Mais l’absence de Marine Le Pen de cette élection ne servirait-elle pas les intérêts de l’UMP et de son candidat ; voire même à plus long terme l’ensemble de la classe politicienne? Jean-Marie Le Pen a estimé de son côté que l’élimination de la candidate national de ce scrutin signerait « la fin de M. Sarkozy. Il serait battu. Les électeurs du FN, ulcérés, ne le lui pardonneraient pas et ils ne seront pas les seuls!»
Dominique de Villepin, qui a lui aussi plaidé pour un anonymat des parrainages, partage cet avis et prédit des « conséquences immédiates lors des législatives » en juin. « Le déni de démocratie n’est bon pour personne » a-t-il ajouté.
A contrario, la note « d’un interlocuteur de l’UMP » circule actuellement sur internet. Elle s’arrête sur une enquête d’opinion qui tend à démontrer que d’ores et déjà Nicolas Sarkozy serait le grand gagnant de cette mise hors circuit de la présidente du FN.
Concomitamment, un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche paru hier interroge opportunément les électeurs sur leurs intentions de vote dans le cas où Marine n’aurait pas obtenu les parrainages nécessaires. Dans ce cas de figure François Hollande et Nicolas Sarkozy feraient jeu égal avec 33% des voix chacun au premier tour, alors que le sondage Ifop pour Paris-Match du 3 février donnait le candidat socialiste cinq points d’avance sur le président sortant -29,5% des intentions de vote contre 24,5%.
Alors que Bruno Gollnisch animait la veille avec Frank Briffaut une belle réunion de plus de 300 personnes sur les terres du Nord, Marine Le Pen, qui tenait hier une grande réunion publique à Toulouse devant 1500 personnes a prévenu : « Je ne me laisserai pas faire ! » Elle a fustigé l’hypocrisie d’une classe politicienne ânonnant que « ce serait ennuyeux (qu’elle soit absente), mais c’est la loi. Ils osent nous accuser de mensonge, (…) Fillon, Aubry disent Le Pen bluffe. Ce sont eux les menteurs (…) ce n’est pas de moi dont ils ont peur mais de vous, peuple France, qu’ils cherchent à faire taire ! ».« Quel aveu de la part du système qui essaie de nous empêcher d’avoir les parrainages nécessaires depuis des semaines ! ».
Comme un symbole d’ailleurs, ce peuple de France était bien derrière Marine ce dimanche à Toulouse alors que la squelettique contre-manifestation des voitures-balais du Système, organisée par le pauvre Pascal Nakache, président de la Ligue des droits de l’homme, a été un échec historique retentissant de la mobilisation anti-FN dans la ville rose
Outre Aubry et Fillon qui ont été cités par Marine, Xavier Bertrand, ministre du Travail, a estimé que ce probléme des signatures ressortait d’une « stratégie de victimisation »de la part du FN. François Baroin a également traité par le mépris le pluralisme électoral : « On a une loi, qu’elle (Marine Le Pen, NDLR) se débrouille toute seule », a-t-il déclaré. Plus perfide encore, l’actuel ministre de la Défense et ex militant d’extrême droite Gérard Longuet a entonné un couplet similaire à celui des officines antinationales : « Pourquoi les maires — il y en a 36.000 — pourquoi il n’y en a pas 1% d’entre eux qui acceptent de signer pour Mme Le Pen ? Sans doute parce qu’elle dit des choses difficiles et inacceptables » a-t-il « expliqué »…
Une simple question que devrait se poser les pontes de l’UMPS : les électeurs patriotes accepteront-ils encore longtemps d’être tenus pour des citoyens de seconde zone, d’être les victimes de cette discrimination positive de la part du système, de ses atermoiements dans cette affaire relevant pourtant purement et simplement du droit à la liberté d’expression démocratique ? Ils feraient bien d’y réfléchir…