Il ne s’agit pas bien évidemment dans notre esprit de mettre sur le même pied l’ensemble des établissements proposant à leur clientèle une nourriture « exotique » qui a aussi ses charmes, souvent saine et savoureuse quand elle est de qualité.
Mais nous comprenons pleinement les mesures prises dans un certain nombre de municipalités italiennes visant à lutter contre la prolifération des lieux de restauration étrangers aux traditions locales. Le journal transalpin La Repubblica (article repris dans le dernier numéro de Courrier international) évoque cette question.
En Italie, pays soit dit au passage, où les chaînes de restauration rapide made in USA sont beaucoup moins implantées qu’en France, il y aurait aussi à l’évidence sensiblement moins d’enseignes qui proposent « de l’ethnofood » (2500), parmi lesquels 75% sont chinoises ». Elles génèrent un chiffre d’affaires de « 200 millions d’euros par an, dont 80 millions rien qu’à Milan, la capitale du Kébab (et de l’immigration arabo-musulmane en Italie, NDLR) : environ 400 restos de kébab sur 1200 enseignes étrangères »…
Il est rappelé que la première mesure visant à limiter le nombre des gargotes étrangères a été prise dans une commune de Toscane à Pistoia en 2007, dont le maire, Renzo Berti, a souhaité interdire le centre-ville à ce type d’établissements, notamment pour des raisons esthétiques. « Nous avons ainsi redonné du souffle à l’économie locale explique-t-il. Un fast food ou un restaurant chinois dans cette zone là, cela aurait vraiment été comme un coup de poing dans l’œil ». Il se défend d’avoir agi « pour des raisons idéologiques ou de sécurité », de faire de la « discrimination »…
Autre exemple, à Forte dei Marmi (Toscane), « Umberto Buratti, élu de centre gauche, a décrété l’interdiction absolue d’ouvrir quelque restaurant que ce soit, ne proposant pas de cuisine italienne traditionnelle dans le centre historique et sur le bord de mer de la commune (…). » « Il faut retrouver notre spécificité, le genius loci (l’esprit du lieu) » explique M.Buratti. Notre décision, qui a été prise à l’unanimité en conseil municipal, a pour but de protéger les produits gastronomiques locaux. Pourquoi un touriste viendrait-il à Forte dei Marmi pour manger de la paella ou un kébab ?»
Logiquement la Ligue du Nord mène aussi ce combat de réenracinement culinaire est-il encore indiqué, « au nom de la défense de l’ordre public et de la lutte contre les dégradations, à Pavie, Bergame (Lombardie), Cittadella (Vénétie) et autres forteresses léguistes. » « A chaque fois les maires ont été taxés de xénophobie et accusés d’agir illégalement », même si comme nous l’avons vu, « des dispositions similaires ont été adoptées par des équipes municipales de centre gauche. » A l’évidence plus insensibles au politiquement correct que leurs homologues français, ces élus italiens (non sans hypocrisie ?) « insistent bien sur le distinguo » à opérer tout de même entre eux et les « extrémistes » : « nous le faisons pour protéger la beauté et les produits typiques de nos villes ».Préoccupations qui sont pourtant elles aussi bien présentes au sein dela Ligue du Nord !
Plus drôle encore, « les accusations de racisme » émanant « des associations de défense des immigrés » et « la perplexité des commerçants (étrangers qui) posent une question redoutable » estime La Repubblica : « Si New York ou Londres avaient imposé des interdictions du même genre, que serait-il advenu des immigrés italiens et leurs milliards de pizzas à emporter ? » Nation créée de toute pièce par l’immigration de peuplement, cette interrogation est totalement non fondée concernant les Etats-Unis et a fortiori la ville de New York. Quant à comparer l’implantation des restaurants de nos cousins italiens en Europe avec la déferlante des établissements hallal ou asiatiques dans les communes britanniques ou françaises, c’est une manière assez piteuse d’esquiver le fond du problème.
« En matière de repli autarcique (sic), le flamboyant maire de Florence, Matteo Renzi (Parti démocrate, gauche), a placé la barre encore plus haut » s’inquiète ( ?) l’auteur de l’article. « Après avoir bloqué la demande de licence des fast-foods (…) dans le centre-ville, il imposera bientôt aux petites échoppes touristiques de retirer de leurs vitrines les gadgets et souvenirs de fabrication chinoise et coréenne. A l’avenir les touristes ne pourront acheter le fameux tablier I love Florence –produit phare de l’inépuisable fabrication chinoise à bas coût-uniquement s’il a été cousu par une entreprise italienne. »
Un bon début qui montre à l’évidence une certaine cohérence de la part du maire de Florence dans sa lutte contre les effets pervers de la mondialisation. Comme le note Bruno Gollnisch, ceux-ci ne peuvent être efficacement combattus qu’en se réappropriant non seulement le genius loci mais plus largement notre génie national. C’est-à-dire en rejetant l’idéologie mondialiste du tout vaut tout, du laisser-faire laisser-passer, qui s’impose aussi dans nos assiettes et sur les enseignes des restaurants de nos villes.