Site icon Le blog de Bruno Gollnisch

La question flamande, une histoire belge ?

Le  monde  flamand et néerlandophone  est décidemment  au cœur de l’actualité politique puisque après le séisme des élections aux Pays-Bas la semaine dernière, c’est au tour de la Flandre belge de remettre pleinement en question le « modèle » en vigueur.  Faut-il que la situation soit grave, la  reine Beatrix des Pays-Bas a demandé samedi dans un communiqué  « d’explorer en premier lieu la possibilité de former un gouvernement auquel prendraient part le plus grand parti et le plus grand gagnant » des élections législatives anticipées de mercredi –voir nos articles de la semaine dernière.   Les deux partis concernés sont donc   le parti libéral VVD de Mark Rutte, et celui de Geert Wilders, le mouvement « anti-immigration » et « anti-islam » PVV qui est passé de 9 à 24 députés. Le programme du PVV milite également pour   le rattachement de la Flandre belge   aux Pays-Bas, autant dire  que les résultats des élections  législatives en Belgique de ce dimanche ont été aussi  analysés avec attention par les dirigeants du parti de M. Wilders.

 

Une consultation  qui intervenait après le départ il ya deux mois du   gouvernement belge dirigé par le très médiocre  Yves Leterme,  d’un parti charnière de la coalition au pouvoir, les « Libéraux flamands » de l’Open VLD.  Départ  rendu nécessaire selon  ces derniers par « l’échec de négociations visant à remettre en cause des droits linguistiques spécifiques dont jouissent les francophones vivant en Flandre, dans la banlieue de Bruxelles -voir notre article en date du 23 avril.

Véritable tremblement de terre dans une Belgique  qui doit assurer le 1er juillet la présidence de l’UE,  les résultats  en Flandre néerlandophone ont donné une large  victoire aux indépendantistes du  N-VA (Nouvelle Alliance flamande) de  Bart De Wever, qui avec plus de 28% des suffrages. Annoncé depuis des semaines grand vainqueur de ce scrutin, il   devance très  nettement le parti chrétien-démocrate (CD&V) de Premier ministre  Leterme (17,5% des suffrages) et  l’Open VLD (14%). Malgré le   fort pouvoir d’attraction du N-VA, nos amis du Vlaams Belang engrangent un score certes en repli, mais non négligeable, avec  12,7% des voix.  Le cumul des voix qui se sont portées sur les partis prônant l’indépendance de la Flandre ( N-VA,  Vlaams Belang et  Liste De Decker)  représentent ainsi  plus de 45% de l’électorat flamand. Les commentateurs n’ont pas manqué de rappeler que jusqu’à hier le meilleur résultat obtenu par les indépendantistes l’avait été  en  1971 par la Volksunie avec quelque 19%.

Dimanche soir, Bart De Wever qui se prononce  en faveur de « l’évaporation » de la Belgique –terme évidemment moins  anxiogène que « disparation », « liquidation », ou « dépeçage »- a pris bien  soin cependant de rassurer les belges et ses voisins européens en réaffirmant que l’indépendance n’était pas sa revendication immédiate, axant son discours sur la nécessité de  réformer les institutions afin de   donner une autonomie accrue à la Flandre dans le domaine économique et social, sans exclure à moyen terme la mort du royaume de   Belgique.

Les Francophones qui ont voté massivement   pour le Parti socialiste d’Elio Di Rupo  (36,5% en Wallonie et à Bruxelles) pourrait se retrouver à la tête de la coalition gouvernementale, le dirigeant  de la N-VA ayant réitéré hier son souhait  de ne pas diriger le gouvernement fédéral…  Cette fracture identitaire  entre flamands et wallons  amène  également par contrecoup à s’interroger sur le poids de l’immigration non européenne dans l’aire wallonne et flamande.  Au vu de la démographie des nouveaux arrivants, cette immigration de peuplement –Mohamed est le premier prénom attribué aux nouveau-nés  à Bruxelles-  apparaît  à court terme, aussi bien  sur le plan social-économique que culturel,  autrement plus déterminante en ce qu’elle  conditionnera grandement  le devenir et la pérennité  des deux communautés   linguistiques, unies ou non au sein d’un même Etat…

Quitter la version mobile