Nos remarquables services de renseignements et antiterroristes ont réussi à déjouer ces dernières années et ces derniers mois de nombreuses tentatives d’attentats sur notre sol, mais les mailles du filet sont elles assez serrées pour arrêter à coup sûr les fanatiques islamistes voulant châtier le Satan français ?
« La France » est «mal protégée» face au terrorisme indiquait L’Express la semaine dernière ; «le problème inédit qui se pose est d’abord d’ordre quantitatif » avec un millier de terroristes en puissance présents d’ores et déjà dans notre pays «d’après les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur (…). Pour les services, la masse critique est atteinte. Selon la Place Beauvau, les forces de sécurité ont procédé ces derniers mois à plus de 110 interpellations. Dans un entretien au Figaro du 26 septembre, Loïc Garnier, patron de l’Unité de coordination de la lutte anti-terroriste, estime que la surveillance d’une cible mobilise une vingtaine de fonctionnaires. Il faut donc faire des choix, d’autant que les ex-djihadistes (Français, ou binationaux, notamment partis combattre en Irak, en Syrie, NDLR) sont recensés dans 78 départements… ».
Les coupes sombres effectuées dans les services consacrées à notre défense et à la protection des Français par les derniers gouvernements de gauche et de droite pourraient se payer très cher dans un avenir très proche redoute Bruno Gollnisch.
Or non seulement « on ignore les desseins » à leur retour en France des djihadistes mais « encore faut-il les voir rentrer… (…) De 10 à 20 % seulement des passagers communautaires sont passés dans les fichiers. Les policiers voudraient donc pouvoir connaître le nom des voyageurs dès l’enregistrement à l’aéroport de départ et croiser les identités de ceux-ci avec le Fichier des personnes recherchées, comme en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Le ministère finalise l’accès de ses services aux PNR (passenger name records), les données de réservation du transport aérien. Paris s’efforce de convaincre ses partenaires de la nécessité de créer un fichier européen. Mais tout n’est pas simple. Techniquement, les données PNR vont alourdir les bases de données policières nationales, déjà saturées ».
Invitée de l’antenne arabophone de France 24 le 30 septembre, Marine Le Pen relevait aussi que l’on pouvait légitimement douter de la fiabilité de certains de nos « alliés » officiels dans ce conflit contre l’Etat Islamique (EI), à savoir « le Qatar et l’Arabie saoudite (qui) ont aidé, financé les terroristes ». La présidente du FN notant qu’il serait plus judicieux de s’appuyer sur les Émirats arabes unis ou l’Égypte, «conscients du danger», voire sur «l’Algérie, qui a une grande expérience » dans la lutte contre le terrorisme.
Or le positionnement qui est celui de François Hollande dans ce dossier syrien inquiète, alors que le chef de l’Etat a annoncé l’envoi de trois Rafale supplémentaires pour participer aux frappes contre l’EI en Irak (seulement deux frappes en dix jours…).
Sur son blogue, Jacques Borde se moquait la semaine dernière de la « fiction dialectique qui nous fait user et abuser du terme Daech, pour désigner l’Al-Dawla al-Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām puis l’État islamique. Lamentable pantomime visant à ne pas prononcer les mots État et Islamique, alors que même que Daech en est, mot pour mot, l’acronyme en arabe».
Il notait aussi que «l’attachement compulsif» de l’administration Hollande «à une fantasmatique opposition armée modérée (sic), (l’Armée Syrienne Libre -ASL, NDLR) qui serait la panacée à tous les problèmes de la Syrie», relève du «tropisme enfantin» «pour le moins grotesque».
En dehors de Hollande, Laurent Fabius, Jean-Yves Le Drian plus personne ne croit en «l’ASL ni à des forces réellement démocratiques ou pro-occidentales (…). La plupart des groupes constitutifs de l’opposition armée modérée (ou plutôt prétendue telle) ayant soit cessé de combattre les (djihadistes) , pour, c’est eux-mêmes qui le disent, ne pas soutenir le régime d’Assad, ou carrément rallié l’État islamique ou le Jabhat an-Nusrah li-Ahl ash-Chām».
En Israël, «l’administration Nétanyahu vient d’abandonner tout soutien aux rebelles du Sud de la Syrie en raison des métastases d’Al-Qaïda et de l’État islamique au sein d’une rébellion présentée, à tort, comme fréquentable ». «Jusqu’aux Américains pour qui le renversement du président syrien, le Dr. Bachar el-Assad, a, visiblement, cessé d’être une priorité (sur le court terme, en tout cas)».
