Alors que le petit monde médiatique proclame déjà, avant même son annonce officielle, la candidature de Marine comme tête de liste en région Nord-Pas-de-Calais Picardie, la présidente du FN se projette aussi sur la scène internationale pour accroître sa stature de présidentiable dans la perspective de 2017. Elle était la semaine dernière en Egypte où elle a été reçue jeudi par Ahmed Al-Tayeb, le cheikh de la mosquée d’Al-Azhar, et quelques jours auparavant à Moscou où elle s’est notamment entretenue avec le président de la Douma (chambre basse du parlement russe), Sergueï Narychkine.
Nos médias se sont émus des sifflets et des huées qui ont retenti samedi lors du congrès fondateur de Les Républicains (LR), nouvelle étiquette enterrant le nom de l’UMP, sonnant encore trop français, pour un nom plus « américain », suivant ainsi les conseils marketing du fils de pub Jacques Séguéla. Les partisans de Nicolas Sarkozy ont en effet copieusement conspué Alain Juppé et François Fillon.
Ce qui présage du climat de lutte à mort dans lequel se déroulera la primaire qui désignera le candidat de la droite mondialiste pour 2017. « A la fin des fins, les électeurs de l’opposition trancheront. Ils ne comprendraient pas que la compétition se réduise à une querelle de personnes ou à une bataille d’écuries » explique Paul-Henri du Limbert dans Le Figaro…Et pourtant, comment pourrait-il en être autrement sachant que les champions de « l’RPS », selon la formule circulant déjà sur les réseaux sociaux et reprise par Florian Philippot, partagent très globalement le même programme, les mêmes aspirations ?
Médias français qui seraient plus fondés à s’interroger sur l’essentiel plutôt que sur l’accessoire –mais ont-ils encore la liberté de le faire ?-, à évoquer un sujet autrement plus grave et sérieux que les chicaïas entre têtes de gondole à droite, à savoir l’inféodation des héritiers putatifs du gaullisme à la politique atlanto-bruxelloise, aux Etats-Unis.
A Moscou, Marine a justement dénoncé les sanctions prévues par l’Europe de Bruxelles -une création états-uniennes il est vrai- contre la Russie espérant que la France « recouvre sa liberté d’expression et sa liberté diplomatique » comme l’a relevé le site Sputnik . « Le problème est que, comme je l’indique déjà depuis longtemps a ainsi déclaré la présidente du FN, le gouvernement français, tant le gouvernement actuel de François Hollande que celui de (Nicolas) Sarkozy, est exposé à une forte influence des Etats-Unis. Il faut dire que les Etats-Unis ont joué un grand rôle dans l’adoption des sanctions visant la Russie ».
Ce même site faisait état de la visite de l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing le 28 mai à Moscou, où il a rencontré Vladimir Poutine pour évoquer avec lui la crise en Ukraine et les relations entre la Russie et l’UE. « Les relations entre l’Europe et la Russie seraient meilleures si Bruxelles était réellement indépendant ». « Si l’Europe pouvait agir seule, ses relations avec la Russie seraient moins compliquées, car l’opinion publique européenne n’est pas hostile à la Russie, a indiqué l’ancien chef de l’Etat français dans une interview à la télévision russe. Selon lui, certains responsables américains cherchent à promouvoir la politique antirusse et utilisent n’importe quel prétexte pour aggraver les relations entre les deux pays.»
Sur le site boulevard voltaire, Nicolas Bonnal rappelle que VGE, qui fut pourtant membre de la très mondialiste commission trilatérale comme l’américain « Zbigniew Brzeziński, architecte de la nouvelle guerre froide avec la Russie », partisan de « l’abolition des frontières », a tenu des propos très peu RPS « dans la revue Politique internationale d’obédience atlantiste ». « (Giscard) voit, comme tous les observateurs sérieux, un complot de la CIA et une ingérence américaine dans cette affaire est-européenne : Il faut se demander ce qui s’est réellement passé il y a un an dans la capitale ukrainienne. Quel rôle la CIA a-t-elle joué dans la révolution du Maïdan ? Quel est le sens de la politique systématiquement antirusse menée par Barack Obama ? Pourquoi les États-Unis ont-ils voulu avancer leurs pions en Ukraine ? Les Américains ont-ils voulu “compenser” leur faiblesse au Moyen-Orient en conduisant, sur le continent européen, une politique plus “dure” contre la Russie ? »
Critiques que le FN, et il faut s’en féliciter note Bruno Gollnisch, n’est donc plus le seul à prononcer. Elles rejoignent celles formulées, à l’autre bout de l’échiquier politique, par Jean-Luc Mélenchon qui a mis récemment un peu d’eau dans son vin (rouge) dans sa dénonciation de la Russie poutinienne.
Invité de l’émission de Serge Moati PolitiqueS le 29 mai, le dirigeant du Front de Gauche s’est pourtant de nouveau offusqué d’être assimilé aux affreux nationaux. Interrogé au cours de cette émission par Sylvain Chazot, du lab d’europe 1, sur ses rapports pas toujours très apaisés et courtois avec les médias, celui-ci lui a demandé si il reconnaissait « une certaine forme de responsabilité » «quand des journalistes se font agresser ». Une allusion transparente aux coups de parapluie infligés par Bruno Gollnisch sur le micro espion de l’équipe du petit journal de canal plus le 1er mai. Mais une question qui n’a pas été du goût de M. Mélenchon. « Vous voulez me comparer à l’extrême droite, c’est ça? Avec votre crâne rasé là?» a-t-il rétorqué à son interlocuteur aux cheveux ras, dénonçant « l’offense » qui lui est faite.
«Je me demande moi si les journalistes se rendent compte du niveau d’agressivité, de méchanceté, de cruauté et de mensonges qu’ils développent», a-t-il encore affirmé. «Vous, quand vous parlez, c’est juste et honnête. Moi, quand je parle, c’est agressif. Je connais la musique.» Nous aussi nous la connaissons, d’autant mieux que le Front de Gauche n’hésite pas à siffler souvent les mêmes airs antifrontistes que la Caste médiatique. Caste au sein de laquelle les compagnons de route de l’extrême gauche, du service public ou salariés des grands groupes financiers ayant pris le contrôle de la presse écrite et audiovisuelle, restent infiniment plus nombreux que les quelques esprits libres, anticonformistes et autres patriotes de l’espèce amoureuse que l’on peut (rarement) y rencontrer.