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L’ « Affaire Florence Cassez »: faut-il déclarer la guerre au Mexique ?

Nous comprenons parfaitement la douleur des parents de Florence Cassez, condamnée en décembre 2005 à une peine (exorbitante) de  soixante ans de prison par la justice mexicaine pour «enlèvements, port d’armes et participation à délinquance organisée ». Cette française était la compagne du mafieux mexicain  Israël Vallarta,  à la tête  du gang des Zodiacos spécialisé dans le rapt -un fléau très répandu au Mexique.  Nous pouvons aussi entendre les doutes exprimés sur l’impartialité de la justice mexicaine, sur le  caractère équitable  de ce procès, les éventuelles  pressions politiques sur les attendus du jugement.

 Mais le caractère extravagant de la  montée au créneau sur ce dossier la semaine dernière de Mme Alliot-Marie, pour  faire oublier ses « vacances tunisiennes »,  et les dernières déclarations surmédiatisés  de Nicolas Sarkozy exigeant, comme la patronne du PS,  la libération de cette jeune femme  apparaissent extrêmement maladroites et  contre-productives.

Jeudi dernier, un tribunal mexicain a rejeté  le pourvoi en cassation de Florence Cassez.  Lundi soir, après avoir reçu ses parents   et après avoir parlé «longuement» au téléphone avec elle, le chef de l’Etat avait décidé de dédier « l’Année du Mexique » en France  à cette jeune femme et  renouvelé sa demande d’un transfèrement de la prisonnière en France. Ce qui est refusé par le Mexique au motif que Florence Cassez ne purgera bien évidemment pas soixante ans de prison sur notre territoire…

Dans un communiqué diffusé cette nuit, le  ministère mexicain des Affaires étrangères a affirmé qu’ « à la lumière des déclarations du président Sarkozy, le gouvernement du Mexique considère que les conditions n’existent  pas pour que l’Année du Mexique en France soit menée à bien de manière appropriée et que soit mis en œuvre l’objectif pour lequel elle avait été conçue. »

« Il est vraiment surprenant qu’un chef d’Etat prenne une décision de politique extérieure affectant les liens entre deux peuples et deux gouvernements en consultant une personne condamnée par la justice mexicaine pour des délits de nature particulièrement grave.»

Sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Lourdes Aranda enfonce le clou : «Nous avions été invités à un événement culturel et cela devient un hommage à une ravisseuse», « (la France) a changé les règles du jeu de manière unilatérale. »

Pour le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, interrogé ce matin sur France Info, il s’agit désormais d’une «affaire d’Etat». « Affaire »  qui peut coûter cher à nos entreprises, les années de célébration entre la France et un pays étranger offrant l’opportunité à celles-ci de conclure de juteux contrats comme on l’a vu dernièrement avec l’année du Brésil et de la Chine.

 Le journaliste Hugues Kéraly (Sed contra) est le seul à avoir mené une contre enquête sur cette affaire,  notant très justement que les medias français n’ont fait entendre   dans ce dossier qu’un seul son de cloche, n’ayant pas eu  la curiosité  de relayer  les témoignages des victimes du gang d’Israël Vallerta ou de certains de ses complices qui font état de l’implication de la jeune française dans les activités de son compagnon. Notamment celui de Cristina Rios Valladares, violée et séquestrée par Vallerta qui met en cause la jeune femme.  

Témoignages qui  démentent les dires de  Florence Cassez, qui affirme-t-elle  « a pu partager dans l’Etat de Mexico la vie, la couche et les caches d’un kidnappeur sanguinaire (…)  coupable d’enlèvements, d’amputation d’otages et d’assassinats,  (qui)   a pu vivre longuement à ses côtés sans se douter une seconde que les occupations et les revenus de son amant sortaient de la légalité »

« Libre à chacun de penser que tous ces témoignages » de «  témoins », de « complices », des  « dernières victimes du gang  qui affirment que Florence Cassez s’occupait activement de surveiller, droguer et nourrir les otages de son compagnon », « sont sortis de la pure imagination des policiers et des magistrats mexicains, voire qu’ils ont été extorqués sous la torture dans le seul but de confondre une innocente exemplaire »

 « Toute la presse française, les partis politiques, les organisations humanitaires et le Palais de l’Elysée en faisaient et continuent d’en faire la victime parfaitement innocente d’une Justice mexicaine nécessairement aveugle et corrompue. »

Pour tout dire,  nous n’avons  pas  de  certitudes en béton   dans ce dossier, mais nous souscrivons assez largement à la conclusion de   Hugues Kéraly: « L’affaire Cassez est exemplaire, elle est symptomatique du plus grand mal dont nous souffrons en matière de politique internationale: celui de mépriser le témoignage et la parole des autres (en l’occurrence les indigènes du Mexique), pour faire la leçon au monde entier, lui indiquer les voies de la Vertu, de la Justice et de la Paix universelle, sans consacrer une seule seconde à l’examen des preuves et des situations concrètes dont on entend juger… »

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