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Mauvais acteurs, film catastrophe, scénario inquiétant

La France, par la voix du ministre des Affaires étrangères,  Laurent Fabius,  a officiellement appelé hier les autorités libyennes à « réagir » et « arrêter les coupables » après l’attaque « inqualifiable » du consulat américain de Benghazi, qui s’est notamment soldé mardi soir  par la mort de  l’ambassadeur américain, Christopher Stevens, et  de trois fonctionnaires. Une attaque, en cette date anniversaire  des attentats du 11 septembre 2001,  qui serait intervenue en réaction au  film « Innocence of muslims ». Une  œuvre   réalisée en Californie, « de très mauvais goût et de piètre facture (dont des extraits)  sont visibles sur Internet depuis quelques jours » rapporte Le Parisien.  Mettant en scène la vie de Mahomet «  cette vulgaire et sulfureuse série B »,   aurait été conçue par un promoteur immobilier de 54 ans, « Sam Bacile, un Israélo-Américain qui décrit l’islam comme un  cancer .» « L’étrange réalisateur » « a dû effectuer un important effort de publicité pour obtenir les 5 millions de dollars qu’il assure avoir levés auprès de donateurs juifs pour produire son film » est-il encore rapporté.

 Sur son blog ( http://bernardlugan.blogspot.fr/), Bernard Lugan note qu’au  au-delà du « prétexte religieux » ayant présidé à la mort du malheureux Christopher Stevens, « acteur plus qu’actif du renversement de Mouammar Kadhafi », « dont  le moins que l’on puisse dire est que ses anciens protégés se sont montrés bien ingrats envers lui »,  l’implosion de la Libye, conséquence de l’intervention de l’Otan, est une hypothèse sérieuse . « Le colonel Kadhafi avait réussi, au prix d’une dictature sévère, à imposer la stabilité intérieure dans un pays aujourd’hui menacé d’une fragmentation régionale (Tripolitaine-Cyrénaïque-Fezzan) doublée de fractures interrégionales et religieuses »

 « La question qui se pose désormais est de savoir si la Libye peut survivre comme Etat. Peu à peu y apparaît en effet une situation de guerres régionales, tribales, claniques, religieuses ; comme en Somalie. Elles pourraient être suivies d’un éclatement territorial, le pays étant alors découpé en  touches de piano  avec un port dans le prolongement des gisements d’hydrocarbures de l’intérieur. Désormais, l’alternative est simple : soit les nouvelles autorités mettent un terme au chaos – mais comment ? – et reconstruisent l’Etat sous une forme ou sous une autre, soit la Libye demeure ingouvernable. Dans ce cas, les islamistes pourraient alors jouer une carte maîtresse, celle du modèle religieux transcendant les divisions afin de les coaguler dans un tout commun, l’Oumma. »

 Et le professeur Lugan de rappeler entre autre que «  le port de Misrata est aujourd’hui aux mains de ces milices gangsgtéro-fondamentalistes qui lynchèrent le colonel Kadhafi, tranchèrent les mains de son fils cadet avant de lui crever les yeux et de l’égorger. Ce furent ces  combattants de la liberté , ces  démocrates  chers à BHL, que le président Sarkozy ordonna aux commandos français de sauver quand les forces du colonel Kadhafi étaient sur le point de prendre la ville…Joli coup ! ».

 Lénine disait : « Le capitalisme est tellement cupide qu’il nous vendra la corde pour le pendre »…Que disent eux, aujourd’hui,  les djihadistes des « Occidentaux » qui  ont apporté l’aide massive que l’on sait –matérielle et médiatique- aux  islamistes, frères musulmans ou salafistes, de  l’Egypte à la Tunisie, de la Libye à la Syrie maintenant ?  Ce n’est un secret pour personne, nous retrouvons  à l’œuvre   derrière toutes les révolutions du « printemps (hiver ?) arabe », la main du  Qatar et de  l’Arabie saoudite (ses impeccables défenseurs des droits de l’homme…), mais aussi des   Etats-Unis et   de ses obligés atlantistes. Nos petits Machiavel,   au mieux, nos Docteur Folamour, plus certainement,   espérant  maintenir les fanatiques de la guerre sainte   « sous contrôle » pour servir leur  dessein de « remodelage » régional

 Marine Le Pen sur LCI ce matin, en duplex du Parlement de Strasbourg, a relevé que l’attaque sanglante de l’ambassade américaine  de Benghazi  « démontre ce que nous avons dit seuls pendant de nombreux mois, à savoir que les Américains – et nous les avons suivis – ont une politique internationale absolument condamnable ». « Ils ont mis à la tête d’un certain nombre de pays des fondamentalistes, des salafistes et aujourd’hui, ils s’aperçoivent que ces mêmes salafistes qui se sont servis de l’Occident pour prendre le pouvoir, réclament qu’ils déguerpissent de leur territoire ».

