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Voyage au bout de la nuit ?

Nous publions ici, tel quel , l’article diffusé sur le blog Le Post et Facebook, « Voyage chez les militants du FN « , d’un courageux   « anonyme » qui a « osé » se rendre à une réunion frontiste présidée à Lyon le 23 février par Bruno Gollnisch dans le cadre des élections cantonles. D’un comique  certainement involontaire, nous vous livrons donc le (long)  récit qui en est fait par ce « brave » étudiant…et bien  sûr la réponse de Bruno Gollnisch !

 Voyage chez les militants du FN

« Lorsque j’ai choisi, au début du semestre, dans la conférence de méthode de sociologie politique, de travailler sur le vote Front National, je me doutais que j’allais découvrir beaucoup de choses sur le FN et sur son électorat. Ce mercredi 23 février, à la sortie des cours, j’ai décidé de faire quelque chose que je n’aurais peut être pas osé auparavant ; aller au meeting de campagne du FN. Comme il s’agit des cantonales, élections souvent boudées par les électeurs, le meeting a lieu dans une petit salle du 9ème arrondissement de Lyon. A la sortie de mon cours d’arabe, donc, je pris un vélo’v pour me rendre au 23 rue de Bourgogne.

Le rendez vous était fixé à 19 h. J’avais eu connaissance de ce meeting grâce au site local du FN 69, site par ailleurs peu documenté et rarement mis à jour. J’avais décidé de m’y rendre pour y toucher d’un peu plus près l’électorat FN, pour peut être arriver à le comprendre. J’avoue avoir également eu une certaine curiosité à entendre le numéro 2, Bruno Gollnisch, malheureux perdant de l’élection qui aurait pu le propulser à la tête du parti.

Diplômé en japonais puis en malais, diplômé de Sciences po Paris, doctorant en droit international, député européen, conseiller régional de la région Rhône-Alpes, ancien avocat, professeur de langue et de civilisation japonaise… Gollnisch a des diplômes et un parcours très complet.

Il dispose d’une culture, d’une intelligence certainement très fine, et se situe à mon avis plusieurs échelons au dessus de la numéro 1, Marine Le Pen, individu de sexe féminin (phénomène assez nouveau au FN pour être soulignée) propulsée au sommet du parti simplement par son nom.

Ce mercredi 23, à 19 heures passées, je me présentais donc devant le 23 rue de Bourgogne ; deux corpulents bonshommes en gardaient l’entrée. J’allais leur demander si le meeting se tenait bien ici, histoire de dire quelque chose à ces deux grassouillets grossièrement vêtus, quand un monsieur, portant une longue veste de cuir, d’un âge avancé, s’écria, la voie tremblotante mais affirmée ;  Où que c’est le Front ? ».

L’un des deux hommes lui indiqua le second étage. A l’entrée de la salle, une femme d’une trentaine d’année tenait l’accueil et… la caisse. J’appris alors qu’il fallait participer aux frais, et que l’entrée coutait 5 euros €. Donner même quelques centimes à ce parti m’était jusqu’ici inconcevable ; comment financer un parti que l’on déteste du plus profond de soi ? Et puis, pourquoi faisaient-il payer ? Les finances du partis devaient être sacrément atteintes.

Ayant adopté une attitude immédiate de refus, je commençais à descendre les marches quand, après avoir effleuré au fond de ma poche un vieux billet de 5€ €, je fis marche arrière. Pour voir. Après avoir payé – je vous assure, ça fait mal – me voici donc assis confortablement dans cette salle André Latreille. Petite salle d’environ 150 places, remplie environ au 2/3. Si l’on soustrait à tous les participants la grosse vingtaine de candidats aux cantonales accompagnés de leurs suppléants, j’en déduits que le nombre réel de participant doit avoisiner la cinquantaine.

 Une simple multiplication me permet de dire que le bénéfice de la soirée sera mince, vu le coût de la location de la salle, propriété de la ville de Lyon (170 € TTC pour 4 heures) ; quelque part, cela efface un peu les regrets que j’ai eu à donner un petit billet vert à ce répugnant parti. Toute la salle attend avec impatience l’arrivée de son mentor, Bruno Gollnisch. Cela me laisse un peu de temps pour dévisager la salle. Je suis assez surpris de trouver dans la salle une vraie hétérogénéité en ce qui concerne l’âge des participants ; les retraités ne sont pas majoritaires.

