Un signe supplémentaire du désarroi qui règne dans les rangs d’une UMP déboussolée, divisée, sans ligne directrice, en toute hypothèse perçue comme telle par les Français.
Au lendemain de la victoire du FN à Brignoles, le ministre de l’Intérieur a lui choisi une autre technique, plus en adéquation avec les moyens dont il dispose, pour tenter de retenir pas la manche les électeurs rejoignant le FN. Une technique assez pathétique et grossière.
Manuel Valls a en effet orchestré et scénarisé ce début de semaine l’expulsion médiatique de la jeune Léonarda, une Kosovare appartenant à la communauté romanichel.
Il a pu ainsi déchaîner les protestations indignées des bobo-progressistes sur lesquelles il comptait pour renforcer son image de dur. Cela suffira-t-il à camoufler ses échecs retentissants dans la lutte contre la délinquance et les violences, à dissimuler son laxisme dramatique en matière d’immigration et de naturalisations ? Rien n’est moins sûr.
Ce qui est certain en revanche, et MM. Valls, Copé et leurs amis peuvent légitimement s’en inquiéter, c’est ce sondage CSA pour BFMTV diffusé hier mercredi. Il indique que Marine Le Pen est la personnalité politique qui incarne le mieux l’opposition à François Hollande et à Jean-Marc Ayrault pour près d’un Français sur deux (46%), loin devant François Fillon (18%), Jean François Copé (13%), Jean-Luc Mélenchon ( 13% ), François Bayrou et Jean-Louis Borloo (5%).Marine devance même François Fillon parmi les sympathisants de droite (32% contre 31%).
Hier toujours, sur le site du Crif, l’éditorialiste et sioniste de droite Luc Rosenzweig, revenait sur l’élection de Brignoles et « ce cri du cœur », « On est chez nous !», entendu dans la bouche des militants FN à la mairie, lors de l’annonce de la proclamation des résultats actant la victoire de Laurent Lopez.
Ce « On est chez nous » que l’on entend plus largement précisons-le à M. Rosenzweig, dans les manifestations, les réunions publiques du FN, « il y a fort à craindre (qu’il) soit l’expression de cette insécurité culturelle qui pousse de plus en plus de gens à glisser un bulletin FN dans l’urne», estime-t-il.
« C’est grave. Que l’élection d’un conseiller général Front National soit saluée par les gens comme la récupération d’un territoire perdu de la République témoigne du désarroi d’une population qui sent, à tort ou à raison, son terroir lui échapper. Avoir l’impression de n’être plus chez soi chez soi, c’est peut-être un fantasme, une manifestation de cette panique morale , nous assènent les sociologues de la gauche bien pensante ».
« C’est, en réalité, ajoute-t-il, la manifestation populaire de cette identité malheureuse magistralement décrite par Alain Finkielkraut dans son essai qui vient de paraître. Ce chez nous n’est pas seulement l’espace de l’intimité que tout régime démocratique garantit à ses citoyens. Il englobe aussi un espace public où ceux qui viennent d’ailleurs sont admis pour autant qu’ils ne cherchent pas à le transformer radicalement jusqu’à le rendre méconnaissable ».
« La visibilité des femmes, l’indispensable effort d’adaptation aux normes de sociabilité de la terre d’accueil ne sont pas des exigences exorbitantes, encore moins la manifestation d’un supposé racisme. Si je me sens bien chez moi, j’aurais d’autant plus de plaisir à découvrir l’autre. »
En effet. Mais cela implique précise Bruno Gollnisch, que cette immigration là soit régulée et quantitativement très modérée, faute de quoi, cette installation prend inéluctablement la tournure d’une colonisation. Une évidence que M Rosenzweig et ses amis du Crif sont assurément en capacité de comprendre.
Un simple constat de bon sens qui n’est pas toujours (rarement) partagé au sein de cette structure, notamment quand elle se pique d’analyser la politique intérieure et les évolutions de la société française.