 C’est la même politique criminelle, nous l’évoquions, qui est aujourd’hui à l’œuvre en Syrie, alors que  Laurent Fabius a  confirmé que la France est aux premières loges dans les opérations visant à éradiquer le régime de Bachar-al-Assad. Le ministre des Affaires étrangères a d’ailleurs avoué mardi, lors d’une audition devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale,   que dans la ligne de la politique menée par Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, les services Français « sont actifs )  et  « (favorise) un certain nombre d’opérations de défections »  en Syrie.

 Combattants anti régime qui, à l’œuvre sur le terrain, n’ont pourtant pas a priori un profil compatible avec les  valeurs républicaines que l’UMPS invoque à tout bout de champ constate Bruno Gollnisch. Sur le site du Point –entretien relayé sur celui du Crif hier – est interrogé le chirurgien français Jacques Bérès, 71 ans, cofondateur de Médecins sans frontières, qui  a passé deux semaines dans la ville syrienne d’ Alep à soigner des combattants rebelles, «  après être clandestinement entré dans Homs en février dernier, puis à Idlib en mai. »

Parmi  les nombreux blessés qu’il a soignés, il raconte qu’ « il  y avait des Syriens, mais aussi beaucoup d’étrangers », «  de jeunes combattants d’origine libyenne, somalienne, malienne, mais aussi française » . « Ils affirmaient eux-mêmes qu’ils étaient venus pour le djihad (la guerre sainte). Mais je ne veux pas faire de généralité (…) ».  «Ils combattaient ardemment et se faisaient même tuer pour la chute du président syrien. Mais lorsqu’on parlait un peu plus longuement avec eux, ils expliquaient clairement qu’ils étaient là pour l’après-al-Assad. À ce moment-là, leurs yeux s’illuminaient et ils évoquaient ouvertement leur volonté d’établir par la suite la loi coranique (charia, NDLR), ainsi que le califat. »

« J’ai rencontré deux (djihadistes)  de nationalité française (qui)  venaient du Maroc » précise-t-il. « Ils citaient Mohamed Merah comme exemple à suivre. Ils n’avaient aucune envie de parler. Ils étaient méfiants, mais ultradéterminés, robotisés même : des sortes de machines à djihader. La Syrie est devenue pour eux un bon terrain de jeu, c’est indéniable poursuit le docteur Bérès qui relève aussi que si «   L’Armée syrienne libre (ASL) se méfiait (des fous d’Allah étrangers combattant à leurs côtés), elle «  ne pouvait se permettre de refuser leur aide »

Laissons le mot de la fin au  professeur américain  et analyste politique William Engdahl, interrogé cette semaine sur la  chaîne de télévision Russia Today. « La France s’occupe de fournir aux rebelles syriens de l’argent et de l’artillerie pour le compte des Etats-Unis, qui ne veulent pas se salir les mains avant les élections présidentielles de novembre », a affirmé cet universitaire. «  Je pense que la France est un  marchand de paix  très malhonnête dans tout ce processus. Je pense qu’elle agit, si l’on peut dire, en agent du Département d’Etat US jusqu’à la fin des élections aux Etats-Unis. »

« Barack  Obama n’a pas envie de s’embarquer dans ce qui serait un conflit direct très complexe en Syrie tant que les électeurs états-uniens ne se seront pas prononcés. Je pense que la France est en train de jouer le rôle de nervi et que l’idée de fournir de l’artillerie lourde à ces prétendues « zones-tampons » est une des choses les plus cyniques que l’on puisse imaginer. Cela va se traduire en guerre civile, en effusion de sang, cela va entraîner de tout sauf la paix. C’est donc une des décisions les plus dangereuses de tout l’engament de l’Otan en Syrie en ces derniers 18 mois ».

Le professeur Engdahl  estime également, au vu de l’analyse de «  l’information sur l’action des Frères musulmans depuis qu’ils sont arrivés à la présidence en Egypte », «  que l’opposition syrienne est sous le contrôle des Frères musulmans, c’est la même organisation et son projet à long terme c’est l’introduction d’un fanatisme islamique sur le modèle d’Al-Qaïda ou du Taliban, avec l’instauration de la charia en Syrie et pour en finir avec la tolérance à l’égard des diverses religions qui a été le signe distinctif de la vie en Syrie pendant des décennies, sous la famille al-Assad. »

« L’aventure syrienne dans laquelle le gouvernement Hollande-Fabius s’est embarqué risque de lui exploser en pleine figure… à la France, et même au monde, si ça devient une Troisième Guerre Mondiale à cause d’une erreur d’appréciation. C’est le plus dangereux que j’aie jamais vu en 37 ans comme analyste politique. »

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