En fait, toutes les tranches d’âge semblent être représentées. A ma gauche se trouvent un groupe de jeunes hommes, d’une vingtaine d’années, habillés en costard-cravate. En suivant de loin leur discussion, je comprends qu’ils effectuent leurs études dans une école de commerce. Par leur apparence physique impeccable, ils donnent l’impression de garçons issus de bonnes familles, suivant de bonnes études et se dirigeant vers de bons métiers. A ma droite, un homme d’une quarantaine d’année, au visage effrayant et au physique tout simplement abominable.

Le peu de fois où j’aurais le malheur de tourner la tête vers lui, ses yeux bleus et son expression si particulière me crucifieront. Derrière moi, une femme blonde d’une quarantaine d’année dialogue avec un petit homme à lunettes trapu au costard bleu. Ils évoquent les problèmes de sécurité, la racaille, la peine de mort. Après quelques minutes, tentant de me comporter normalement – lisant la propagande disposée sur les sièges à mon arrivée – je me rends compte que mes voisins me dévisagent eux aussi.

Étant apparemment le seul de la salle a disposer du physique de quelqu’un qui aurait abusé du soleil, je m’aperçois que ma couleur de peau fait  « tâche » ; le teinte de ma peau, légèrement plus foncée que celle de mes voisins,  ne me permet pas de dissimuler mes origines arabes.

A 19h30, enfin, le maitre fit son entrée, sous les applaudissements. Le meeting pouvait commencer. Les trois intervenants se passèrent alors la parole chacun leur tour, Gollnisch ayant le privilège de parler le dernier, et pendant bien plus longtemps que ses deux « camarades ». Longuement, ils ont tapé sur Michel Mercier, le président du Conseil Général, ce que je ne me gène pas de faire non plus, tant cet homme m’inspire le mépris et le dégoût.

Mais quelque part, j’ai eu mal ; mal de me trouver des points d’accord avec des hommes et des femmes aux idéologies si différentes et si méprisantes. Évidement, je ne puis qu’être d’accord lorsqu’il s’agit de déplorer le projet de musée des confluences, catastrophe du conseil général, ou encore le nouveau tramway reliant la Part Dieu à l’aéroport, incarnation même de la corruption politique.

 Heureusement, les blagues racistes sur les arabes sont vite arrivées ; pour l‘un des intervenant, il y a de gros problème à Meyzieu ; pour justifier cela, il explique que les trois quart des commerçants sont arabe et que la viande Hallal a de beaux jours devant elle. Un autre intervenant relate tout en prenant l’accent arabe son intervention au marché de Villeurbanne et son altercation avec un jeune qui lui a expliqué que le quartier dans lequel il était n’était pas un quartier français. A la fin de chaque « blague », la salle pouffe de rire.

Certains commentaires, carrément racistes, fusent ça et là. Avec tout ça, je pouvais enfin les détester légitimement. Gollnisch a par la suite évoqué le sujet phare du FN ; la sécurité. Il faut dire que l’assassinat il y a quelques jours d’un jeune français lyonnais blanc et né de parents français, Christopher Aroui, par un arabe, Karim Bounab, tombait à pic pour le Front National.

L’indignation était générale dans la salle. Dernière moi, et aussi devant d’ailleurs, il se chuchotait qu’il était « impératif de réintroduire la peine de mort ». Et Gollnisch d’en rajouter ; ce jeune arabe avait déjà été condamné 11 fois ! 11 procès, c’est autant de coûts que la collectivité supporte ; il faut expulser les délinquants d’origine étrangère, afin de leur éviter tout risque de récidive.

En dehors des thématiques qui tournent autour de l‘islam, de la sécurité, des banlieues, des arabes, je n‘ai pas eu l‘impression que le FN avait quelque chose de cohérent à proposer pour le département. Peut être ce parti n‘a-t-il songé à développer son programme seulement autour des thèmes qui « marchent » ; immigration, sécurité, islam, corruption de la politique.

 Les intervenants ont à un moment évoqué brièvement le fait qu’il était essentiel pour nos enfants que les cuisiniers réinvestissent les cantines et qu’ils puissent cuisiner avec des produits locaux. Enfin une proposition intéressante ? Non, car ils se sont empressé de rappeler qu’il fallait mettre un terme à la viande hallal dans les écoles, et que les élèves devaient manger tous la même chose, sans distinction de religion…

A croire que ce thème là leur est indispensable. J’ai réellement fini par penser que l’on ne pouvait expliquer le recours permanent à ces thèmes que par la haine de l’autre, la haine de l’étranger. Pourquoi ? Bien entendu, c’est là un très grand débat qui peut s’ouvrir, et que je n’entamerais pas ce soir, mais il est indéniable que l’essentiel de l’idéologie du Front National repose sur des forces réactionnaires particulièrement importantes.

