Une consultation qui intervenait après le départ il ya deux mois du gouvernement belge dirigé par le très médiocre Yves Leterme, d’un parti charnière de la coalition au pouvoir, les « Libéraux flamands » de l’Open VLD. Départ rendu nécessaire selon ces derniers par « l’échec de négociations visant à remettre en cause des droits linguistiques spécifiques dont jouissent les francophones vivant en Flandre, dans la banlieue de Bruxelles -voir notre article en date du 23 avril.
Véritable tremblement de terre dans une Belgique qui doit assurer le 1er juillet la présidence de l’UE, les résultats en Flandre néerlandophone ont donné une large victoire aux indépendantistes du N-VA (Nouvelle Alliance flamande) de Bart De Wever, qui avec plus de 28% des suffrages. Annoncé depuis des semaines grand vainqueur de ce scrutin, il devance très nettement le parti chrétien-démocrate (CD&V) de Premier ministre Leterme (17,5% des suffrages) et l’Open VLD (14%). Malgré le fort pouvoir d’attraction du N-VA, nos amis du Vlaams Belang engrangent un score certes en repli, mais non négligeable, avec 12,7% des voix. Le cumul des voix qui se sont portées sur les partis prônant l’indépendance de la Flandre ( N-VA, Vlaams Belang et Liste De Decker) représentent ainsi plus de 45% de l’électorat flamand. Les commentateurs n’ont pas manqué de rappeler que jusqu’à hier le meilleur résultat obtenu par les indépendantistes l’avait été en 1971 par la Volksunie avec quelque 19%.
Dimanche soir, Bart De Wever qui se prononce en faveur de « l’évaporation » de la Belgique –terme évidemment moins anxiogène que « disparation », « liquidation », ou « dépeçage »- a pris bien soin cependant de rassurer les belges et ses voisins européens en réaffirmant que l’indépendance n’était pas sa revendication immédiate, axant son discours sur la nécessité de réformer les institutions afin de donner une autonomie accrue à la Flandre dans le domaine économique et social, sans exclure à moyen terme la mort du royaume de Belgique.
Les Francophones qui ont voté massivement pour le Parti socialiste d’Elio Di Rupo (36,5% en Wallonie et à Bruxelles) pourrait se retrouver à la tête de la coalition gouvernementale, le dirigeant de la N-VA ayant réitéré hier son souhait de ne pas diriger le gouvernement fédéral… Cette fracture identitaire entre flamands et wallons amène également par contrecoup à s’interroger sur le poids de l’immigration non européenne dans l’aire wallonne et flamande. Au vu de la démographie des nouveaux arrivants, cette immigration de peuplement –Mohamed est le premier prénom attribué aux nouveau-nés à Bruxelles- apparaît à court terme, aussi bien sur le plan social-économique que culturel, autrement plus déterminante en ce qu’elle conditionnera grandement le devenir et la pérennité des deux communautés linguistiques, unies ou non au sein d’un même Etat…