Avec Nicolas Sarkozy, les choses sont plus simples puisque son « atlantisme » assumé lui fait accepter sans rechigner que nos troupes participent aux opérations militaires en Afghanistan. Selon l’ex Chef d’état-major des armées, le général Georgelin si la facture des opérations extérieures de nos armées s’élève « en gros, à 870 millions d’euros par an », un soldat français en Afghanistan coûte 105 000 euros par an aux contribuables français, le coût annuel de la présence militaire française s’établit donc aux alentours de 394 millions d’euros…
Et pour quel résultat ?Les récentes pertes enregistrées par l’ISAF dimanche –quatre militaires italiens ont été tués- portent à 574 le nombre des soldats étrangers morts dans le cadre du conflit depuis janvier. 2010 est déjà l’année la plus meurtrière pour les forces internationales depuis la chute fin 2001 du régime des talibans. L’incapacité de la « coalition » à gagner militairement ce conflit est une analyse qui fait désormais largement l’unanimité chez les spécialistes.
Dans un entretien diffusé lundi sur la chaîne américaine CNN , le Président afghan Hamid Karzai a confirmé mener « depuis un bon moment » des pourparlers secrets (sic) avec les talibans. Le Time magazine l’affirmait au même moment, « Karzaï sait que le seul moyen de mettre fin au conflit en Afghanistan est de donner sa place à la majorité pachtoune de la nation et à son bras armé, les talibans. Le compromis politique avec les talibans est la seule – et inévitable – solution ».
Dans un récent article publié dans le Toronto sun, Eric Margolis, s’arrête sur le dernier rapport d’un organisme qui fait autorité, l’International Institute for Strategic Studies (IISS), basé à Londres, et dont il fut membre pendant vingt ans.
Dans cette étude dirigée par l’ancien directeur adjoint du MI-6 », il est expliqué que « la menace d’Al-Qaïda et des talibans a été exagérée par les puissances occidentales. La mission américaine en Afghanistan a enflé hors de toute proportion par rapport à son objectif initial de démanteler et vaincre Al-Qaïda. La guerre américaine en Afghanistan, affirme l’IISS, en des termes inhabituellement francs, est un désastre prolongé ».
« Le rapport de l’IISS souligne que la présence de troupes occidentales en Afghanistan nourrit en fait la résistance nationale. J’ai observé le même phénomène lors de l’occupation soviétique de l’Afghanistan dans les années 1980 ». « Fait intéressant, note-t-il encore, la partie du rapport supervisé par l’ancien directeur adjoint du MI-6, Nigel Inskster, ne fait état que d’une menace limitée d’Al-Qaïda dans d’autres régions, notamment en Somalie et au Yémen. Pourtant, Washington muscle ses opérations dans ces deux nations turbulentes ».
« Tout récemment relève-t-il pareillement, le directeur de la CIA, Leon Panetta, a admis qu’il n’y avait pas plus de 50 membres d’Al-Qaïda en Afghanistan. Pourtant, le président américain Barack Obama a triplé le nombre de soldats américains – passé à 120.000 – pour lutter contre Al-Qaïda».
Bref, « Les conclusions de l’IISS entrent directement en conflit avec la position d’Obama, de David Cameron, le nouveau Premier ministre Britannique, et des autres alliés des Etats-Unis ayant des troupes en Afghanistan. Ce rapport sape leurs justifications pour un conflit de plus en plus impopulaire. Il convaincra certainement les plus sceptiques que la véritable raison de l’occupation de l’Afghanistan est liée au pétrole, à la volonté d’exclure la Chine de cette région, et de garder un œil sur l’arme nucléaire du Pakistan ».
« Le rapport propose également une stratégie de sortie de la guerre en Afghanistan. Les troupes d’occupation occidentales, propose l’IISS, devraient être fortement réduites et leur présence limitée à Kaboul et au nord de l’Afghanistan, peuplé essentiellement par les ethnies tadjik et ouzbek. Le sud de l’Afghanistan – d’où sont originaires les Talibans – devrait être évacué par les troupes occidentales et laissé à son sort ».
Dans ce contexte d’enlisement, ou le temps joue en faveur de l’insurrection, « les forces gouvernementales afghanes sont de plus en plus démoralisées. Seuls les Tadjiks et les milices ouzbèkes, et le parti communiste afghan, tous soutenus par l’Inde, la Russie et l’Iran, veulent poursuivre la lutte contre les talibans pachtounes (…). Même la très vantée offensive américaine à Marjah, conçue pour briser la résistance des Talibans, a été un fiasco humiliant. Le nombre des victimes civiles des bombardements américains continue d’augmenter ».
Ce que relève effectivement ajouterons-nous, un rapport des Nations unies portant sur le premier semestre de 2010, qui indique que le nombre de civils tués a progressé de près d’un tiers par rapport à la période correspondante de 2009…
Eric Margolis cite également à l’appui de sa démonstration, «la baronne Manningham-Buller, ancienne directrice du service de sécurité intérieure, le MI-5, (qui) a témoigné que la guerre en Irak avait été précédée par un fatras de mensonges et de faux éléments de preuve fournis par le gouvernement Blair. Ce que nous appelons le terrorisme est en grande partie causé par les invasions occidentales en Afghanistan et en Irak, a-t- elle témoigné ».
Bref, une nouvelle confirmation, si nécessaire, de ce que le FN affirme sans relâche depuis l’engagement de la France dans ce conflit, à savoir que des soldats français et européens meurent en Afghanistan pour y défendre les intérêts géopolitiques de Washington, qui ne sont ni ceux de la France ni ceux d’une Europe qui seraient vraiment libres. Et par contrecoup le maintien au pouvoir d’un gouvernement corrompu s’enrichissant du commerce de la drogue… que l’on retrouve en vente dans les banlieues et quartiers des villes européennes.