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La nébuleuse communiste face au cas André Gérin

François Fillon a fait part dernièrement de sa compréhension des propos indignés d’André Gérin, actuel député communiste (depuis 1993) de la 14è circonscription du Rhône et ex maire de Vénissieux (1985-2009). Ce dernier s’était ému d’une émission diffusée dans le journal de France 2, le 2 mars 2011, relative au comportement du constructeur automobile Louis Renault durant la Seconde Guerre mondiale. « Vous considérez qu’il s’agit là d’une tentative inacceptable de réhabilitation », a écrit le Premier ministre à André Gérin. « Je mesure pleinement la sensibilité qui entoure les questions de mémoire. J’ai donc transmis vos observations au Président de France Télévisions, responsable de la programmation, en lui demandant de bien vouloir évaluer vos critiques et d’y apporter tous les éclaircissements nécessaires. » Arrêté en septembre 1944, Louis Renault a été traîné dans la boue à la suite d’une odieuse campagne de dénigrement orchestrée par les staliniens et emprisonné sous l’accusation de collaboration avec l’ennemi. Il a été retrouvé mort, le 24 octobre 1944 à l’âge de 67 ans, victime des tabassages répétés administrés à la prison de Fresnes par des agents communistes pressés de mettre la main sur son entreprise. On l’aura compris, ce n’est pas cet André Gérin là, « gardien de la mémoire ,  qui est désormais en accusation.

 Le microcosme politico-médiatique ne reproche pas non plus à M. Gérin d’avoir qualifié de « racistes » et de « xénophobes » les électeurs et dirigeants du FN, ni son silence sur les 100 millions de victimes du communisme, lui qui dans « sa » ville de Vénissieux a baptisé des places et des rues du nom de Gorki, Lénine, Thorez ou Duclos

 Les bien-pensants se sont accommodés aussi de ses propos effroyables sur les frontistes au motif que le local de campagne du FN dans la capitale des Gaules, en mai 2007, avait été baptisé du nom du prix Nobel de Médecine Alexis Carrel. Un homme de droite qui pour son malheur fut pétainiste comme d’autres lyonnais célèbres, Louis et Auguste Lumière, Raoul Follereau, ou encore Antoine de Saint-Exupéry.

 Les grandes consciences humanistes attribuaient aussi toutes les qualités à M. Gérin lorsqu’en février 2003, il avait apporté son soutien à Lyon à une douzaine d’Algériens déboutés du droit d’asile, promettant qu’il appuierait leur demande d’entretien auprès du ministre de l’Intérieur. Les mêmes n’avaient rien trouvé à redire lorsque le camarade Gérin comparait en octobre 2006 Jean-Marie Le Pen aux « barbus » islamistes.

Un apparatchik communiste qui, comme le notait alors Abdelaziz Chaambi, de « l’Union des jeunes musulmans », manifestait contre l’intégrisme islamiste mais qui « est venu draguer les voix des musulmans pour les élections, en (s’)asseyant dans les mosquées avec l’imam (algérien de Vénissieux) Ben Chelali ». Un brave homme expulsé en septembre 2006 vers l’Algérie à la suite de sa condamnation pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste…

Non, si le député communiste du Rhône suscite aujourd’hui l’émoi au sein de la vieille baraque communiste et de la nébuleuse antiraciste, c’est pour avoir tiré à boulet (« rouge-brun » ?) sur son blog le 20 juin – sur ordre du PS aux dires de ses détracteurs !- contre la désignation de Jean-Luc Mélenchon, comme candidat des communistes en 2012 et contre son programme « immigrationniste ». Retrouvant les accents d’un Georges Marchais condamnant l’immigration massive en 1981 (/2011/05/05/quand-le-pc-tire-ses-dernieres-cartouches%e2%80%a6contre-le-peuple/), M. Gérin a accusé «la gauche » d’avoir « abandonné les classes populaires, sa jeunesse », « notre culture », « notre identité », « nos racines », « nos valeurs fondamentales ».

