Bruno Gollnisch : « Le FN n’est pas en campagne contre l’UMP »
Bruno Gollnisch est d’humeur badine. Faire campagne dans la Var au mois de mai a quelque chose « d’agréable », s’amuse-t-il. Même si sa circonscription est tenue par l’UMP depuis vingt-cinq ans, l’ancien héritier de Jean-Marie Le Pen, défait dans sa course à la présidence du FN par Marine Le Pen, veut croire en ses chances d’élection.
France-Soir. Vous êtes élu en Rhône-Alpes depuis 1986. Pourquoi avoir choisi de vous présenter dans le Var pour les élections législatives ?
Bruno Gollnisch. C’est une région que je connais très bien. J’y viens régulièrement depuis 50 ans, et pas seulement pour les vacances. Ma mère y demeure, mes petits-enfants y sont scolarisés… Mais je ne me désintéresse pas pour autant de la région lyonnais. Il se trouve qu’il y a un très bon candidat qui me succède dans la circonscription de Saint-Priest. J’ai en quelque sort trouvé un successeur.
F-S. La troisième circonscription du Var est également celle de Yann Piat. Votre candidature est-elle symbolique ?
B. G. Oui. J’ai bien connu Yann Piat. Nous étions voisins de bureau à l’Assemblée nationale. Elle a été assassinée par des intérêts mafieux certainement liés à la politique… Je ne crains pas de reprendre le flambeau.
F-S. Cette circonscription est également un fief de l’UMP. Nicolas Sarkozy y a recueilli 63% des voix au second tour de la présidentielle…
B. G. Ce n’est pas du tout la meilleure circonscription du Var. En 2007, le candidat UMP a été élu dès le premier tour… Ça ne sera pas facile. Mais j’ai l’habitude de me battre sans que cela soit couronné de succès (rires).
»Tout le monde est coalisé contre moi »
F-S. C’est donc mission : impossible pour vous ?
B. G. Non. Marine Le Pen a fait un très bon score au premier tour de l’élection présidentielle (21,7%, NDLR). Le député UMP sortant, Jean-Pierre Giran, il a un bilan parlementaire quasi inexistant. Mais ça sera dur. Tout le monde est coalisé contre moi. Il y a ainsi plusieurs candidats d’extrême gauche comme Jacques Nikonoff, ancien fondateur d’ATTAC, qui dit venir spécialement pour me combattre. À l’inverse, le candidat du Modem s’est retiré, là encore pour me faire perdre. C’est l’union sacrée contre moi.
F-S. L’UMP vous accuse de faire le jeu du PS en vous maintenant au second tour…
B. G. C’est ce que répète Jean-Pierre Giran… Au niveau national, ils ont dû se faire passer le mot. C’est absolument dérisoire. Si les candidats UMP veulent l’appui du FN, qu’ils le disent.
F-S. Vous avez pourtant parlé d’une « liste noire » de candidats UMP à faire perdre, coûte que coûte…
B. G. Ce terme de « liste noire », je l’ai explicitement exclu. Mais des élus UMP ont déclaré haut et fort que s’ils avaient à choisir entre un candidat socialo-communiste et un candidat du Front national, il voterai pour le premier. Il y a M. Fillon, M. Wauquiez, Mme Kosciusko-Morizet, Mme Jouanno, Mme Pécresse… Ceux-là ne pourront évidemment pas compter sur les voix du FN. C’est un principe de réciprocité.
Mélenchon est un bolchevik. Moi je suis un démocrate
F-S. Est-ce que l’objectif du FN pour ces législatives est d’infliger une défaite cuisante à l’UMP pour que le parti implose ?
B. G. Non. Nous ne sommes pas en campagne contre l’UMP ou pour débaucher à l’UMP. Nous sommes en campagne pour faire prévaloir nos idées.
F-S. Que pensez-vous de la candidature de Jean-Luc Mélenchon face à Marine Le Pen à Hénin-Beaumont ?
B. G. Cela traduit l’obsession de cet homme. Le fait que son adversaire soit le FN montre qu’il est resté un marxiste, un internationaliste. S’il était vraiment hostile au système, il s’attaquerait d’abord au PS et à l’UMP. Personnellement, je n’ai rien contre messieurs Mélenchon ou Besancenot. S’il y a des gens qui votent pour eux, je trouverais normal qu’ils aient des députés pour les représenter. C’est ce qui nous différencie. Jean-Luc Mélenchon est un bolchevik. Moi je suis un démocrate.
Source : France Soir
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