Et d’évoquer les doutes partagés par beaucoup sur l’engagement total des Etats-Unis contre l’EI au nom de ce qu’ils considèrent comme leurs intérêts sur le moyen terme. «Les Américains ont une vieille habitude de ces alliances contre nature : Pacte de Quincy avec le clan Séoud. Accommodements pétroliers avec les Taliban, par le biais d’Unocal. Les Américains font de la géopolitique et de la géostratégie, pas des rêves éveillés nourries à la saumure droit-de-l’hommiste germanopratine ».
Bref, « les Américains préfèrent ménager l’État islamique. On ne sait jamais : qui sait s’il ne faudra pas s’entendre un jour avec eux, comme avec les Taliban, en Afghanistan. Et puis, un l’État islamique encore sur ses pieds aux portes de la Syrie de Bachar, ça peut toujours servir »…
Faut-il y voir l’explication au soutien assez mou apporté par l’Oncle Sam aux combattants kurdes qui font face à l’offensive de l’EI à Aïn al-Arab (Kobané en kurde), « troisième ville kurde de Syrie » ?
Une dépêche de l’Afp publiée aujourd’hui cite pourtant la porte-parole du département d’Etat Jennifer Psaki, assurant que «Personne ne veut évidemment voir Kobané tomber ». « Tout le monde trouve horrible de regarder en temps réel ce qui se passe à Kobané». « Son homologue à la Maison Blanche, Josh Earnest, (a exprimé) les fortes inquiétudes de son gouvernement quant au sort des civils de la ville ». Mme Psaki rendait compte de « conversations téléphoniques lundi et mardi entre le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu ».
« Une nouvelle série de frappes de la coalition conduite par les Etats-Unis », « sans grand effet visible jusqu’à présent », « n’a pas empêché mardi les djihadistes du groupe EI d’avancer dans Kobané » rapporte encore l’Afp.
Or « face à cette offensive en règle de l’ÉI » se déployant en terrain découvert, Jacques Bordes a pointé de son côté, malgré ce qui est affirmé, le nombre qui lui apparaît curieusement peu élevé des frappes aériennes eu égard aux possibilités qui sont celles de la Coalition.
« Il semble qu’un jeu compliqué soit mené par les États-Unis, à savoir que le Pentagone aiderait avec succès les Kurdes irakiens, en bons termes avec la Turquie (laquelle a annoncé mardi qu’elle était prête à rejoindre la coalition anti-EI formée par les Etats-Unis, NDLR) et laisserait les Kurdes syriens se faire écraser par les djihadistes à proximité immédiate de la frontière turque. Pourquoi ? On va naturellement s’intéresser à cette question…».
Comme l’a souvent rappelé Bruno Gollnisch, on ne saurait reprocher aux Etats-Unis de jouer une partition, que l’on a le droit de juger indigne, mais qu’ils estiment susceptibles de garantir leurs intérêts, même s’ils se sont très souvent pris les pieds dans le tapis ces dernières années, avec des conséquences dramatiques pour les peuples et les nations victimes de leurs manœuvres tortueuses. Il est également loisible de s’interroger sur la question de savoir si lesdits intérêts sont ceux du peuple américain ou ceux des lobbies, de l’Etat profond qui pilotent à Washington, mais ceci est un autre débat.
Tout juste s’agit-il une nouvelle fois de déplorer que la France n’ait plus à sa tête, et cela depuis fort longtemps, un président de la République qui soit autre chose qu’un supplétif de l’Otan à qui on laisse parfois (rarement) le loisir de tirer sur sa laisse. Sur la scène internationale il nous manque un chef d’Etat porteur d’une vraie vision géopolitique réaliste, et bien décidé à faire entendre la voix d’une France libre et indépendante. Une France fidèle aussi dans la mesure de ses moyens à sa mission historique de défense des Chrétiens d’orient, laquelle fut même poursuivie par la très laïcarde troisième République.
Bref, faire entendre la voix d’une puissance moyenne certes, mais qui assumerait fièrement qu’elle est le fruit d’une magnifique civilisation, qui dispose de nombreux atouts à défendre et a encore un message spécifique à délivrer au monde.