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La Fondation Jean Jaurès et « l’offre Marine Le Pen »

Marine Le Pen a publié hier un communiqué, le jour même de la publication par l’INSEE d’une étude indiquant qu’il y aurait en France plus 8,2 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté –voir l’article publié hier sur le blog de Bruno Gollnisch. La présidente et candidate du FN y évoque un certain nombre de pistes pour faire reculer celle-ci, fixant l’objectif qui est celui de l’opposition nationale de faire sortir cinq millions de personnes de la pauvreté. Un message de justice sociale et de solidarité nationale porté depuis l’origine par le FN et qui rencontre un écho grandissant dans l’opinion. Une évidence confirmée par l’étude publiée par la Fondation Jean-Jaurès (liée au PS), intitulée « Le point de rupture » et supervisée par le sociologue Alain Mergier, directeur associé de l’Institut Wei, et Jérôme Fourquet, de l’Ifop, sur laquelle le quotidien La Croix a consacré aujourd’hui un article.

Une étude est il indiqué qui à « la particularité d’être centrée sur les milieux populaires – employés et ouvriers dont le salaire mensuel est inférieur à 1 250 € net. »

Ainsi, il est expliqué que le vote FN révèle « une demande de protection » des milieux populaires. « Alain Mergier et Jérôme Fourquet renversent l’ordre des facteurs : il s’agit, selon eux, non pas d’un phénomène Marine Le Pen, ,du côté de l’offre politique, mais d’un phénomène milieux populaires ,du côté de la demande politique. »

La présidente du FN bénéficierait ainsi d’une « empathie de points de vue de la part des catégories populaires, parce qu’elle serait la seule à satisfaire une triple demande de protection : protection des personnes physiques, protection économique des salariés, protection nationale face à la mondialisation. »

Face à l’adhésion  croissante des Français pour l’alternative politique défendue par le FN, les auteurs appellent « à l’élaboration d’une autre offre politique qui ne confonde pas, elle, populiste et populaire, demande de protection et protectionnisme, demande de sécurisation et idéologie sécuritaire . D’autant, mettent-ils en garde, que cette aspiration à changer la réalité et non plus s’y plier se développe désormais au sein de la classe moyenne . »

Dans la synthèse de cette étude présentée sur le site de la Fondation Jean Jaurès, il est rapporté qu’ « entre fin 2010 et début 2011, quelque chose a basculé dans l’opinion et en particulier dans les milieux populaires, et l’effet d’attraction produit par le discours de Marine Le Pen s’explique par un fond commun de représentations structuré par un sentiment général d’ insécurisation ». « La tension sociale est réelle, la révolte et la colère sont à leur comble parmi les ouvriers et le sentiment d’injustice gagne du terrain parmi la classe moyenne ».

« (…). L’idée se répand selon laquelle le pouvoir réel et effectif serait non plus aux mains des politiques mais des marchés financiers, pendant que l’image d’un pouvoir sans partage détenu par l’oligarchie financière et confisqué à la sphère politique s’impose dans les milieux populaires. Le monde politique se trouve ainsi décrédibilisé non plus seulement au titre de son incompétence et de ses abus, mais au titre, désormais, de son impuissance. A cela s’ajoute l’idée d’une  Europe de la contrainte , qui démunit la politique nationale française face à la concurrence internationale. »

« En sus des diktats des marchés financiers et des contraintes imposées par l’Europe s’ajoute encore la question de la dette. Dans les milieux populaires, l’endettement national est aussi compris par analogie avec l’endettement, ou plutôt le surendettement du foyer, dont la menace plane comme le spectre d’une catastrophe dont on ne peut pas se relever. Dans ces conditions, Marine Le Pen en dénonçant le carcan de la construction européenne et en défendant ardemment un retour au franc rencontre un public conquis. »

Cette étude insiste également sur l’adhésion des classes populaires au discours du FN sur les insécurités (physique, économique, sociale). Insécurité, qui ne se réduit pas en effet à l’insécurité physique, au phénomène d’explosion de la délinquance. Une insécurité est-il encore analysé, qui « concerne aussi le sentiment d’être dépossédé de sa culture et de ses valeurs face à la présence imposante des populations immigrées dans des zones d’habitation à forte concentration populaire. »

Les auteurs soulignent également que ce rejet des politiques menées par l’UMPS ne se cantonnera pas à une grève du vote des milieux populaires qui « sont bien loin de rejeter la politique comme mode d’action. » « La prochaine élection présidentielle apparaît à cet égard comme investie d’enjeux cruciaux. Dans cette conjoncture, Marine Le Pen bénéficie pleinement d’une dynamique anti-système dans laquelle s’inscrit l’idée que le clivage droite / gauche n’est plus pertinent. Le vrai clivage pour les milieux populaires se situerait aujourd’hui entre une offre politique volontariste, capable de reconquérir le pouvoir effectif contre l’hégémonie des marchés, et une offre politique par trop fataliste qui s’y plie. »

Bref,  « si à cette demande (de protections) ne répond qu’une seule offre qui est celle de Marine Le Pen, il ne faut pas s’étonner du succès de cette dernière » concluent les auteurs. Avec (une fausse ?) naïveté, l’article de La Croix s’interroge cependant sur le fait suivant : « l’étude n’explique pas pourquoi les discours de Jean-Pierre Chevènement ou Nicolas Dupont-Aignan, voire Jean-Luc Mélenchon et Arnaud Montebourg avec la démondialisation , ne profitent pas, eux aussi, de cette aspiration. »

Pourquoi ? Tout simplement parce que l’opposition nationale est la seule à prôner l’inversion des flux migratoires, l’arrêt de l’immigration de peuplement, le retour dans leur pays d’origine des catégories d’immigrés qui n’ont rien à faire à France. Et cette partie là du programme frontiste est (aussi) pour beaucoup dans l’adhésion et l’espoir suscités par le FN.

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