Lors de son exposé, Bruno Gollnisch a souligné la volonté constante de Washington et de ses vassaux occidentaux ces dernières décennies, dans un but très trouble de remodelage du Proche-Orient, de détruire les régimes nationalistes laïcs dans les pays arabes; régimes dont l’ossature repose (reposait) en général sur la prépondérance d’une tribu, de familles, et qui ont succédé aux califats. Nous voyons aujourd’hui les résultats catastrophiques du chaos généré par les agressions et les menées subversives atlantistes en Irak, en Libye, en Syrie…
C’est dans ce contexte que quatre parlementaires français ont rencontré, hier à Damas, le président syrien Bachar Al-Assad, le président de l’Assemblée du peuple, Mohamed Jiham Laham, le mufti de la République, Ahmed Badreddin Hassoun, le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem…
Une « mission personnelle », dont s’est dissociée immédiatement l’Elysée et Laurent Fabius, qui comprenait l’UMP Jacques Myard, membre de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, et trois membres du groupe d’amitié France-Syrie à l’Assemblée, le socialiste Gérard Bapt, qui préside ce groupe, le sénateur UMP Jean-Pierre Vial, le sénateur UDI François Zocchetto.
Si « la France » il y a trois ans, dés la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, a rompu ses liens diplomatiques avec Damas, et a même armé les miliciens djihadistes pour détruire cet Etat laïc, il est notoire comme le souligne Le Monde, que diplomates et autres spécialistes du renseignements invitent de manière pressante le gouvernement français à sortir de son jusqu’au-boutisme anti Assad. Et ce, au nom de la lutte contre les brigade internationales islamistes , contre un Etat islamique (EI) au sein duquel évolue de nombreux djihadistes « français » bien décidés à frapper en France même, comme cela fut le cas en janvier avec le tueur de l’hypercasher, un Amedy Coulibaly se revendiquant de l’EI.
Se définissant comme « souverainiste », pas franchement sur une ligne « atlantiste », Jaques Myard a le don pour ne pas se faire que des amis, y compris au sein de son propre parti. Il fut ainsi déjà fortement critiqué, voire conspué, pour ses analyses équilibrées sur le régime en place à Téhéran, pour sa volonté de trouver une issue pacifique dans le dossier du nucléaire iranien -il était de nouveau en en visite en Iran au printemps dernier. Lorsque les bruits de bottes retentissaient fortement en 2009, que les menaces d’une intervention militaire contre l’Iran étaient au plus haut, il fut même traité d’ « antisémite avéré » par des sites communautaires (pro)israéliens tout en étant traîné dans la boue en France par l’extrême gauche pour son tropisme pro russe, ses prises de position très droitières sur l’immigration et le communautarisme islamiste. De quoi s’étonner, une nouvelle fois, que ce député soit toujours membre de l’UMP et puisse continuer à soutenir Nicolas Sarkozy… allez comprendre…
Il y a en effet urgence à stopper cet Etat islamique, et l’envoi en catastrophe du porte-avion Charles De Gaulle contre l’EI en Irak n’y suffira pas ; EI, sanglant golem enfanté par les services occidentaux et soutenu (jusqu’alors ?) par certains réseaux proches des gouvernements qatari et saoudien.
Dans un entretien accordé à Direct Matin mardi, Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, était invité à réagir à l’enlèvement par les miliciens de l’EI dans la province de Hassaké (Syrie) de 220 chrétiens, des agriculteurs, « des hommes de paix » appartenant à « la communauté des Assyriens proches de la tradition orthodoxe, qui avaient déjà fuit les massacres commis en Irak dans les années 1930 ». « Dans la grande tradition de l’Islam, les chrétiens sont rattachés aux religions du livre et ne sont pas mis à mort. On peut donc s’attacher à cet espoir. Si un malheur leur arrivait, cela prouverait une fois de plus que le rapport du Daesh (Etat islamique, NDLR) à l’Islam est particulièrement flou. Mais au regard des horreurs récentes, il existe de lourdes raisons d’être inquiet »
Mgr Gollnisch notait pareillement la pusillanimité du gouvernement français, « la faiblesse de (sa) réaction après l’épouvantable mise en scène du massacre des 21 coptes (Egyptiens, NDLR), assassinés par Daesh sur les plages libyennes. La présidence de la République n’a même pas employé le mot copte dans son communiqué. Mais il faut voir les choses en face : en visant le Royaume de la Croix comme ils le disent, c’est bien l’Europe que l’Etat Islamique veut frapper au cœur ».
Or, « chaque jour de retard pris dans la neutralisation du Daesh ne fait que le renforcer du point de vue stratégique, économique et symbolique. Cette reconquête territoriale est préjudiciable de ce point de vue. Il est temps que la France adopte une position diplomatique et militaire lisible en Syrie ».
C’est pourquoi affirme-t-il encore, il s’agit évidemment de renouer le dialogue avec Bachar el-Assad. « Voilà quatre ans que notre diplomatie préconise son éviction du pouvoir et il n’a jamais été aussi puissant. Il faut remettre à plus tard la question de l’avenir politique du président de la Syrie – qui était encore l’invité officiel de la France lors du défilé du 14 juillet 2008 – pour faire de la neutralisation du Daesh une priorité ».
Une situation qui permet incidemment de mesurer, une fois encore, que le FN avait vu juste dans son analyse et ses avertissements prodigués dés le début de la guerre en Syrie, comme il avait eu raison en s’élevant il y vingt-cinq ans contre la première croisade de l’Otan contre Saddam Hussein en Irak et en mettant en garde nos compatriotes contre ses conséquences à moyen terme.
Dans le domaine des relations internationales, là aussi, l’urgente nécessité d’une arrivée au pouvoir en France des idées patriotiques, d’une « Politique de troisième voie », n’est plus à prouver.