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Rigueur : que reste-t-il des promesses de 2007 ?

« Je suis à la tête d’un Etat qui est en situation de faillite, (…) d’un Etat qui est depuis quinze ans en déficit chronique, (…) d’un Etat qui n’a jamais voté un budget en équilibre depuis vingt-cinq ans. Ça ne peut pas durer ». Dans le  contexte actuel, bien avant les derniers développements  de la crise que nous connaissons,  les propos de François Fillon, prononcés en septembre 2007 en Corse n’ont pas prix une ride : Un constat dont le FN ne contestera pas  la lucidité puisque nous étions pratiquement  les seuls jusqu’alors, à tenir ce langage de vérité aux Français. Vendredi,  « profitant » de l’absence de Nicolas Sarkozy parti à Toronto pour le sommet du G20, le Premier ministre a  tenu  une conférence de presse pour préciser, sans jamais prononcer ce mot tabou, que nous entrons dans une ère de rigueur.

« Ce sera donc du sang et des larmes. François Fillon (…)  n’a pas craint  de briser le tabou sarkozyste de la hausse des impôts: Nous entendons supprimer ou réduire un grand nombre de niches fiscales et sociales. Ce sont donc des augmentations d’impôts.» Bref, les Français vont payer au prix fort, l’impéritie des gouvernements successifs, à commencer par celui actuellement en  place, qui n’ont pas su ou voulu donner à notre pays, par choix idéologiques,  à nos entreprises et aux travailleurs français, les moyens de résister aux ravages de la mondialisation.

« Depuis le début de la semaine, relève Le Figaro,  Christine Lagarde, puis Claude Guéant, se sont succédé dans les médias pour préparer les esprits à un nouveau tour de vis ».  Il ne faut pas attendre de moi une faiblesse qui serait coupable. Il est temps de casser la spirale de l’endettement » a déclaré M Fillon, avant d’ajouter : «Si la croissance devait se révéler un peu moins dynamique que prévu, nous ne devrions pas reculer devant la nécessité de réaliser des efforts supplémentaires. Car le premier ministre (comme Christine Lagarde) semble sans illusion sur les prévisions de croissance. La preuve? Il a déjà prévu, «en fonction de la situation», d’amplifier le coup de rabot sur les niches fiscales de 5 à 8,5 milliards afin compenser le manque à gagner ».

Pourtant, comme le  rappelle Le Bulletin d’André Noël, en octobre 2009, Nicolas Sarkozy affirmait, une nouvelle fois : « Je ne toucherai pas au bouclier fiscal car je crois au principe selon lequel on ne peut prendre à quelqu’un plus de la moitié de ce qu’il gagne. » Il ajoutait : « Si on laisse passer une exception, comme par exemple la CSG, ce n’est plus un bouclier ». Plus tard, il demandera encore aux députés UMP de « ne pas toucher au bouclier fiscal ». Cette position était cohérente avec sa volonté sans cesse réaffirmée de ne pas augmenter les impôts et, au-delà, les prélèvements obligatoires qui incluent les ponctions sociales. Invoquer la crise pour infléchir cette ligne politique ? En octobre 2009, nous la subissions déjà et le chef de l’Etat restait pourtant ferme sur cet engagement ».

« Il oublie un peu vite que ses promesses de candidat, en 2007, ne se réduisaient pas au refus d’augmenter les impôts mais qu’il veillerait aussi à les baisser ! Nicolas Sarkozy annonçait, en effet, vouloir « rendre aux français 68 milliards de prélèvements obligatoires » et cela tout en ayant une meilleure politique sociale, notamment en faveur des familles : « J’aiderai les familles à chacune des étapes de leur existence. En particulier, j’allouerai des allocations familiales dès le premier enfant.  Inutile de dire que les familles attendent encore, comme les petits retraités qui devaient voir leur pension croître substantiellement grâce aux « bénéfices » engendrés par l’abolition des privilèges de ceux qui émargent aux régimes spéciaux. Rappelons aussi cet engagement qui fonde tous les autres : « Je suis le candidat qui fera tout ce qu’il dira. » (…)

« C’est à la faveur de la réforme des retraites que le bouclier saute, est-il noté,  en vertu du principe que, si l’on demande un  effort  aux  petits , il faut aussi en exiger un des gros , ou supposés tels. Or, c’est ce principe qui explique, au moins en partie, la croissance des prélèvements obligatoires, oubliant que quand les « riches » sont moins riches, les pauvres ne s’enrichissent pas car c’est la prospérité globale de la nation qui permet d’élever le niveau de vie de tous. Rappelons-nous ce vieux proverbe de Lao-Tseu : « Quand les gros seront maigres, les maigres seront morts . »

« Il a donc été décidé l’élévation de 40 à 41% du taux d’imposition de la tranche de revenus la plus élevée, ce qui concernerait 380 000 foyers, à peine une goutte  économique ! Pour symbolique qu’elle soit, cette mesure est un signal fort envoyé à ceux qui en seront touchés pour les inviter à aller voir ailleurs en Europe si l’imposition est plus clémente, notamment là où il n’existe pas d’impôt sur la fortune (…).  A l’évidence, le  bouclier fiscal  a vécu ! Et pourtant, le gouvernement a l’aplomb de prétendre qu’il subsiste toujours ».

« Comment ? C’est tout simple : ces nouveaux prélèvements a indiqué Eric Woerth sont  hors bouclier fiscal ! Ce n’est plus de l’économie, c’est de la prestidigitation ! Un tour de passe-passe. (…). Certes, cela n’émeut guère l’immense majorité des citoyens qui ne se croient pas concernés par ces prélèvements nouveaux, ce en quoi ils ont tort car, lorsque l’Etat est  en faillite  – dixit François Fillonon commence par tondre les plus riches  dans l’indifférence quasi générale, avant de s’en prendre aux moins riches pour atteindre en finale le plus modeste contribuable. (…).A l’évidence, l’atteinte portée, de fait, au bouclier fiscal ne pourra qu’accentuer ce phénomène ».

Enfin, « c’est également une nouvelle perte pour le crédit attaché à la parole du chef de l’Etat qui engendre l’instabilité fiscale, l’Etat pouvant à tout moment, au gré de son humeur, renier sa parole ».  Il est vrai que dans ce domaine également, nos compatriotes  ont perdu leurs illusions…

 

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