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Libye : cartes sur table…

Les membres de la famille Kadhafi tués dernièrement par un missile comptant apparemment pour du beurre,   l’Otan vient de reconnaître  pour  la première fois   une «bavure» depuis le début de son intervention en Libye. Dans la nuit de samedi à dimanche, un raid sur Tripoli a fait selon l’Alliance «un certain nombre de victimes civiles».  Le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, a avancé le chiffre de  neuf morts et dix-huit blessés. Si les alliés opérant en Libye s’accrochent grosso modo au mythe des frappes chirurgicales et de la guerre propre, les opinions publiques occidentales commencent à trouver l’opération un peu longue, incertaine quant à son  dénouement, et  financièrement  salée –voir la Une du quotidien Le  Parisien hier  sur le coût de cette opération  pour la France. Sarkozy voulait sa guerre pour asseoir sa stature de « président », c’est fait…

Aux Etats-Unis, les élus du Congrès commencent aussi   à ruer dans les brancards  et les républicains, majoritaires à la Chambre, menacent de couper les crédits octroyés  pour cette mission.

Nous relations dernièrement un article publié le 3 juin dans La Tribune, d’Eric Denécé, ancien du renseignement, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (Cf2R). De retour d’un voyage d’étude en Tunisie, en Egypte et en Libye, il  invitait, à l’instar du FN et de Bruno Gollnisch,  les commentateurs et les opinions publiques à la prudence dans leur lecture du « printemps arabe ».

Lors de ce déplacement (du 31 mars au 6 avril)  organisé à l’initiative du Centre international de recherche et d’études sur le terrorisme et d’aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT), du CF2R, et avec le soutien du Forum pour la paix en Méditerranée, il a été pointé une interrogation majeure sur la composition du Conseil national de transition (CNT) qui représente les insurgés.

«Seuls les noms de 13 des 31 membres sont publics. L’identité des représentants de l’ouest libyen n’a pas été révélée pour des raisons de sécurité. (…) Des raisons discutables », ont estimé  les experts. « Les individus mis en avant sont principalement des avocats, des  professeurs, des universitaires. Il s’agit d’abord de ceux qui parlent le mieux anglais et savent dialoguer avec les occidentaux »…

D’autant que le CNT , selon M. Eric Dénécé, n’est pas l’aimable club de démocrates exigeants célébré par BHL et de nombreux éditorialistes : « On est face à des individus qui sont extrêmement marqués dans leur comportement quotidien et leur volonté d’imposer leur système en allant jusqu’à imposer la charia ». L’article 1 de la Charte nationale du CNT fait ainsi  de la charia islamique la source des lois.

Quant au chef du CNT est-il encore rapporté, Moustapha Abdejalil al-Bayda, il s’était illustré lorsqu’il  était président de la cour d’appel de Tripoli comme celui qui confirma  à deux reprises la condamnation à la peine de mort des infirmières bulgares accusées d’avoir inoculé le virus du sida à des enfants libyens.

Soulignant le caractère évasif   de la résolution 1973 de l’Onu qui n’exclut pas complètement les interventions terrestres et ne protège pas suffisamment les populations civiles, les experts  jugent très excessive l’interprétation de celle-ci par la France, le Royaume-Uni et les États-Unis. « Si personne ne pleurera Kadhafi et son régime autoritaire, l’élimination du leader libyen n’est ni autorisée ni légitime. »

Enfin, ils précisent encore un élément jamais ou très rarement évoqué  par les médias français, à savoir que le régime de Kadhafi a été le seul à avoir répondu favorablement à certaines propositions de médiation et à un cessez-le-feu, propositions rejetées par les insurgés, les États de la coalition et l’Onu…

Quant à l’exode de Libye des  3 à 4 millions d’étrangers, « des  émigrés économiques », « alors même que leurs pays (d’origine)  connaissent un important chômage », «il  risque d’aggraver significativement la situation intérieure de ces États. Ils  perdent une source de revenus -celle des transferts de fonds des émigrés- et voient revenir chez eux des travailleurs qui vont grossir la masse des chômeurs et des insatisfaits ».

Autant dire que les bienfaits de l’alternative portée par les clans tribaux aujourd’hui opposés à Kadhafi sont  fortement sujets  à caution

Le compte-rendu de cette délégation affirme également   que « sans le soutien occidental il y a longtemps (que les insurgés)  auraient été anéantis » et qu’il apparaît que « pour les dirigeants du CNT, il n’y a pas d’autre solution qu’une intervention terrestre ». Et les experts d’ajouter : « Les membres de la mission ont été très surpris par le caractère artificiel de cette révolution par procuration. »

A  ce sujet, dans l’article paru dans La Tribune que nous évoquions plus haut,  Eric Dénécé affirmait plus largement ne pas croire « à la spontanéité » des « révolutions arabes « , « qui étaient en préparation depuis plusieurs années. Dès 2007-2008, des conférences organisées sous l’égide d’ONG américaines, comme Freedom House, l’International Republican Institute ou Canvas, et où étaient présents la plupart des blogueurs et des leaders de ces mouvements, ont instillé le germe de la démocratie, créant un contexte favorable aux révolutions. Le processus était le même que celui qui a précédé le démantèlement de l’URSS, la Révolution serbe, la Révolution orange en Ukraine ou encore celle des Roses en Géorgie. »

« Dans la semaine précédant les événements indiquait-il encore, les plus hauts représentants des armées de Tunisie comme d’Égypte se sont rendus à Washington, qui assure l’essentiel du financement de l’armée, pour obtenir le feu vert des États-Unis à un renversement des dirigeants. Ils ne supportaient plus la prédation des clans au pouvoir. »

Apportant de l’eau au moulin des affirmations de M. Dénécé, La  Tribune de Genève (édition du 7 juin)   indiquait que Mohamed Adel, l’un des dirigeants de « la révolution populaire spontanée » en Egypte, (« le mouvement  du 6 avril »)  aurait bénéficié depuis 2009, en  compagnie d’autres révolutionnaires  maghrébins,  de la formation en Serbie d’une organisation baptisée Otpor. Une officine  dirigée notamment par Srdja Ppovic, et  financée directement par la CIA, a-t-il  avoué.

Un financement opéré   par le biais de  Freedom House dont l’ex  président jusqu’en 2005 était James Woolsey, ancien directeur de la CIA, et dont  l’actuel, Peter Ackerman, est  membre du Conseil  d’administration du très mondialiste Council on Foreign Relations (CFR).

Au nombre des bailleurs de fonds d’Otpor, figure aussi   un autre paravent des services américains, l’Open Society Institute, dirigé par le financier milliardaire et agent bien  connu du combat anti-national, Georges Soros, très impliqué également dans la propagande visant à imposer le caractère inéluctable de la poursuite d’une politique d’immigration soutenue des pays du Sud vers l’Europe.

Toutes choses qu’il n’est inutile d’avoir en tête lorsqu’il s’agit d’analyser froidement  la partie du  « Grand jeu » qui se déroule actuellement dans cette région du monde.

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