A dire vrai le candidat de l’internationale communiste capitalise aussi sur son indéniable talent de tribun démagogue, le succès incontestable de son rassemblement à la Bastille de dimanche dernier, qui matérialise une dynamique de campagne en sa faveur à gauche.
Sur le site Atlantico, Serge Federbusch explique implicitement que cette percée du vote Mélenchon est une bonne nouvelle pour Nicolas Sarkozy, candidat de l’aile droite du parti bruxellois. Car en effet « à rebours (de François Mitterrand, son modèle assumé), François Hollande est en passe de redonner, par ses hésitations, ses approximations et l’opportunisme de ses prises de position virevoltantes, son lustre perdu à un parti communiste mené par le transfuge Mélenchon. Faire les gros yeux à la bourse de Paris pour, en même temps, caresser la City dans le sens du poil finit par irriter à gauche. » Et en cas de qualification du candidat du PS pour le second tour, « cet élan mélenchonien rendra impossible et impensable une main tendue à François Bayrou et aux centristes. Il faudra choisir, en moins d’une semaine, dans l’entre deux tours, entre l’extrême-gauche et le centre. »
Mais arrêtons-nous aux sondages que nous évoquions plus haut. Selon le sondage CSA -étude réalisée le 19 et 20 mars pour BFMTV, 20 minutes et RMC- M. Sarkozy vire en tête assez nettement avec 30% (+2 points) d’intentions de vote au 1er tour de la présidentielle devant François Hollande (28%, inchangé), Marine Le Pen (13 5%, -2,5 points), François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon (13% chacun, le leader du Front de gauche gagnant deux points)
Dans le sondage BVA publié jeudi, « Première intention de vote réalisée après la révélation de l’identité de Mohamed Merah et le siège de son immeuble », pour Orange, la presse régionale et RTL, François Hollande serait en baisse (29,5%, -1,5 point) mais resterait en tête devant un Nicolas Sarkozy en hausse (28%, + deux points). Surtout Jean-Luc Mélenchon (14% + cinq points depuis février) devancerait Marine Le Pen (13%, – deux points) et François Bayrou (12%, – 1 point). BVA tient cependant à préciser qu’en raison des marges d’erreur, « l’avance »de Jean-Luc Mélenchon « est plus symbolique que statistique »…
Enfin, selon l’enquête quotidienne Ifop-Fiducial pour Paris Match. le candidat de l’UMP est à 28% (+ 0,5 points) devant le candidat socialiste (27,5%, -0,5 point), Marine Le Pen (17%, stable) François Bayrou (12%, inchangé) et Jean-Luc Mélenchon (11%, + 0,5 points).
Il s’agit de rappeler qu’un sondage n’est jamais qu’une photographie, plus ou moins floue, de l’opinion à un instant donné, sachant en outre que près de la moitié de nos compatriotes décide de leur choix final dans les tous derniers jours précédant l’élection…
Et puis souvenons-nous également des enquêtes d’opinion réalisées dans le passé, de ces sondages accordant à Arlette Laguiller 12% des voix ou désignant Jean-Pierre Chevènement comme le Troisième homme…. Il ya dix ans, en février 2002, un sondage Ifop pour Libération donnait Chirac à 23 %, Jospin à 22 % Jean-Pierre Chevènement à 12 %, Jean-Marie Le Pen comme Arlette Laguiller à 7 %… Au second tour, Jospin était donné gagnant avec 51 % des suffrages.
Un sondage TNS réalisé au même moment était identique quant au résultat du second tour, mais donnait Chirac à 24 %, Jospin à 22%, Le Pen à 11%, Chevènement à 10% et Laguiller à 7,5%. En mars 2002, les enquêtes créditaient en moyenne Lionel Jospin d’environ 21-22% au premier tour, derrière Jacques Chirac, mais le désignait toujours comme largement vainqueur au second tandis que Jean-Marie Le Pen plafonnait à 10-11%.
Le dernier sondage CSA du 11 avril 2002 créditait Chirac de 21%, Jospin de 19%, Le Pen de 12% . On connait la suite, le président du FN (malgré la concurrence Mégret) fit près de cinq points de plus, Jospin presque trois de moins et fut éliminé du second tour, Laguiller passa sous la barre des 6% et Chevènement passa tout juste celle des 5%…
Bruno Gollnisch invite donc nos compatriotes et nos sympathisants à garder la tête froide dans leur perception des sondages qui ne sont pas paroles d’évangile… sinon ils remplaceraient les élections ! Enquêtes qui sont aussi des armes insidieuses pour démobiliser une partie de l’électorat qui se résignerait à rester à la maison le 22 avril, au motif que le résultat est déjà verrouillé à l’avance au profit de l’UMPS. Il n’en est rien et la campagne officielle débute le 29 mars!