La loi du ghetto ».  Dans un bref entretien publié hier par  le quotidien gratuit 20 minutes, M. Bronner souligne que « beaucoup  de faits de violence (dans les zones sensibles)  n’existent pas médiatiquement » car « il y a l’injonction des pouvoirs publics à ne pas tout raconter ».

 Luc  Bronner  a reçu en 2007 le  prix Albert-Londres  pour ses enquêtes en profondeur  dans les banlieues les plus dures, récompense méritée même si on est libre de ne pas partager entièrement son « éclairage ». Il eut également le mérite, créant alors le scandale au sein du « microcosme », de ne pas taire dans les colonnes du Monde en 2005, lors de l’attaque par des bandes des manifestations anti-CPE, la dimension raciste des agressions, évoquant  «le  spectre de violences anti-blanc ».

Dans un long entretien paru à l’occasion de la sortie de son livre  sur le blog contre-feux, partenaire de Marianne,  il confirme que « ces violences étaient dues à un cumul de facteurs» (« ludiques », « économiques »…), «  mais aussi à   un élément lié à la couleur ». « Des personnes m’avaient dit qu’elles avaient envie d’agresser des blancs ». 

 Le journaliste  dit utiliser le terme de « ghetto » pour qualifier les « banlieues sensibles » « en (se) basant sur des facteurs objectifs : le niveau de pauvreté, le taux de chômage des jeunes hommes, les problèmes d’enclavement de certains territoires, l’organisation de l’Etat, les moyens très particuliers que met la police sur les zones sensibles (…) ». M. Bronner reprend également à son compte   « les travaux du sociologue Didier Lapeyronnie » pour donner sa définition du ghetto : « pour qu’il y ait ghetto il faut l’existence d’une contre société. Et c’est le cas dans les quartiers les plus durs (…) où la vie n’est pas organisée comme sur le reste du territoire ».Il pointe ainsi «un refus d’une partie des élites françaises de reconnaître l’existence de territoires complètement à la marge (…). On peut expliquer ce déni par la vision quasi religieuse de la République que nous avons en France ».

Questionné sur la montée du communautarisme il «préfère parler de  ségrégation ethnique » : «il  ne faut pas nier le mouvement communautariste, mais il ne faut pas non plus oublier que les gens sont victimes de cette séparation des populations. Il y a des chiffres très parlants sur la composition sociale de certains quartiers. On peut aussi constater de visu qu’il y a des quartiers vidés presque intégralement de leurs populations blanches ».

«On parle de politique de mixité sociale, tout en sachant que nous, classes moyennes et supérieures, n’avons pas envie de l’appliquer à nous-mêmes. C’est une forme d’hypocrisie complète ». En effet, et ce ne sont pas les bobos, les élus UMP du  PS et autres  relais  du discours sur « le  vivre ensemble » qui pourront le contredire sur ce point…

 Interrogé sur le discours sarkozyste sur les banlieues, M. Bronner note que le constat du chef de l’Etat sur la ghettoïsation « n’est pas scandaleux ». « Ce qui est problématique c’est qu’il est au pouvoir sous des formes différentes depuis de nombreuses années et qu’on se rend compte que rien n’a changé là-dessus ».

Alors comment (s’)en sortir ? « Ce qu’on pourrait essayer de faire affirme Luc Bronner, en s’inspirant du modèle américain,  c’est de mobiliser et organiser les communautés ». S’ inspirer du modèle américain  en mobilisant et organisant   les communautés reviendrait donc à accepter dans les faits le communautarisme à l’anglo-saxonne, lequel n’a pas fait disparaître les ghettos, les violences urbaines, les  tensions raciales et les grands écarts socio-économiques entre les groupes ethniques…

Luc Bronner affirme qu’il s’agit de  « donner du pouvoir à des élites locales, qui prendraient le rôle de médiateurs, d’éducateurs, de contre pouvoir, d’agitateurs. Les gens feraient des pétitions, des manifestations, appelleraient les médias et les pouvoirs publics seraient obligés de bouger (…). Il faut que la politique de la ville vienne des habitants, pas d’en haut ». « L’inconvénient potentiel, note-t-il cependant c’est que si les élites locales ont des intentions négatives, ça ne donnera rien. Ce qui est certain c’est que les politiques de la ville qu’on expérimente depuis 30 ans sont inefficaces ». Un constat qui met pour le coup tout le monde d’accord.

 

 

 

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