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Un grand écrivain français s’est éteint

Breton aux allures de gentleman britannique,  l’écrivain Michel Mohrt, nous a quittés  le 17 août à l’âge de 97 ans, au terme d’une vie toute entière consacrée à la littérature,  irriguée par la conscience du déclin français,   l’amour de la mer et de sa terre natale. Auteur d’une trentaine de romans largement ignorés par les coteries médiatiques et les précepteurs du « bon goût »,   il avait été élu à l’académie française en 1985, dont il reçu le Grand Prix pour son  roman    La prison maritime en 1969. Ancien militant d’Action Française, marqué à vie par la terrible défaite de 1940 –il était officier dans les chasseurs alpins  en Vésubie face aux italiens en 40- , Mohrt était un homme aux solides convictions droitières.

Dans son livre   Mon royaume pour un cheval (1949), mais aussi    dans  Le Tombeau de la Rouërie, publié en 2000,  Michel Mohrt rendait hommage,  sans souci du politiquement correct et des mythes dominants, à ses amis égarés,  par idéal et sans calcul, dans le camp des maudits ;  notamment à Jean Bassompierre, qui lutta contre le stalinisme sur le front de l’Est sous l’uniforme allemand.

Fuyant l’atmosphère étouffante, le climat de  guerre civile larvée de l’après-guerre, il s’installera en 1947 (et jusqu’en 1952) en Amérique  où il  enseignera  dans plusieurs universités prestigieuses, aux Etats-Unis et au Canada, n’hésitant pas à soumettre à ses étudiants lors de  ses cours sur le roman français contemporain, les œuvres d’écrivains, qui, de  Robert Brasillach à Pierre DrieuLa Rochelle en passant par Paul Morand et Marcel  Jouhandeau,  figuraient sur la liste noire dressée alors par les communistes et le Comité d’épuration.

 Spécialiste de la  littérature anglo-saxonne, il intégrera en 1952, la maison Gallimard comme responsable des traductions. C’est son amour pour l’œuvre de William Faulkner qui fera éclore la fidèle et longue amitié qui le liera, bien avant son entrée à l’Académie,  à un autre « immortel », de trente ans son cadet,   Erik Orsenna.  « Plume » fameuse de  François Mitterrand du temps où il était son « conseiller culturel », celui-ci    lui a rendu un bel hommage, rappelant notamment avec émotion  leurs  rencontres annuelles à Loquirec (Finistère)  en compagnie de la grande helléniste et académicienne Jacqueline de Romilly qui y venait en villégiature.

Dans le quotidien Le  Telegramme Erik Orsenna confiait : «J’ai l’impression (que (Michel Mohrt)  était resté sur les mêmes racines idéologiques, mais on n’en parlait pas». «Lui et moi étions nourris de Bretagne. Lui était de là et moi d’adoption. Puis nous avions cette passion de la mer et celle de la littérature américaine. C’est très étrange que deux fous de Bretagne, l’un de gauche, l’autre de droite, se soient retrouvés dans cette passion pour Faulkner» .  «Relisez La prison maritime ajoutait-il, c’est un livre étonnant, avec un côté adolescent, bourré de force, de camaraderie et d’aventure».

Est-il cependant utile de préciser que la belle langue classique de Michel Mohrt n’est guère soumise à la curiosité des jeunes générations. Notamment dans les écoles de notre république décadente où nos adolescents se voient contraints d’ingurgiter,  tant bien que mal, un brouet d’auteurs contemporains,  médiocre et indigeste,  mais beaucoup plus dans l’air (vicié)  du temps.

 

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