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Flambée des prix alimentaires : responsables et coupables

Certains ont expliqué le succès des  idées révolutionnaires en 1789 en partie  par le fait  ce que celles-ci circulaient dans un pays fragilisé  par une succession de mauvaises récoltes.  Le journal Tunisie Soir   relevait le 2 mai implicitement que la crise économique et la flambée des matières premières et agricoles ont pesé sur le climat du Maghreb ces derniers mois. Il est  rappelé que   les prix mondiaux des denrées alimentaires ont atteint en février 2011, un nouveau pic historique » alors que « les pays de l’Afrique du Nord restent de grands importateurs en la matière, principalement, de céréales. De fait, le Maghreb importe plus de la moitié de ses besoins en céréales (…) ». Une hausse des prix alimentaires qui s’explique «  par l’insuffisance de la production du fait des changements climatiques, de l’augmentation de la demande et de l’utilisation des récoltes pour la production du biocarburant. »

Cette flambée des prix n’épargne pas l’Europe et la France, où nos compatriotes les plus modestes ont été contraints depuis longtemps, et notamment depuis la baisse vertigineuse de leur pouvoir d’achat  occasionnée par le passage à l‘Euro, de changer leurs habitudes alimentaires, notamment du fait du  prix de la viande qui devient de plus en plus un produit de luxe. 

 Mardi rapportait une  dépêche de l’Afp , un  accord a été signé en présence du ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire « entre  Agriculteurs, industriels et distributeurs  qui se sont mis  sur un dispositif dont l’objectif est de répercuter l’envolée des matières premières agricoles sur les prix de la viande, de la production au consommateur ».

Selon M le Maire cet accord,  concernant les viandes de porc, boeuf et volaille, « sans caractère contraignant », est destiné  « à défendre le producteur et le consommateur ». «  Signé sur une base  volontaire, il prévoit la réouverture de négociations commerciales lorsque les prix de l’alimentation animale dépassent une certaine côte d’alerte, à la hausse comme à la baisse ».

Cet accord volontaire sera-t-il en effet en mesure de faire baisser les prix…tout en permettant aux éleveurs de gagner leur vie,  alors que   l’envolée des prix des aliments du bétail compromet la rentabilité de leurs affaires ?  Non a répondu  « l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), qui regroupe la quasi totalité du secteur agroalimentaire » : «  Cet accord ne règlera en rien les problèmes que connaissent les industriels dans la répercussion des prix agricoles, a-t-elle affirmé dans un communiqué. 

Une nouvelle fois les  grands gagnants sont les gros  trusts  de l’agroalimentaire et les vautours du capitalisme spéculatif. France 24 rapportait  sur son site le 24 avril  les conclusions une enquête de l’ONG britannique World Development Movement (WDM) – « l’équivalent de Transparency international pour toutes les questions de développement économique » –  selon lesquelles « le marché des produits alimentaires se porterait-il mieux sans les banques d’investissement. »

 « Les banques ont appauvri et plongé dans la famine des millions de personnes dans les pays en voie de développement », affirme ainsi à FRANCE 24 Murray Worthy, responsable des stratégies à WDM. Certes « L’ONG reconnaît  que la spéculation n’est qu’un élément parmi d’autres de l’envolée des prix alimentaires. L’OCDE estime ainsi que les conditions météorologiques, le développement des biocarburants et l’instabilité actuelle des pays arabes ont un impact plus important.

 Comme le note  l’auteur de l’article, « Depuis la crise financière, les banques sont certes devenues des cibles faciles , mais les chiffres relevés par l’ONG sont parlants. La banque britannique Barclays a, par exemple, encaissé 383 millions d’euros en 2010 en se contentant de parier sur la hausse des prix des denrées alimentaires »

 « Ce goût de la banque britannique pour la spéculation sur ces marchés n’a pas d’égal en Europe. Seules les banques américaines Goldman Sachs et Morgan Stanley font plus forts. Ainsi, selon WDM, Goldman Sachs domine ce petit monde de spéculateurs avec un milliard de dollars (684 millions d’euros) récoltés par an sur ces marchés. »

 « La spéculation sur les denrées alimentaires existe certes depuis le début du 20e siècle, mais elle n’a atteint des niveaux dangereux qu’à l’aube de la crise alimentaire de 2008. En 2003, elle était en effet de l’ordre de 3 milliards de dollars par an… contre 55 milliards en 2008,  2011 devrait constituer une nouvelle année record (…). Le montant des opérations spéculatives sur les marchés des matières premières (denrée alimentaires, énergie, métaux) devrait atteindre 400 milliards de dollars cette année, contre 300 milliards en 2008, selon l’ONU. »

 L’appétit des banques d’investissement (« Barclays Capital, Goldman Sachs…) pour les denrées alimentaires s’est développé après l’éclatement de la bulle spéculative des subprimes»  est-il encore expliqué.  « Elles se sont alors rappelé que les États-Unis avaient déréglementé le marché des denrées alimentaires au début des années 2000.  Pour WDM, la spéculation échapperait de plus en plus à tout contrôle. « La bulle est en train de grossir très vite« , prévient Murray Worthy.

 L’ONG estime qu’il faudrait limiter les montants que les banques peuvent investir sur les marchés des produits alimentaires et mieux encadrer la nature des transactions. Des recommandations déjà faites par la Commission européenne en 2008… »

 Le général De Gaulle dans une formule restée célèbre indiquait que « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille » . Dans un Etat digne de ce nom, c’est-à-dire  décidé  à  défendre  notre souveraineté nationale, il conviendrait en effet de mettre au pas ces  capitalistes « anglo-saxons » dévoyés  , tout du moins, de limiter drastiquement  leur capacité de nuisance.  Mais notre gouvernement prenant ses ordres à Bruxelles en a-t-il encore la volonté, si ce n’est la capacité ?

 

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