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Responsables et coupables

C’est une première en France. Alors que Nicolas Sarkozy a finalement annoncé que les « troupes françaises combattantes » dans le cadre de l’ISAF quitteront  l’Afghanistan « fin 2013 » avec plusieurs mois d’avance   sur le calendrier initialement prévu, la cour d’appel de Paris vient de donner son accord  pour  l’ouverture d’une enquête judicaire pour « homicides involontaires » sur la mort de dix militaires français lors de l’embuscade d’Uzbine, en aout 2008. Le juge  Frédéric Digne, saisi de plaintes avec constitution de partie civile déposées par des proches de soldats tués dans cette embuscade, avait décidé d’ouvrir une enquête en mars 2011, mais le parquet avait alors fait appel. Le ministère public avait expliqué  qu’il n’y avait pas  infraction car « il n’apparaît pas que la conception ou la préparation de la mission aient souffert de carences ou de manquements pouvant être mis en relation avec les pertes humaines causées par l’ennemi. » A contrario,  lors du dépôt de leur première plainte, les familles avançaient  que les soldats  avaient été victimes d’un « manque de moyens évident », mais aussi, accusation encore plus grave,   que « certains officiers n’avaient pas été à la hauteur de leur mission ».

Il appartiendra donc au juge  de déterminer s’ il y a eu ou non eu des fautes d’imprudence, de maladresse, d’inattention ou un manquement à une obligation de sécurité et de prudence.

Avocat de plusieurs  des familles  qui ont subi  la perte d’un être cher à Uzbine, Me Gilbert Collard (à la tête par ailleurs du Comité de soutien présidentiel de Marine Le Pen)  a déclaré qu’il allait demander l’audition de plusieurs militaires, celle du prévôt (police judiciaire aux armées), et la déclassification d’un rapport établi sur cette embuscade. Il a évoqué «  une réaction de soulagement »  l’annonce de ce feu vert de la justice,  « parce que, par l’intermédiaire du procureur, l’Etat a tout fait pour que cette instruction ne soit pas ouverte. Il aura fallu se battre mais on va enfin savoir comment ces jeunes soldats sont morts, comment ils ont été sacrifiés. »

 « On n’a jamais dit qu’un militaire, quand il endossait un uniforme, n’endossait pas sa mort possible » a précisé Me Collard. En revanche, on a toujours dit qu’on n’avait pas le droit d’envoyer des soldats à la mort sans leur donner les moyens de se défendre, sans leur donner les moyens d’échapper à un guet-apens construit par la négligence, par le laxisme de la hiérarchie. »

 La réaction des autorités militaires à l’annonce d’une possible ouverture d’une enquête  judicaire avait elle aussi sa légitimité.  Le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud,  rapporte le blog Secret Defense,  avait récemment prévenu qu’il ferait d’une « judiciarisation excessive » des affaires militaires l’un de ses « points de vigilance » pour 2012.Nous, militaires, avons le droit légal d’infliger la mort. La contrepartie, c’est le devoir, le cas échéant, de la recevoir au nom de la Nation, avait-il dit à l’AFP. Nous faisons un métier hors normes, c’est la raison pour laquelle nous avons un statut qui n’est pas celui des fonctionnaires », a-t-il expliqué: Il n’y a pas une spécificité française, il y a spécificité militaire« . Sinon, dit-il, il n’y aura plus personne pour prendre les décisions ». « un soldat qui meurt au combat n’est pas une victime » avait-il encore précisé…

 Difficile de donner tort à l’amiral Guillaud, même s’il s’agit de replacer le problème sur le terrain politique, et de rappeler notre opposition,  comme l’a fait maint fois Bruno Gollnisch,  à la présence de troupes françaises en Afghanistan comme supplétifs de l’armée américaine et pour y défendre des intérêts  qui ne sont  pas les nôtres.

 Ajoutons que  « le manque de moyens » notamment avancé par les familles des victimes d’Uzbine  comme une des causes de leur mort,   découle directement de la paupérisation de notre outil militaire,  des équipements et matériels du refus  d’augmenter les budgets de nos armées. Or, en cette période troublée,  instable, ou apparaissent  de nouvelles menaces ou émergent  de nouvelles puissances,  il s’agit pourtant d’un impératif.  Ce que refuse de comprendre  l’atlantiste Sarkozy et son jumeau  François Hollande qui  lors de la présentation de son programme, a évoqué une nouvelle réduction des effectifs militaires, afin  que la France reste enchainée à l’Otan et au bon vouloir de l’oncle Sam.

 Alors, le premier responsable de la mort de nos soldats c’est Nicolas Sarkozy et au-delà les députés et dirigeants de l’UMPS qui ont approuvé notre participation à cette opération  par soumission idéologique  au  Nouvel ordre mondial ou manque de discernement géopolitique.

 « Il ya  toujours une tragédie au bout de la bêtise humaine » et comme le relevait Bismarck, « Malheur à l’homme d’Etat qui ne s’efforce pas de trouver un motif de guerre qui soit encore valable après la guerre ». La vérité exige  hélas de dire que nos courageux militaires  tombés sur le sol afghan ont  fait honneur à notre   armée,  mais que leur sacrifice n’a réglé en rien,  comme c’était à prévoir ,  « le problème taliban »  et qu’ils ne sont pas « morts pour la France. »

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