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Faire Front commun

Le 3 octobre, l’AFP a publié un entretien avec Jean-Marie Le Pen dans le cadre des quarante ans du Front National, l’âge de la maturité…Un FN constate-t-il qui « n’a pas atteint ses objectifs puisqu’il n’est pas au pouvoir (…) Mais il a déjà rempli une des conditions fondamentales, c’est la pérennité, la durée (…) Le mérite du FN, c’est d’avoir implanté dans la société politique française une force nationale différente ». Questionné sur le fait de savoir s’il regrettait  « de n’avoir jamais passé d’alliance avec la droite », le Menhir souligne que  « C’est elle qui devrait le regretter, puisqu’elle a été la première victime de cette politique suicidaire. En refusant l’alliance avec le FN, elle s’est condamnée à perdre successivement tous les pouvoirs. Voilà une bonne question qu’il faudrait poser à ses chefs: qu’est-ce qui peut justifier votre attitude suicidaire? Quelle est la force extérieure qui vous contraint à vous suicider? » Interrogé sur le duel Copé-Fillon pour la présidence de l’UMP, et les conséquences de la personnalité du vainqueur  sur le positionnement du Mouvement national,    il note que « M. Copé est un politicien capable de tenir des discours assez différents selon ses auditoires et selon sa tactique politique. M. Fillon me semble plus dogmatique et plus clair. Il est le plus hostile au FN. Par conséquent, c’est lui qui nous laissera le plus de place ».

C’est plus largement d’ailleurs  sur la déréliction de tous les partis du Système, sur leur incapacité à sortir de la fausse alternance, du  destructeur schéma euromondialiste que le Front National, ou plus exactement les idées nationales, peuvent espérer accéder demain  au pouvoir.

Pour cela,  il faut  envoyer de signaux à ceux qui ont vocation à nous rejoindre. Dans un entretien accordé au défunt magazine Flash (numéro du 27 janvier 2011), Bruno Gollnisch affirmait déjà : « Je crois que notre Mouvement de pensée déborde très largement des frontières strictes de notre organisation politique et qu’en ce sens nous devrions répondre à l’aspiration grandissante de nombre de Français à nous rejoindre. Je pense qu’il faut nous préparer à réunir des tendances présentes sur l’échiquier politique français, mais largement orphelines : la droite sociale et la gauche patriotique. »

Auparavant, dans « Une Volonté, un idéal », Bruno, rappelait d’ailleurs  qu’ « il faut sérieusement réfléchir à la façon dont nous pourrions attirer cette gauche patriote qui est, de fait, hostile à la tendance actuelle de l’eurocratie bruxelloise, qui est horrifiée comme nous le sommes par les ravages du mondialisme et par les ravages que l’ouverture des frontières occasionne, par exemple sur nos industries et sur notre patrimoine qui sont victimes de vraies razzias financières. Nous devons opérer ce Rassemblement de la droite sociale et de la gauche patriote  qui est majoritaire en France depuis le non au referendum de 2005 »…

Mais « Avant de rassembler les Français il faut d’abord rassembler son propre camp. Je vois cela sous la forme de cercles concentriques. C’est un peu comme la loi de la gravitation universelle : plus votre masse propre grossit, plus vous avez un pouvoir d’attraction à l’égard de ce qui gravite autour. Je crois que c’est ainsi que se construisent les succès politiques. C’est d’ailleurs ainsi que François Mitterrand a procédé avec beaucoup d’habileté. »

Une habileté, dialectique en l’espèce, dont fait preuve Marine Le Pen soulignait l’historien Dominique Venner sur son blog, évoquant l’entretien accordé par la présidente du FN dans Le Monde le 22 septembre –voir notre article en date du 24 septembre.  « Occupant un terrain où on ne l’attendait pas, Marine Le Pen accentue son image moderne, plaçant ses adversaires faussement  républicains face à leurs contradictions. En reprenant les principes fondamentaux de la République française pour condamner l’immigration islamiste, elle se fera entendre par une part importante de l’opinion qui lui restait fermée. Elle a trouvé des formules fortes auxquelles tout Français ne peut qu’applaudir : « La laïcité comme la liberté n’est pas négociable … Je mets à la porte tous les intégristes étrangers … J’interdis le voile dans l’espace public … Je rétablis le rôle de l’école publique et républicaine qui est de fabriquer des Français … »

 « Oui, son offensive  laïque  est de haute politique poursuit-il, tissée d’audace et de courage au service de la lucidité. En quelques mots, elle a recadré la question toujours biaisée de l’immigration islamiste soutenue par des puissances étrangères pour détruire l’Europe et les Européens dans leur substance, et prendre sur eux une revanche écrasante.(…) Marine Le Pen a rappelé les principes fondamentaux, plaçant la nation au sommet des enjeux, une nation spécifique, à l’écart des croyances religieuses qui concernent la conscience de chacun et non la mission de l’Etat.»