A l’heure ou les travaux de Jean-Paul Gourévitch sur le coût financier de la politique d’immigration massive, parvenaient à la conclusion d’un déficit dépenses/recettes de 30,4 milliards d’euros pour l’immigration et de 7,9 milliards d’euros pour l’émigration, M. Gérin relevait encore que « la gauche a épousé les thèses du grand patronat avec ce discours irresponsable où il faudrait régulariser tous les sans-papiers. »

 « Elle prône l’immigration écrit-il, comme le demandent Laurence Parisot et Christine Lagarde pour une main d’œuvre à bon marché. Non, l’immigration n’est pas une chance pour la France. C’est un mensonge entretenu depuis 30 ans. Oui c’est une chance pour le capitalisme financier, pour diviser, pour exploiter, pour généraliser l’insécurité sociale, exclure, ghettoïser des millions de familles et de jeunes français de la vie sociale et politique. » Peu ou prou le constat dressé depuis toujours par son voisin lyonnais Bruno Gollnisch et le FN …

La direction du PC s’est dissociée des propos d’André Gérin, tandis que la section lyonnaise de SOS Racisme a demandé ni plus ni moins que « l’exclusion rapide » de son parti du député du Rhône « qui devient de plus en plus réactionnaire (sic) et qui ne cesse de flirter avec les thèses de l’extrême droite» .

Le 17 juillet le site du journal communiste La Riposte, vitrine d’une branche très « orthodoxe » du parti dont les militants ont déposé, lors du 34e Congrès de 2008 un texte alternatif – « Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme » – qui a recueilli 15 % des voix dans les sections, s’est félicité de cette mise à l’index du camarade Gérin.

 Cet article critique vertement les propositions d’André Gérin (et d’un autre candidat de la « primaire » communiste, Emmanuel Dang Tran) en faveur de la sortie de l’UE,  du retour au Franc, et principalement   le fait que le député de Vénissieux tourne le dos à l’internationalisme et à l’unité du genre humain en ne « (cessant) de stigmatiser les étrangers et la communauté musulmane ». « Ses nombreuses déclarations sur ces questions vont dans le sens de la propagande du Front National et d’autres mouvements racistes – qui n’ont pas manqué d’approuver et reprendre ses propos. Le 23 juin dernier, par exemple, le Front National de la Jeunesse publiait un article intitulé : Monsieur Gerin, on vous attend dans nos rangs. »

Au-delà de la langue de bois et du psittacisme « anti-capitaliste » déployés ici, le plus intéressant se trouve dans les commentaires de cet article, qui démontrent, s’il en était besoin, le trouble des communistes. Le dénommé « Révizor » « membre du PCF jusqu’en en 2003 » approuve « les camarades Gerin et Emmanuel Dang Trang » et écrivait hier : « Concernant l’immigration rappelons ce que disait le PCF à l’époque où il n’était pas encore complètement inféodé à la social-démocratie et à l’union européenne et à l’époque où il n’avait pas encore complètement substitué à la lutte de classe la défense des sans-papiers, la légalisation du mariage homosexuel bref toutes revendications de la bourgeoisie. Maintenant le PCF est devenu une simple succursale du PS et d’une façon générale est politiquement correct et n’a plus de visiblité politique nationale depuis qu’il s’est livré à l’ancien trotskiste-socialiste Mélenchon »

Le même jour, « Illitch » expliquait que « la démarche » d’André Gérin, « un député communiste honnête, sincère », « hume bon le patriotisme et n’est pas sans rappeler les grandes heures du PCF, du Front populaire à la Résistance au nazisme, du Front national uni appelé de ses vœux par Jacques Duclos en 1952 au Produire français lancé par le PCF de Georges Marchais (…). Oui, l’immigration et le regroupement familial vont à l’encontre des intérêts de la classe ouvrière française et servent les intérêts de la bourgeoisie transnationale. Oui tout communiste doit combattre l’existence de ghettos ethniques, religieux et territoriaux autoconstitués, largement indépendants de la condition sociale de leurs habitants. Oui, l’électorat communiste s’est réfugié dans le vote FN. Au lieu de ratiociner contre André Gérin, analysez plutôt les résultats des votes à La Courneuve, à Saint-Denis ou dans le Nord... »

Alors, faire de la politique implique de ne rien oublier mais aussi ne pas vivre dans le passé, ne pas rester l’œil rivé sur le rétroviseur. En ce sens, nous ne pouvons que nous réjouir de l’évolution d’André Gérin, nommé dernièrement à la tête de la commission chargée du rapport sur le port du voile intégral. Oui, cet élu communiste a changé, changement que le quotidien Libération analysait le 27 janvier 2010 comme la conséquence de la menace que fait planer le FN sur ses terres électorales.

Qu’importe la raison après tout, ce qui compte, c’est qu’une voix supplémentaire s’élève pour clamer le refus d’une colonisation de peuplement qui menace la France dans son essence. Encore un effort et André Gérin admettra publiquement qu’il s’est lourdement trompé en réclamant l’interdiction du Front National…et en restant au PC «F» ?

 

 

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