Nathalie Kosciusko-Morizet était hier soir en débat face à Marine Le Pen sur Europe 1 et I-télé. Comme l’a souligné le site de Marianne, « Michaël Darmon, présent aux côtés d’Arlette Chabot pour animer les échanges, n’est autre que l’un des deux commanditaires du livre de NKM. Après avoir tenté de faire porter le projet à Rama Yade sans succès, le journaliste et Yves Derai, directeur des Editions du Moment, ont contacté Kosciusko-Morizet. Etrange donc, de le retrouver en plateau ce soir pour conduire le débat…. »
Toujours est-il que dans cette joute verbale, la candidate du FN a poliment mais assez implacablement réduit à néant le discours formaté et convenu du ministre en plein déni du réel.
Déficit, chômage, emplois industriels, insécurité(s), logement social, poursuite de l’immigration de peuplement, croissance, zone euro… Mme Nathalie Kosciusko-Morizet , retranchée derrière les dossiers et les statistiques préparés par les communicants de son cabinet, a bien tenté de maquiller les échecs du gouvernement derrière la crise de 2008. Mais elle n’a guère convaincu face à une Marine Le Pen qui a pointé les contradictions, les erreurs, les mensonges, l’incapacité de la droite mondialiste à sortir du cercle vicieux dans lequel est engagé la France
Exemple emblématique de ce débat, le moment ou NKM a vanté les bienfaits de l’immigration, affirmant, en contradiction avec toutes les analyses sérieuses, notamment celle d’un Jean-Paul Gourévitch, que celle-ci rapportait 12 milliards d’euros chaque année à la France !
La réponse de Marine a été aussi drôle que bien sentie : « Vous nous dites que la France gagne 12 milliards d’euros par an grâce à l’immigration mais allez au bout de votre logique, si on fait rentrer le double d’immigrés on aura 24 milliards d’euros par an ! » Incapable de répondre, NKM s’est contentée de rosir…
Rose, Martine Aubry l’était aussi jusqu’au bout des ongles hier soir dans la ville du même nom, à Toulouse, pour le lancement officiel de sa campagne. Evitant les sujets délicats, elle n’a pas évoqué la probable mise en examen aujourd’hui, par le juge Charles Duchaine, de son ami président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, pour prise illégale d’intérêt, trafic d’influence et association de malfaiteurs avec son frère Alexandre.
Elle n’a pas soufflé mot non plus du cas de Bernard Granié. Le président PS du Syndicat d’agglomération nouvelle (San) Ouest Provence, jugé en appel pour favoritisme et corruption passive dans des marchés publics de collecte de déchets au détriment de la ville de Fos-sur-Mer. L’avocate générale avait requis 3 ans de prison, 150 000 euros d’amende, 5 ans d’inéligibilité et autant d’interdiction de voter.
Pas une remarque non plus sur les difficultés de l’apparatchik socialiste et ancien secrétaire fédéral de l’Hérault, Robert Navarro, un an après le placement sous tutelle de cette fédération. Exclu mais siégeant toujours dans le groupe PS au Sénat, il lui est notamment reproché une (mirobolante) série de facturations de pizzas pour plus de 40 000 € en moins de trois ans, facturée par la pizzéria Les Hockeyeurs, dont le patron… est un ami de Robert Navarro…On pousse le palet un peu loin ou on a bon appétit au PS ?
Non, Mme Aubry s’est concentrée sur le programme. Hormis la question de la retraite à soixante ans, la rivale de François Hollande –qui accuse un retard de 10 points dans les sondages par rapport à ce dernier- a promis comme les pontes de l’UMP de « faire barrage à l’extrême droite » , de « combattre le chômage de masse », de « préserver l’intérêt général des assauts du marché », de « donner sa chance à la jeunesse des quartiers » (pas de chance pour les autres ?)…
Dans Les quatre vérités, Jean Rouxel relevait que «la principale faiblesse de l’UMP» pour les élections de 2012 «tient au rejet puissant dont la personne (…) de Nicolas Sarkozy fait l’objet. À quoi il faut ajouter le caractère peu lisible de la différence entre PS et UMP, largement acquis aux mêmes idées social-démocrates.» A entendre hier Nathalie Kosciusko-Morizet et Martine Aubry, la confirmation de cette vérité là était éclatante.