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Bruno Gollnisch : « La politique familiale est en danger »

Bruno Gollnisch, membre du bureau politique du Front national et député européen, a participé à la manifestation parisienne contre le mariage pour tous dimanche 26 mai, une initiative qu’il juge utile. Mais il a également évoqué les relations entre son parti et l’UMP, le chômage ou encore l’Europe.

LA GAZETTE : Avez-vous défilé dimanche contre le mariage pour tous ?
BRUNO GOLLNISCH : Oui, j’ai effectué tout le parcours, entre la place Dauphine et les Invalides, en compagnie des députés Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard, mais aussi de conseillers régionaux frontistes, de membres du bureau politique, de militants et de sympathisants. Il y avait beaucoup de monde, et la manifestation s’est déroulée dans un climat pacifique, même si de sérieux incidents, que je déplore et condamne, sont venus ternir la fin de la journée. Ce que je dénonce également, ce sont toutes les mesquineries du pouvoir, qui a tout fait pour gêner les manifestants, en bloquant certaines sorties du périphérique, par exemple.

Les organisateurs estiment à un million le nombre de participants, la police à 150 000…
C’est un débat classique… Il n’y avait peut-être pas un million de personnes, mais au moins 800 000 ou 900 000… C’était un vrai succès.

La loi a été votée. Quel impact peut avoir cette manifestation ?
J’ai entendu des gens demander à quoi cela servait de manifester contre une loi déjà votée. La question est de savoir si l’UMP, en cas de retour au pouvoir dans quatre ans, abrogera cette loi. Car on peut toujours abroger une mauvaise loi. Je pense hélas que cela ne sera pas le cas, car la droite n’a quasiment jamais abrogé une loi faite par la gauche. Pourtant, la gauche ne s’est pas gênée pour détricoter une des trop rares bonnes initiatives de Nicolas Sarkozy, c’est-à-dire la défiscalisation des heures supplémentaires. Mais ne soyons pas naïfs. Cette loi sur le mariage pour tous aura une suite.

Vous pensez à la Procréation médicalement assistée (PMA), voir à la Gestation pour autrui (GPA) ?
Bien sûr ! Le mariage pour tous n’est qu’une étape, comme l’avait été le Pacs il y a désormais quatorze ans, et auquel je m’étais opposé. Madame Christiane Taubira, la ministre de la Justice, a beau dire le contraire, je pense qu’à terme, la question sera posée. Il y a quelques semaines, j’avais participé à une émission, et une élue écologiste s’était déclarée en faveur de la GPA. Cette perspective est effrayante. Trop c’est trop. Ce gouvernement met clairement en danger la politique familiale du pays, en remettant en cause le fondement du mariage.

Marine Le Pen est pressée de passer à autre chose. Et une grande majorité des Français est lassée de n’entendre parler que de cette loi…
Moi aussi cela me fatigue. Mais qui est responsable de cela, sinon le gouvernement ? Ce sujet a été imposé par le pouvoir, mais ce n’est pas une prérogative des seuls socialistes. En leur temps, l’UDF, le RPR et l’UMP ont su privilégier les sujets sociétaux, plutôt que de se préoccuper des vrais sujets. Après tout, cela ne coûte rien, et on fait plaisir à des groupes de pression. François Hollande ne fait rien d’autre. Il fait ce que l’Europe lui dit de faire. Quelle est la différence avec la politique menée par Nicolas Sarkozy ? Il n’y en a quasiment pas. Avec la loi sur le mariage pour tous, il a juste fait plaisir à quelques bobos.

L’UMP pourrait-elle récupérer la question du mariage pour tous à des fins politiques ?
Cela me semble évident. Moi, cela ne me choquerait pas. Et plus largement, cette défense de certaines valeurs a visiblement éveillé le sens de l’engagement chez certaines personnes, qui n’étaient pas forcément habituées à manifester.

Un rapprochement entre le Front national et l’UMP, qui semble souhaité par des militants des deux camps, est-il envisageable ?
Quand j’étais secrétaire général du Front national, j’avais élaboré une stratégie en 1998, validée par Jean-Marie Le Pen, le bureau politique et les présidents de groupes, pour les élections régionales. Il s’agissait de choisir entre un candidat socialo-communiste, et le candidat RPR et UDF, sous certaines conditions bien sûr. Certains candidats de droite avaient d’ailleurs été élus en partie grâce à nos suffrages, ce qui leur avait causé quelques problèmes par la suite. Dimanche, lors de la manifestation contre le mariage pour tous, une personne m’a dit que si le FN avait appelé à voter pour Nicolas Sarkozy en 2012, cette loi n’aurait pas existé. J’ai répondu qu’à l’époque, le FN avait demandé à l’ancien chef de l’État s’il préférait un candidat frontiste à un socialiste. Il avait répondu non. Je rappelle aussi que lors des cantonales de 1984 ou des législatives de 1988, certains de nos candidats s’étaient désistés en faveur de celui de droite. Cela dit, pour répondre à votre question, je pense que des accords sont envisageables, avec des personnalités UMP honorables.

Partagez-vous l’optimisme de François Hollande, qui pense pouvoir inverser la courbe de chômage d’ici fin 2013 ?
Pas du tout. C’est totalement utopique, et le président de la République le sait très bien. Tant que nous n’aurons pas la maîtrise de nos frontières, la situation sera ce qu’elle est. Le principe de libre circulation des personnes et des capitaux était peut-être viable à une certaine époque, mais plus maintenant. Ou alors entre les pays qui ont le même niveau de développement social. Le problème, c’est que cette Europe n’a plus de frontières et cela met en concurrence l’ouvrier français avec l’ouvrier chinois, qui travaille deux fois plus et est payé dix fois moins. Résultat, soit les entreprises françaises font faillite, soit elles délocalisent pour ne pas disparaître. Et il paraîtrait que l’esclavagisme a été aboli. Quand on voit que des grandes enseignes faisaient travailler au Bangladesh des gens dans un immeuble insalubre qui s’est effondré, on peut en douter…

Que préconisez-vous pour lutter contre le chômage ?
Il faut mettre en place un protectionnisme intelligent, en rétablissant des droits de douane, et donc un certain équilibre. Il faut aussi libérer le pays de ce carcan bureaucratique étouffant et trop complexe. Créer une entreprise en France, cela relève du parcours du combattant. On constate malheureusement que de plus en plus de jeunes Français diplômés ou non partent tenter leur chance à l’étranger, au Canada, en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, où les contraintes sont beaucoup moins importantes. Il faut enfin diminuer les dépenses publiques, établir une préférence nationale, que les Français ne passent pas après les étrangers pour l’attribution des logements sociaux. C’est une pompe aspirante coûteuse. Il n’y a pas de travail en France, et on continue à accueillir des gens qui touchent des aides, sont soignés et dont les enfants sont éduqués à nos frais. C’est de la folie !

Source : La Gazette de Côte-d’Or

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