A contrario, n’avait pas été interdit de commémoration, l’intellectuel et psychiatre antillais Frantz Fanon, héraut du tiers-mondisme, inspirateur notamment des black panthers et des mouvements d’émancipation africains. Un homme, comme le soulignait alors Thierry Rolando, Président national du Cercle algérianiste, « passé au FLN en pleine Guerre d’Algérie, jusqu’à devenir collaborateur du journal El Moudjahid et ambassadeur, en mars 1960, du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne. » « Nous ne saurions oublier que Frantz Fanon fut aussi l’auteur des Damnés de la Terre paru en 1961, où il en appelait, avec Jean-Paul Sartre, au meurtre des Européens d’Algérie » poursuivait-il.
Lors de sa réunion publique dimanche à Perpignan, Marine Le Pen a choisi pour sa part de rendre hommage aux harkis et aux rapatriés d’Algérie. Elle a rappelé avec force, comme l’énonce depuis toujours le FN et Bruno Gollnisch notamment –voir notre article du 25 janvier- , que « la première chose qu’il aurait fallu faire, c’est de respecter la promesse qui a été faite aux Français d’Algérie, celle de leur témoigner la reconnaissance de la communauté nationale ». Il fallait « régler d’une manière définitive par une loi-cadre les questions patrimoniales et morales liées à l’exode de ces mêmes rapatriés, de ces harkis, ce que je fais dans mon projet présidentiel ». Il fallait bien évidemment aussi « réaffirmer notre opposition à toute commémoration du 19 mars 1962 » date des accords d’Evian marquant «la fin de la guerre d’Algérie »…et le début des massacres de masse, tortures, enlèvements et viols perpétrés par le FLN avec la complicité du pouvoir gaulliste.
Marine a invité d’ailleurs Pieds-Noirs et Harkis à ne pas se laisser embobiner par les mensonges de l’UMP. « Je vous ai compris, vous avez déjà donné! », at-elle clamé en référence à la célèbre phrase prononcée par De Gaulle à Alger , devenue le symbole de sa duplicité et de sa trahison des Français d’Algérie.
Comme un François Hollande clamant sa volonté d’aller plus loin dans la repentance de la France au sujet de son « attitude » pendant le conflit algérien, le gouvernement UMP a adressé un message de soumission aux exigences du FLN au pouvoir à Alger. Le quotidien algérien l’Expression (édition du 5 janvier) relatait ainsi que Nicolas Sarkozy a nommé « dans la discrétion le 23 octobre dernier, Hubert Colin de Verdière, coordonnateur général de l’ensemble des initiatives qui marqueront en 2012, le 50e anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie. »
« A Alger, cette nomination a été perçue comme étant un choix judicieux et un signe annonciateur d’un apaisement des relations entre les deux pays » est-il écrit… Né en 1941, membre du club le plus puissant de France, Le Siècle (auquel appartiennent notamment, les candidats Hollande Sarkozy et Bayrou), M.de Verdière a été à deux reprises ambassadeur de France en Algérie.
Dans son livre consacré au club cité plus haut, Emmanuel Ratier note que Hubert Colin de Verdière « se signala lors d’un déplacement à Sétif le 26 février 2005 en présentant une repentance en bonne et due forme pour la tragédie inexcusable qui a particulièrement endeuillé votre région (…) je veux parler des massacres du 8 mai 1945…Fallait-il hélas qu’il y ait sur cette terre un abîme d’incompréhension entre les communautés , pour que se produise cet enchaînement d’un climat de peur, de manifestations et de leur répression, d’assassinats et de massacres. »
L’Expression indique encore que ce diplomate qui « garde ses réseaux et maîtrise parfaitement le dossier Algérie », « a été installé au Quai d’Orsay (et) aurait dans son équipe le patron de France Télévisions, Rémy Pfimlin.» Membre lui aussi du Siècle, ce dernier s’est signalé dernièrement –voir notre article en date du 19 janvier- en apportant son soutien à Laurent Ruquier, qui avait présenté à l’antenne une affiche de Charlie Hebdo ou l’on voyait un excrément sur fond de drapeau français avec ce commentaire : « Le Pen, la candidate qui vous ressemble ». La boucle est bouclée en quelque sorte…