Dans un récent entretien accordé à l’Afp, M. Sapin avait expliqué que l’objectif annoncé des 21 milliards d’euros d’économies prévues pour 2015 ne serait pas atteint. Les dirigeants de l’entité européiste et Berlin en ont décidé autrement a rappelé Les Echos » alors même que la France cherche déjà à obtenir un feu vert pour ralentir le rythme de réduction du déficit public. Dit autrement, la France ne peut pas à la fois abandonner ses objectifs de déficit public et rogner ses objectifs d’économies. Les déclarations de Michel Sapin ont d’autant plus surpris à Berlin que le ministre des Finances avait, quelque jours plus tôt, réaffirmé l’objectif d’économies lors de l’université d’été du Medef… en présence de son homologue allemand, Wolfgang Schäuble ».
Le petit doigt sur la couture du pantalon, « le gouvernement va donc très vite clarifier les choses en réaffirmant son plan d’économies et en dévoilant ce mercredi une nouvelle trajectoire de déficit qui laissera ce dernier proche de 4 % de PIB en 2014 et 2015 et repoussera sans doute le retour à 3 % à 2017″. « Retour donc à la case départ pour le gouvernement, qui doit maintenant trouver de l’ordre de 2 milliards de mesures nouvelles pour effectivement atteindre le quantum de 21 milliards d’économies l’an prochain ». Dans la poche de qui les prendra-t-on?
S’en mettre plein les poches était pour le coup l’objectif que s’était fixé Nicolas Sarkozy après sa défaite de 2012. Le retour annoncé imminent de ce dernier qui selon Le Parisien, aurait l’intention de tout changer à l’UMP, s’expliquerait-il aussi par son échec dans le monde de la finance?
Au delà de ses conférences grassement rémunérées, les médias l’ont rapporté, le mari de Carla Bruni espérait casser la baraque via un fonds d’investissements baptisé Columbia. Il avait été décidé en novembre 2012 qu’il en serait le VRP de luxe, du fait de son carnet d’adresse et de ses liens privilégiés avec le Qatar notamment. Un projet porté sur les fonds baptismaux par l’homme d’affaires Stéphane Courbit et le très mondialiste conseiller Alain Minc. « A l’époque, il ne voulait plus du tout revenir en politique et redécouvrait l’attrait de l’argent », (sic) confiait « un proche » au quotidien Libération.
Mais Columbia restera lettre morte, du fait de la mise en examen de Stéphane Courbit pour « escroquerie » et « recel d’abus de faiblesse » dans l’affaire Bettencourt qui a effrayé les investisseurs début 2013.
Ce retour de « Sarkozy-meilleur-candidat-susceptible-de-battre-Marine-Le-Pen-et-le-FN » selon ses soutiens, focalisera n’en doutons pas l’attention médiatique. Au delà du positionnement politique qu’adoptera Nicolas Sarkozy pour attirer le chaland, la question qui se pose est celle de la capacité des Français à croire qu’il sera meilleur que ses adversaires et qu’il pourra tenir demain, les promesses trahies hier.
Mais Bruno Gollnisch constate aussi que le retour de l’ex chef de l’Etat ne peut occulter la question de sa probité. Son nom apparaît dans l’affaire des sondages de l’Elysée, celle de l’arbitrage Tapie-Crédit Lyonnais, ou encore, peut être les plus sulfureuses, dans le dossier de l’éventuel financement par feu le dirigeant libyen Kadhafi de la campagne de Sarkozy, qui l’aurait remercié en participant ensuite à son élimination, et bien sûr dans l’affaire Karachi. M. Sarkozy est actuellement mis en examen pour corruption active, trafic d’influence et recel de violation du secret professionnel. Il est en effet soupçonné d’avoir voulu favoriser l’avancement du magistrat Gilbert Azibert en échange d’informations sur l’avancement d’une enquête.
Est-il possible de croire à « la faute à pas de chance », au « hasard » qui frapperait le malheureux Sarkozy? Il faut tout de même être fanatiquement inconditionnel de ce dernier pour ne pas voir que cela commence à faire beaucoup!
Une magistrate marseillaise s’intéresse également désormais aux conditions dans lesquelles ont été organisés trois vols privés,« des vols facturés à Lov Group », la société de Stéphane Courbit, qui ont transporté l’ex chef d’Etat entre décembre 2012 et mars 2013. Trois voyages qui pourraient constituer des abus de biens sociaux et recel et qui sont apparus sur l’écran radar de la justice dans le cadre d’un trafic de stupéfiants entre la République dominicaine et la France, l’affaire dite Air Cocaïne…
Selon différents sondages, moins d’un Français sur trois est favorable au come-back de Nicolas Sarkozy. De quoi donner des arguments aux partisans d’Alain Juppé, « le meilleur d’entre nous » comme l’avait baptisé sans rire Jacques Chirac, jugé moins clivant, et bénéficiant notamment du soutien implicite de François Bayrou.
A dire vrai, nous savons que si la politique menée par l’UMP et le PS ne diffère guère, le député Bernard Debré en faisait l’aveu cette fin de semaine, il est tout aussi évident que l’éventuelle élection d’un Juppé à la place d’un Sarkozy ou l’inverse n’offrirait pas à la France l’alternative dont elle a besoin. Le temps n’est plus aux petits rafistolages, aux demi-mesures, aux soumissions diverses et variées plus ou moins tues ou déguisées. Non, il est grand temps de changer d’air (ère)!