Les nouveaux électeurs, quant à eux, sont plus des français indécis conquis par les thèses simplistes et les idées toute prêtes du Front, idées qui semblent tellement justes lorsque l’on se contente d’une approche à minima de la société !

Vers 21h, le meeting se termine. Gollnisch invite les participants à prendre un apéritif dans l’annexe de la salle, mais je ne tiens plus ; comme persécuté, je ne supporte plus l’environnement. Je descends les marches, suivi d’un jeune homme de mon âge, me retrouve dans la rue avec lui. Je ne résiste pas à l’interroger.

D’un air timide, je discuterai avec lui pendant une quinzaine de minutes. Il m’explique qu’il effectue un BEP, et qu’il adhère aux thèses du FN depuis maintenant 3 ans. Ce qui me surprend le plus, c’est qu’il soit arrivé là de par lui même ; son père est socialiste, sa mère militante écologiste.

Il a un rôle assez actif au sein de la section jeune du FN, section aux adhérents très nombreux selon lui. Nous parlons des thèmes développés pendant le meeting, il répond à mes questions sans hésitation; la préférence nationale, la peine de mort, etc., il y adhère parfaitement. Au milieu de notre entretien, je prends le soin de lui préciser que je ne suis pas un militant FN et que je n’adhère pas aux idées du FN.

Je prends ses coordonnés, il me transmet celles du président de la section jeune du FN du Rhône, et nous nous quittons.

Ce soir, j’ai pris un gros coup sur la tête ».

Réponse de Bruno Gollnisch

C’est amusant ;

Ce garçon, pétri de préjugés à l’égard du FN, est tout de même obligé de convenir qu’il y trouve des gens normaux, de tous milieux et de toutes générations, que personne ne l’a importuné, tout au contraire, que l’on a évoqué des thèmes ayant trait aux finances locales ou à l’urbanisme avec lesquels il était d’accord, etc.

 Il aurait pu prolonger la discussion, même contradictoire, y compris avec moi, lors de l’apéro qui lui était proposé, mais c’était trop pour lui !! C’est fâcheux, pour quelqu’un qui prétend réaliser un travail universitaire…tant pis pour la sociologie politique…

 Il préfère plaquer ses stéréotypes, en s’imaginant qu’on le regarde de travers à cause de son teint mat (il y a pourtant toujours eu des noirs ou des Français d’origine nord-africaine au FN), plutôt que de discuter du fond. En quoi un crime odieux commis par un multi-récidiviste condamné 11 fois ne révèlerait-il pas les carences de notre système judiciaire ? En quoi serait-il scandaleux que dans la salle une observation soit faite au sujet des interdits alimentaires imposés à tous les élèves dans certaines cantines scolaires ? Qu’y a-t-il de surprenant dans le fait que certains Français se sentent étrangers dans leur propre pays quand ils vont au marché de Meyzieu ? Est-ce que tout cela -et bien d’autres choses- ne traduit pas une évolution de la société que l’on est en droit, après tout,  de ne pas apprécier ?  Ou bien est-il OBLIGATOIRE d’en redemander, sous peine d’être taxé de « haine de l’autre, haine de l’étranger » (sic) ?

 Au passage, cet étudiant en droit ( ?) ne mérite pas une bonne note : il n’a pas remarqué que, parlant de la Justice dont M. Mercier est Ministre, je n’ai pas seulement évoqué ce triste fait divers de l’égorgement d’un jeune homme dans le métro ; j’ai aussi longuement traité de la suppression du juge d’instruction, des lois liberticides, des jurys populaires dans les tribunaux correctionnels, des syndicats de magistrats, etc . Il n’a retenu de tout cela que la mise en cause d’un criminel d’origine étrangère. Qui est obsédé ?

 Allons, un peu de courage ! L’auteur de ces lignes peut signer son article ! Il sera toujours le bienvenu à discuter en prenant rendez-vous à notre permanence de Perrache au 04 72 77 50 00 où je ne lui ferai aucun mal, c’est promis, et où l’on pourra même boire ensemble l’apéro qu’il a manqué l’autre soir ! En prime, on lui donnera notre programme complet, pour son cours de sociologie politique…

 Bruno GOLLNISCH, député européen

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