Ce revirement de M. Borloo, avec lequel, malgré la profondeur de leurs divergences politiques, Bruno Gollnisch est resté en bons termes à titre personnel depuis leur passage dans la même troupe chez les scouts, ne surprendra que les naïfs. Il est en effet entendu que M. Borloo n’a jamais cessé ces derniers mois de rouler objectivement pour Nicolas Sarkozy.
Sa candidature avait à l’origine pour ambition majeure d’asphyxier celle de François Bayrou (qui pour l’instant ne décolle pas) et d’apporter des réserves de voix à M. Sarkozy dans la perspective d’un second tour. La perte symbolique du Sénat et les mauvais sondages qui s’empilent pour le champion de l’UMP ont contraint finalement les co-organisateurs de la diversion Borloo à jeter l’éponge, face au risque d’une élimination de M. Sarkozy dés le premier tour du fait de la dynamique en faveur de Marine Le Pen.
D’autant que le combat entre éléphants socialistes candidats à la candidature présidentielle se tend sérieusement. Une querelle des égos plus que des programmes, à l’exception notable d’Arnaud Montebourg qui souhaite faire main basse sur la part de marché anti-mondialisation de gauche, afin de limiter au maximum le vote Mélenchon chez les électeurs socialistes. Invité du «Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro», M. Montebourg, a déclaré que « tout vote pour Martine Aubry serait parfaitement inutile» et reconnu implicitement être plus proche du président-candidat du Front de Gauche que de François Hollande.
Une agitation qui écorne singulièrement l’unité et la fraternité de façade du PS, sentiment de fracture que le ralliement indirect de Borloo à la majorité présidentielle pour 2012, négocié avec Sarkozy, ne fait qu’amplifier.
Dans ce climat, M. Borloo sur TF1 a joué sur du velours en expliquant que « les temps sont suffisamment troublés pour ne pas ajouter de la confusion à la confusion » qu’en « son âme et conscience », il estimait que sa candidature « apporterait probablement plus de la confusion que des solutions », que « les centres n’ont jamais été aussi éclatés », que « cette dynamique des centres » qu’il souhait n’était « pas suffisante pour porter une candidature, non pas de témoignage mais pour être présente au second tour de la présidentielle ».
La peur de favoriser par sa candidature la présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle a bien sûr été évoquée à l’appui de sa décision par l’ ex ministre de l’Ecologie : « Dans ces périodes (de graves crises), la perte de repères, la peur, le désarroi amènent vers les extrêmes, que cela soit en France ou en Europe. Et puis, le climat délétère, le climat des affaires, très franchement me paraît accentuer ce risque ».
Ce type de manœuvres désespérées ne doit pas cacher pour autant l’inéluctabilité de la recomposition de notre paysage politique, la classe politicienne apparaissant aux yeux de nos compatriotes de moins en moins capable de répondre aux défis de la crise et aux périls de la mondialisation. A leur manière un Arnaud Montebourg où les créateurs de la Droite Populaire l’ont compris.
Invité de « La Voix est libre » samedi sur France 3, Bruno Gollnisch l’a constaté en rappelant qu’il « (ferait) tout pour que Marine soit au deuxième tour de l’élection présidentielle », et la grande ligne de faille existant entre l’opposition nationale et les partis européistes. Il a ainsi appelé de ses vœux la nécessité sur le plan économique d’un véritable protectionnisme protégeant les Français et les Européens, son souhait aussi de voir se mettre en place un panier de monnaie, l’Ecu, qui intégrait les fluctuations économiques des différents pays, alors que « l’euro n’a pas tenu ses promesses ».
Le responsable du Pôle Souveraineté de la campagne de Marine, qui a toujours oeuvré pour accroitre l’audience de l’opposition nationale, a souligné qu’il ne s’est jamais « réjoui d’être le diable ou d’être dans un ghetto ! », infréquentabilité décrétée du FN sur lequel l’UMP a d’ailleurs construit une partie de son fond de commerce.
Mais les temps changent et Bruno Gollnisch s’est dit persuadé que le souhait du sarkozyste Thierry Mariani de la Droite populaire, qui « veut agiter un certain nombre de valeurs (…) qui sont celles de la droite nationale mais ne veut pas d’entente avec la droite nationale » est intenable. A contrario, a-t-il réaffirmeé, « l’UMP, ne survivra pas à l’échec de Nicolas Sarkozy (…) des blocs s’en détacheront. Qui y aura-t-il à l’intérieur? Je n’en sais rien mais des blocs s’en détacheront qui seront contraints de faire alliance avec le FN ».
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