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Affaires libyennes…

Les opérations menées par la  coalition américano-franco-britannique et quelques forces d’appoints ont été  baptisées « Aube d’une odyssée » par les Américains,    « Harmattan » par les Français, « Ellamy » par les Britanniques. Autant  de noms pour autant d’objectifs différents ?  Et ces derniers sont-ils clairement identifiés…notamment chez notre Président de la République ? A peine ce conflit enclenché, sous couvert de la résolution 1973 de l’ONU , qui autorise le recours à la force en Libye, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a jugé que celle-ci   ressemblait à un « appel aux croisades ». Berlin et Ankara ont déclaré leur opposition aux bombardements.

Quant à la Ligue Arabe,  qui regroupe comme chacun le sait que de vertueux démocrates réunis en l’ occurrence par une même détestation de Kadhafi, son  secrétaire général , Amr Moussa, candidat à la présidence de la République en Égypte,  a estimé que les bombardements s’écartaient de leur but, avant… de changer d’avis  lundi et d’affirmer que ses propos avaient été « mal interprétés ».

En  fait de participation arabe au sein de la Coalition – à laquelle participent du côté de l’UE la France, le Royaume-Uni, l’Italie, la Belgique, le Danemark, la Grèce, et l’Espagne– , les occidentaux ne  peuvent compter que sur les Emirats arabes unis dont  leur rôle en Libye, ont ils précisé  se limitera éventuellement  à une « aide humanitaire » et  sur  quelques avions de chasse du Qatar…

Surtout, le président américain Barack Obama   a affirmé hier, que «l’Otan jouera un rôle dans la nouvelle phase militaire en Libye », « l’Otan sera impliquée dans une fonction de coordination en raison de l’extraordinaire capacité de cette alliance »,  en lieu et place de la Coalition,  ce que la France refuse officiellement. Alors que dans les faits, comme l’a rappelé Jean Guisnel sur le site du Point,  l’intervention française est déjà sous le contrôle et l’autorité du commandement militaire américain.

Notre diplomatie a fait savoir que si cette intervention en Libye se fait sous l’égide de l’Otan, les pays arabes ne voudront pas s’y rallier et finiront même par la dénoncer. Vu le peu d’empressement de ces derniers à rallier la Coalition, cet argument n’était peut être pas le premier à mettre en avant…

Nous constatons aussi plus largement, mais ne ce n’est qu’une confirmation, que les pays de l’UE ne se considèrent que comme des supplétifs de l’Amérique, incapables d’imaginer une alternative ou la construction d’un outil  militaire en dehors de l’Alliance atlantique. Hier à Bruxelles,  les ambassadeurs d’une majorité des 28 pays membres ont souhaité que « l’Alliance » relaie au plus tôt l’action militaire de la  « Coalition »…

Il n’y a pas si longtemps, en 2007, le « fou »,  le « monstre sanguinaire » Kadhafi était reçu avec les honneurs à l’Elysée. Il plantait   sa tente dans le jardin d’un  palais de la République et Sarkozy annonçait à cette occasion  la signature par cet « ami de la France »  de 10 milliards d’euros de contrats… restés depuis lettre morte.  Airbus avait  néanmoins vendu 21 avions à deux compagnies libyennes,  pour un montant de 3 milliards de dollars.. Et les chantiers STX de Saint Nazaire ont débuté la construction d’un paquebot pour  le compte d’une entreprise  libyenne dirigée par un des fils du colonel Kadhafi.

Plus généralement depuis 1973, la Libye n’a jamais vraiment cessé d’acheter des armes à la France,  achats interrompus  brièvement  au moment de  l’attentat de Lockerbie et qui avaient repris dés la  levée de l’embargo sur les armements, en 2004. La page serait donc définitivement  tournée…

Comme l’a souligné la semaine dernière Bernard Lugan, la «  reconnaissance précipitée par le président Sarkozy comme représentant du « Peuple libyen »,  d’une « coalition tribale de Cyrénaïque » s’étant donné le nom de « Conseil National de l’Opposition » peut  déboucher sur la partition de la Libye. 

 « En écoutant BHL et non les spécialistes de la région, le président Sarkozy a donc involontairement redonné vie au plan Bevin-Sforza rejeté par les Nations Unies en 1949. Ce plan proposait la création de deux Etats, la Tripolitaine, qui dispose aujourd’hui de l’essentiel des réserves gazières, et la Cyrénaïque,  provisoirement (?)  aux mains des insurgés,  qui produit l’essentiel du pétrole

 La question étant  de savoir si  ce plan ( ?) à l’aval de Washington, sans même parler de ses répercussions sur la stabilité et la sécurité de toute la région et partant, de la France et de l’Europe.

 

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