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Duel Boeing-Airbus : sans surprise?

C’était écrit ? Boeing a annoncé la nuit dernière  avoir finalement  remporté,  aux dépends d’EADS,  le  contrat des avions ravitailleurs de l’U.S. Air Force. Rebaptisé dans les médias le « contrat du siècle », cet appel d’offre  colossal, estimé à quelque 35 milliards de dollars, porte sur la production de 179 tankers de prochaine génération, destinés à remplacer une partie de la flotte vieillissante de 400 appareils KC-135. En mars dernier le groupe américain d’industrie de défense Northrop Grumman, partenaire du groupe franco-européen EADS (Airbus),  avait  annoncé qu’il renonçait finalement à concourir à cet  appel d’offre du Pentagone. En 2008,    EADS et  Northrop Grumman avaient emporté ce marché, mais les pressions, entraves et autres chausse-trappes s’étaient alors multipliés  et après contestation de Boeing, le contrat avait été cassé et  l’appel d’offres relancé…

 Un bras de fer qui avait son pendant dans le domaine civil , nous nous en faisions l’écho en juillet, lorsque l’administration américaine et Boeing avaient obtenu -aboutissement d’une plainte américaine  déposée en 2004- de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) présidée par le socialiste français   Pascal Lamy, qu’elle juge illégales  certaines aides de Bruxelles accordées pendant 20 ans à  Airbus.

Un culot américain assez phénoménal, car il est en effet de notoriété publique  que Boeing, via notamment sa branche militaire, est fortement subventionné par le gouvernement américain… qui manie sans complexe, en fonction des circonstances et quand cela l’arrange, c’est de « bonne guerre »,  la carte du protectionnisme ou de l’ultra libre-échangisme.

Airbus avait alors   assuré que la décision de l’OMC, « n’aurait pas d’impact » sur l’appel d’offres, et  surtout, qu’elle  « ne (devait)  pas en avoir ». A l’occasion du déplacement  de Nicolas Sarkozy à Washington pour y rencontrer Barack Obama, le président américain  avait promis la totale équité et transparence  de cet appel d’offre…

Dans La Tribune, en septembre dernier –voir notre article en date du 16 septembre-  Gael Vautrin notait alors que la compétition Airbus-Boeing  avait  « l’inconvénient d’affaiblir les deux grands rivaux de l’aéronautique au moment où ils devraient hypothétiquement commencer à se serrer les coudes alors que la Chine a l’ambition de créer sa propre industrie et son propre champion. Et quand on connaît le pragmatisme, la réactivité et les moyens financiers de l’Empire du Milieu… »

M. Vautrin  posait comme postulat implicite à son raisonnement, très critiquable,  l’existence  d’une solidarité   « occidentale » ou « atlantique ». Au nom de laquelle les Etats-Unis  ménageraient  une industrie aéronautique franco-européenne dont le succès taille des croupières aux groupes américains.

Dés l’annonce de la victoire de Boeing,  EADS, rapporte l’AFP, a précisé que   «  la version militaire de son A-330, le KC-45, est pourtant « le seul véritable avion-ravitailleur déjà en activité  alors que la version du 767 présentée par Boeing n’existe « que sur le papier ». « L’européen, qui avait revu la semaine dernière ses prix à la baisse, avançait que sa production aux Etats-Unis générerait 48 000 emplois directs et indirects dans le pays. » Le groupe franco-européen  n’a pas précisé s’il comptait faire appel de la décision.

  Boeing a immédiatement assuré « que son projet, baptisé ‘KC-46A’, va permettre de soutenir le redressement de l’économie américaine en confortant 50.000 emplois aux Etats-Unis chez Boeing et 800 sous-traitants au sein de 40 Etats. » Le patriotisme économique de l’électeur américain a été pris en compte…Pouvait-om d’ailleurs imaginer que l’Oncle Sam laisserait échapper 35 milliards de dollars dans l’escarcelle de  Boeing dans le contexte actuel de guerre commerciale à outrance ?

Bref un vrai coup dur pour Airbus –mais ses dirigeants se faisaient-ils beaucoup d’illusions ?-  qui emploie dans les   secteurs civil, militaire et spatial,  72 000 personnes rien qu’en France.  Avionneur, dont le dynamisme offre à ses sous-traitants – Snecma, Hispano-Suiza du groupe Safran, Thales,  Dassault Systèmes, mais aussi à des PME de premier  ordre  (les sociétés Aubert & Duva,  Imphy, Latécoère,  Daher Figeac Aero…) de se maintenir à la pointe de la technologie.  Et de maintenir  son avance …face à la montée en puissance technologique du géant  chinois et des autres pays dits « émergents ».

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