Alors le rêve de Bernard-Henry Lévy et de tous les défenseurs (atlantistes) des droits de l’homme se réalisera-t-il ? Des Lybiens qui ne seraient plus obligés ( ?) de faire le ramadan, des libyennes qui pourraient épouser des non musulmans, une gay pride organisée à Tripoli, la reconnaissance d’Israël par la CNT, les fous d’Allah anti-kadhafistes et autres combattants salafistes d’Aqmi ramenés à de meilleurs sentiments démocratiques et balayés par un coup de baguette magique…
A 2000 kilomètres de là, après cinq mois de violences impliquant forces fidèles au régime, Kurdes, démocrates, libéraux, islamistes financés et armés par l’Arabie saoudite, le président syrien Bachar al-Assad a repoussé l’injonction de M Obama et de ses alliés occidentaux à quitter le pouvoir. Celle-ci a été formulée pour la première fois sur un mode impératif jeudi dernier.
Déjà, après l’adoption le 3 août par le Conseil de Sécurité de l’ONU d’une résolution concernant la Syrie, la porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, avait été très clair : « Par égard pour la stabilité, nous ne voulons pas qu’il (Bachar al-Assad, NDLR) demeure en Syrie. Nous le voyons plutôt comme la cause de l’instabilité en Syrie appelé à un changement de Régime ».« Nous pensons honnêtement pouvoir affirmer avec certitude que la Syrie serait un meilleur endroit sans le Président Assad. »
Début août, un projet de loi présenté par le Sénateur Lieberman avait été introduit au Sénat américain pour durcir les sanctions économiques contre Damas. Il a été entendu également par…l’union Européenne. Nouveau volet dans la batterie des mesures de rétorsion prises jusqu’alors, un embargo sur l’importation de pétrole brut syrien serait imminent, au terme de l’accord auquel les ambassadeurs des pays de l’UE seraient parvenus.
Un écroulement du régime syrien, auquel M. Sarkozy faisait encore les yeux doux il y a quelques mois, faciliterait-il une éventuelle « transition démocratique » ? Beaucoup d’analystes occidentaux émettent des réserves à ce sujet, notamment l’ancien officier du renseignement britannique, le MI- 6, Alistair Crooke qui souligne le rôle de radicaux islamistes dans les violences en Syrie. Ses propos ont été rapportés le 11 août par Andrew Rettman (Global Research) : «C e sont des guérilléros urbains expérimentés qui se sont battus en Irak et obtiennent du financement de l’extérieur. Ils infiltrent les manifestations pour attaquer les forces d’Assad, comme à Jisr al–Choughour en juin, où ils ont infligé de lourdes pertes (…). Il existe deux forces importantes derrière les événements (en Syrie), soit des radicaux sunnites et des groupes d’exilés Syrien en France et aux États-Unis. »
Crooke a déclaré que les groupes d’exilés cherchent à renverser le régime allié de l’Iran : « Ils sont financés et entraînés par les États-Unis et ont des liens avec Israël. Ils paient les chefs tribaux sunnites pour qu’ils envoient des gens dans les rues, ils travaillent avec les ONG pour alimenter les médias occidentaux d’histoires non- corroborées à propos d’atrocités et coopèrent avec des radicaux en espérant que la violence accrue justifie une intervention de l’OTAN. »
Le 12 juin dernier, sur CBS, le sénateur Lindsey Graham (qui siège au Comité sénatorial américain pour les forces armées) déclarait que « s’il était logique de protéger les Libyens contre Kadhafi, et ce l’était car ils auraient été massacrés si nous n’avions pas envoyé l’OTAN lorsqu’il était à la périphérie de Benghazi, le monde doit se demander si nous en sommes rendus là en Syrie (…). Nous n’en sommes peut-être pas encore là, mais l’on s’en approche, donc si cela
vous importe vraiment de protéger les Syriens d’un carnage, il est temps de laisser savoir à Assad que toutes les options sont sur la table. »
A tout le moins, la coopération militaire et le soutien de la Moscou au régime en place à Damas (une base navale russe existe à Tartous dans le nord de la Syrie), semble exclure de prime abord une intervention dans cette poudrière régionale, sachant que la Russie opposerait son veto à un mandat de l’ONU allant en ce sens.
L’Ambassadeur de Russie auprès de l’OTAN, Dimitri Rogozine, dans une entrevue avec le journal Izvestia, s’est cependant montré assez inquiet sur la suite des événements : « L’OTAN planifie une campagne Militaire contre la Syrie
afin d’aider à renverser le régime du Président Al-Assad et ayant pour objectif, à plus long terme, de préparer une tête de pont pour une attaque contre l’Iran (…). Nous sommes (…) préoccupés par l’escalade d’une guerre à grande échelle dans cette énorme région...»
Avant d’ajouter qu’une action militaire à grande échelle est très peu probable du fait de la crise financière, et ses répercussions sur les opinions publiques, qui frappe très durement les pays de l’OTAN. Encore faut-il que selon les calculs des sectateurs du Nouvel ordre mondial et de ses soutiens financiers, les inconvénients l’emportent sur les avantages. Attendre et voir…