«Tel fut le fondement de la laïcité française, doctrine et pratique issues de conflits séculaires bien antérieurs à la Révolution et à la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Cette loi ne faisait que tirer les leçons de notre histoire et des déchirements provoqués par la confusion entre politique et religion. Elle s’inscrivait dans la part la meilleure du projet républicain, au sens antique et moderne du mot. Elle mettait à l’écart les choix confessionnels privés au nom du bien commun qui les dépasse (…) Et si l’on prend un peu de hauteur, on se souviendra avec reconnaissance que les républicains de jadis, anticléricaux ou pas, ont enseigné dans leurs écoles à des générations de Français qu’ils avaient pour ancêtres les Gaulois et pas n’importe quoi ou n’importe qui. »

Laïcité, sujet ô combien brûlant, et le site Polemia a eu la bonne idée de publier en regard de l’article de M. Venner  cité ici, celui de Michel Geoffroy qui souligne de son côté que « la laïcité est une arme de combat contre le catholicisme et contre la France conservatrice (…). En fait, le but réel des laïcs n’était pas tant de défendre la liberté de conscience en organisant la neutralité de l’Etat à l’égard des cultes, comme ils le disent, que de détruire le fondement transcendant – et en France le fondement catholique – de la souveraineté, puisque la source de la souveraineté ne résiderait désormais plus que dans les élections. »

« Mais ce faisant ils ont libéré le pouvoir de l’obligation de respecter les normes morales qu’incarnait la fonction sacerdotale. L’Etat laïc devient donc fatalement un Etat sauvage, libéré de toute contrainte morale et bientôt libéré même de l’obligation de respecter la volonté populaire, comme on le voit aujourd’hui. Nos modernes leaders  laïcs  se permettent donc des choses que n’auraient jamais imaginées les anciens princes. La morale n’est plus, en effet, qu’une simple  affaire personnelle (…) ».

« La faiblesse de l’esprit laïc éclate, en outre, lorsqu’il se trouve confronté à l’islam. Car l’islam ignore justement la séparation du temporel et du spirituel. L’islam est donc une religion qui tend à changer l’ordre temporel : elle ne peut rester une simple  conviction personnelle sans se renier. Ce qui signifie que le remède miracle de la laïcité ne peut plus fonctionner en présence de l’islam, comme l’illustre d’ailleurs l’évolution des pays musulmans et arabes (…) Pourquoi le  remède  laïc ne marche-t-il plus ? Tout simplement parce qu’il ne visait que la religion catholique. Il s’est imposé, en outre, parce que le catholicisme était en phase déclinante en France. Mais face à un islam en phase dynamique, il en va tout autrement. »

 «La laïcité n’est donc plus aujourd’hui qu’un mot trompeur. Ce que la novlangue officielle nomme laïcité désigne en fait la capitulation honteuse des pouvoirs publics face à l’islam : une capitulation d’autant plus méprisable qu’elle masque de sordides calculs politiciens. Car ceux-là mêmes qui hier réclamaient la « neutralité » de l’Etat vis-à-vis des religions nous expliquent maintenant, et sans rire, que la laïcité, devenue « positive » entretemps, consisterait à encourager les religions à se manifester dans l’espace public (…). Nos bouffeurs de curés ont désormais les yeux de Chimène pour les pasteurs, les imams et les rabbins, et sans doute demain aussi pour les bonzes et les sorciers animistes. »

«Cela commence quand même par sérieusement indisposer les autochtones, qui n’ont pas le sentiment de faire l’objet de la même sollicitude. »

Un débat a priori  clivant au sein de l’opposition nationale  même si la force du  FN, défini en son temps par Jean-Marie Le Pen comme « le syndicat des indigènes «  (et assimilés),  reste bien  sa capacité à  rassembler des Français  au service d’un idéal qui dépasse nos petites personnes et nos sensibilités particulières : celui de la survie de la  France Française. C’est ni plus ni moins ce  qu’a rappelé  Marine Le Pen lors de son discours à La Baule.

D’ailleurs, Jean-Marie Le Pen le confiait le 5 octobre dernier au journaliste du quotidien gratuit 20 minutes qui l’interrogeait « Marine Le Pen n’est pas une philosophe laïque, promoteur de valeurs philosophiques particulières. C’est un combat contingent, lié évidemment à la montée de l’islamisme. C’est l’un des combats parallèles à celui contre l’immigration massive. »

« Je suis moins sensible aux idéaux républicains, laïques, etc. qui sont peut être utiles comme arguments dialectiques, mais qui pour moi, ne nourrissent guère de raisons de vivre, ni de se battre » notait de son côté Bruno Gollnisch au lendemain du Congrès de Tours.

Peu importe après tout car «  il faut unir les patriotes en leur expliquant, que, même s’ils ont des divergences, mêmes s’ils n’ont pas par  exemple beaucoup de sympathies pour les institutions républicaines,  même si d’autres préfèreraient  lutter contre l’islamisation du point de vue catholique que sur une stricte défense se la laïcité dont ils ne perçoivent pas  qu’elle puisse être une valeur fondant l’action politique, si d’autres encore se sentent plus régionalistes que jacobins, ou d’autres plus jacobins compte tenu des risques d’éclatement de l’Etat et de l’unité nationale, je crois qu’il faut faire comprendre à ces gens-là qu’ils ont quand même beaucoup de choses en commun. »

« Ils ont aussi des adversaires en commun, je dirai même des ennemis impitoyables qui cherchent d’ailleurs  méthodiquement à les diviser, notamment pas des procédés de guerre psychologique comme la diabolisation » .  Comme le relevait Julien  Freund,  «c’est l’ennemi qui vous désigne. Et s’il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d’amitiés. Du moment qu’il veut que vous soyez son ennemi, vous l’êtes. » Faire Front commun est donc autant ’une nécessité qu’ un devoir.

 

 

 

 

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