L’aile gauche du PS mobilise aujourd’hui contre Manuel Valls ses relais dans les syndicats lycéens et étudiant FIDL, UNL et Unef pour faire descendre dans la rue idiots utiles et têtes de linottes afin de protester contre l’expulsion des clandestins « en situation de scolarisation ». C’est aussi ce mardi que l’Assemblée nationale débute l’examen de la proposition de loi déposée par le député socialiste Maud Olivier qui entend punir, comme c’est le cas dans certains pays scandinaves, les clients des prostitué(e)s. Ce texte sera examiné en commission spéciale à l’Assemblée Nationale, le Sénat organisera demain un débat réunissant des prostituées, des juristes, des universitaires, des médecins, des chercheurs, des membres d’associations spécialisées…
Pour réagir à cette volonté de de criminaliser plus avant le recours à la prostitution, et s’inspirant de la célèbre pétition des 343 salopes avouant en 1971 dans les colonnes du Nouvel Obs avoir avorté et réclamant la légalisation de cette pratique, le magazine Causeur d’Elisabeth Lévy a publié Le manifeste des 343 salauds…
Ledit manifeste revendique le droit d’avoir recours à des prestations tarifées avec des professionnel(le)s du sexe. » Homos ou hétéros, libertins ou monogames, fidèles ou volages, nous sommes des hommes » refusant que « des députés édictent des normes sur nos désirs et nos plaisirs ». Mme Lévy entend ici défendre par ce manifeste, reprenant et détournant avec un malin plaisir les éléments de langage des féministes, le droit à la différence , le droit de jouir et la cause des hommes . Pour l’universitaire de gauche Esther Benbassa, qui animera le débat au Sénat, « le manifeste des 343 salauds est un texte de beaufs!«
Une manifeste signé aussi bien par le mari de Frigide Barjot Basile de Koch, l’avocat de DSK, Richard Malka, Frédéric Beigbeder ou Nicolas Bedos que par Ivan Rioufol et Eric Zemmour, heureux certainement, comme le confesse Elisabeth Lévy d’avoir cédé à » l’envie d’emmerder les féministes » d’aujourd’hui.
Rappelons que déjà, sous la précédente majorité UMP, des mesures visant à criminaliser les clients des prostitué(e)s avaient été édictées. Mais la socialiste Maud Olivier entend aller beaucoup plus loin. Certes, les élus campant sur la même ligne que Mme Olivier voulaient punir jusqu’à un an de prison les hommes ayant des relations sexuelles tarifées , prétention revue à la baisse puisque le client se verrait passible désormais d’une amende de 1500 euros , le double en cas de récidive.
Mais comme avec les socialistes Ubu est Roi, ce projet n’entend pas interdire pour autant la prostitution qui restera légale. Bref un ou une prostituée sera toujours libre de louer pour un temps donné une partie de son corps, mais il sera interdit par la loi de la lui payer…
Le contraire eut été étonnant, le gouvernement, par la voix de la porte-parole et ministre des droits de la femme, Najat Vallaud-Belkacem soutient le vœu des députés socialistes. Hier sur le plateau de BFM Politique-RMC-Le Point, elle ne s’est pas contentée, fidèle à ses marottes de lobbyiste, de rappeler aussi son souhait de voir spécifiée, dans les manuels scolaires, l‘orientation sexuelle des personnages historiques. Elle a aussi a répété qu’ « il faut tarir la demande (les clients des prostitué(e)s, NDLR) pour éviter que ne se multiplie l’offre » .Mais est-ce en sanctionnant le client qu’on tarira la source de la prostitution? Est-ce la demande qui crée l’offre ou l’offre qui créé la demande?
Mme Vallaud-Belkacem a pris pour exemple assez peu scientifique le nombre important de prostituées en Allemagne depuis que cette pratique a été encadrée, notamment par la réouverture des maisons closes . « Cela montre bien que le fait de réglementer et légitimer la prostitution fait se développer l’offre. »
Ce parti-pris du ministre a été dénoncé aussi bien par Élisabeth Badinter que par Élisabeth de Fontenay, qui l’accusent de préparer « un enfer pavé de bonnes intentions ». Il a a été aussi vilipendé par un autre intellectuel du sérail, Pierre André Taguieff sur le site de Causeur. Il y voit le résultat de « la prise du pouvoir culturel par les néo-féministes (…). On ne saurait s’étonner de ses conséquences politiques. Ce qui a triomphé, c’est un pseudo-féminisme instrumental porté par l’esprit du soupçon et de la dénonciation, fondamentalement androphobe (…) . Un nouvel obscurantisme s’est installé, avec sa phraséologie, ses prêcheurs et prêcheuses, ses chapelles, ses réseaux, ses groupes de pression, ses élus et ses élues. »
« Un nouvel ordre moral s’est peu à peu installé dans le monde des élites visibles, soumis aux pressions et aux tactiques d’intimidation d’une gauche hypermorale, qui n’a jamais exercé plus totalement le pouvoir culturel. C’est à gauche qu’est né le nouveau parti dévot, au confluent d’un socialisme sentimental sans perspectives et d’un féminisme dégradé en conformisme, voué à pratiquer un terrorisme intellectuel toujours plus insidieux ».
« Interdire l’emploi de certains mots jugés dangereux ou détestables, interdire l’expression publique ou privée de certaines pensées jugées mauvaises, voire criminelles, interdire certaines pratiques sexuelles : ces rêves d’interdiction présentent tous un air de famille. Ce sont les différentes faces d’un seul et même projet de régénération du genre humain, à travers celle du sexe/genre masculin, le seul à vraiment poser de redoutables problèmes (…)« .
« La méthode d’intimidation fonctionne, elle favorise l’extension indéfinie du consensus néo-féministe : ceux qu’il faut bien appeler les mâles dominés , tentant d’échapper à la culpabilité, se multiplient par imitation et contagion, apportant leur appui au conformisme androphobe. C’est ainsi que, chez les hommes , la mauvaise conscience se radicalise en haine de soi. Les mâles dominés ajoutent leurs forces à la frange militante et sectaire de la population gay et lesbienne, pour qui le mâle dominant et hétéro (a fortiori s’il est vieux et blanc ), c’est l’ennemi. »
« La classe politique poursuit-il, suit dans son ensemble, les récalcitrants ne pouvant guère que se taire, sauf à se perdre avec leur réputation » assure encore M Taguieff que nous n’avons pas connu toujours aussi désireux de traquer les conformismes. Mais bon, on ne saurait bien sûr ici lui donner (complètement) tort…
Au delà de la question morale, éthique, philosophique posée par la marchandisation du corps qui n’est jamais anodine (quel est le signataire de cette pétition des 343 salauds qui accepterait avec détachement de voir par exemple sa fille se livrer au plus vieux métier du monde ?) se pose la question de la transformation radicale du caractère la prostitution ces dernières années. Car le cas de la prostituée française expliquant qu’elle exerce librement son activité (qui fut toujours l’exception?) est ultra-minoritaire.
Le Bulletin d’André Noël le rappelle, « selon les statistiques officielles, les Françaises qui s’adonnent actuellement au plus vieux métier du monde ne représentent que 6% du total des prostituées ! La plupart via Internet. Les autres sont des immigrées : 38% d’Africaines, 40% d’Europe de l’Est et des Balkans, 3,5 % d’Amérique du Sud et 12,5% d’Asie (de Chine principalement), ces dernières étant de plus en plus nombreuses. Elles ont le monopole de prétendus salons de massage ; il y en a 130 rien qu’à Paris. »
« Personne n’éradiquera la prostitution, mais on peut la contenir et même la diminuer. Là aussi, là encore, cela passe parla lutte contre l’immigration et la remise en cause des accords de Schengen, car la libre circulation des personnes, c’est aussi la libre circulation des prostituées. Les mafias l’ont bien compris qui investissent de plus en plus dans ce coupable secteur d’activité qui rapporte autant que la drogue mais avec des peines encourues pour proxénétisme beaucoup moins lourdes. »
Un élément du débat qui a « curieusement » largement échappé à nos belles âmes socialistes, et plus largement aux abolitionnistes comme aux salauds. Mais il est vrai qu’à de notables exceptions près, nous avons rarement vu les pétitionnaires et autres participants à cette polémique remettre en cause les dogmes établis.