Une élite républicaine qui se félicite d’une nouvelle utilisation du château de Versailles pour célébrer l’art dit contemporain avec l’arrivée dans ses jardins des œuvres du citoyen britannique Anish Kapoor. « Né à Bombay en 1954 », célébré, honoré internationalement, lauréat de nombreux prix, Commandeur de l’Empire britannique, membre de la Royal Academy of Arts relate sa fiche Wikipédia, « Anish Kapoor a des origines juives irakiennes par sa mère. Il a vécu dans un kibboutz en Israël entre 1971 et 1973, où il a étudié le génie électrique. Son niveau en maths étant insuffisant, Kapoor est parti pour Londres pour devenir artiste en suivant les cours de la Chelsea School of Art and Design. Il monte sa première exposition à Paris en 1980 et rencontre très vite le succès public et critique ».
Invité par la présidente du château de Versailles, Catherine Pégard, M. Kapoor a « (transformé) Versailles en parc d’attractions » souligne un article mis en ligne ces derniers jours sur le site du Monde. Au nombre des six pièces de l’exposition, « une reprise paresseuse du dispositif permanent qu’il a placé en 2004 dans le Millennium Park de Chicago et qui se nomme Cloud Gate », « il y aurait donc un vagin de dix mètres de haut dans les jardins de Versailles, sur la longue pelouse qui s’étend jusqu’au Grand Canal. C’est son auteur (…) Anish Kapoor qui l’a dit – avant de démentir l’avoir dit, dans la tradition des polémiques douteuses : ce serait le vagin de la reine qui prend le pouvoir ».
Clou de ce « spectacle », que l’on est tout à fait en droit de trouver très laid et malséant affirme Bruno Gollnisch, Le Monde précise que « la sculpture en question est une longue et haute forme en métal, composée d’un pavillon largement ouvert que prolonge un cylindre riveté; que la structure est allongée sur une masse chaotique de grosses pierres grises et de terre noirâtre qui semblent avoir été choisies pour leur peu de charme ; et enfin qu’une fosse a été creusée à proximité, fosse dont les parois et le fond sont enduits de rouge carmin, couleur que l’on retrouve sur l’un des blocs, appuyé au tube de métal, lui-même brun rouille. Le titre originel n’est pas Queen’s Vagina, mais Dirty Corner, coin sale ».
La grande classe … dans ce lieu, symbole mondialement connu du grand siècle français, mais M. Kanpoor l’a aussi précisé: «j’ai eu l’idée de bouleverser l’équilibre et d’inviter le chaos». Comme c’est innovant et original…
« Plus que d’une création, il s’agit d’une attraction, dont on ne doute pas qu’elle ravisse les groupes… » tacle non sans perfidie l’auteur de l’article du Monde. Un coin sale qui amuse paraît-il certains touristes et fait se pâmer la critique bien-pensante. L’académicien et spécialiste des avant-gardes, Jean Clair, le notait en octobre 2014 dans Valeurs actuelles, à propos du plug anal de McCarthy érigé place Vendôme: la bêtise conformiste des mutins de panurge défendant cet art contemporain là est abyssale. « Il faudrait le génie d’un Jonathan Swift pour décrire le spectacle dérisoire et grotesque de ce micromilieu de gens extrêmement riches, extrêmement élégants, extrêmement raffinés, soi-disant extrêmement cultivés, se rencontrant, se pavanant, se congratulant, gloussant autour de cet objet que vous pouvez acheter dans un sexshop pour 6,99 euros…(…). C’est d’autant plus étonnant que ceux qui promeuvent cet art sont des gens dont la fortune est fondée sur l’exploitation des aspects les plus raffinés, les plus éthérés, les plus sophistiqués des passions humaines, les parfums, la mode, le luxe… C’est une relation curieuse qu’on n’a jamais vue à aucune époque, une espèce de carnaval des fous. »
Un carnaval des fous d’une civilisation agonisante, dont les œuvres ne feront même pas de belles ruines, mais des fous qui ont le sens des affaires à défaut d’autres choses. Dans Le Figaro, l’écrivain Christian Combaz dévoilait à notre avis très justement la nature de cette opération Anish Kanpoor qui succède à Versailles aux opérations Takashi Murakami et Jeff Kooons : « une sournoise et lucrative opération de spéculation financière ».
«La raison pour laquelle le vagin de la reine n’est pas installé sur le parking du centre commercial des Quatre Temps près de la Défense, ni dans les plaines de Seine et Marne, ni sur une piste désaffectée de l’aéroport du Bourget, est que l’artiste doit faire photographier sa gueule de conque (ce Dirty Corner, NDLR) en présence du château de Versailles. En somme c’est un gros selfie à dix millions .Mais on ne comprend toujours pas où est l’intérêt. Ne vous inquiétez pas, l’artiste, ses galeristes, ses sponsors, les compagnies financières qui sont derrière l’opération, eux, ont très bien compris l’intérêt. L’intérêt est de 10 à 20%. La cote d’Anish Kapoor grimpe tous les ans à la faveur de ces opérations publiques. Ensuite, comme ses homologues, il inonde le marché de pièces moins monumentales, que les investisseurs brésiliens ou chinois s’arrachent non à cause de leur valeur très hypothétique, mais parce qu’elles permettent de dégager une plus-value considérable sur quatre à dix ans. L’investissement de départ permettrait d’inférer aisément ce que rapporte, à ses organisateurs, ce schéma de Ponzi (montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants, NDLR) . Mais curieusement on n’en connaît jamais le chiffre. On ne le saura, comme pour Madoff, qu’après l’effondrement de la pyramide. »
Faut-il s’étonner de ce que l’Etat français prête les joyaux de notre patrimoine pour appuyer la promotion-spéculation financière à ce type d’escroquerie artistique ? Non hélas, mais comme Bruno Gollnisch, nous suivrons avec intérêt les pistes de réflexion et les travaux que ne manqueront certainement pas de porter à notre connaissance, notamment sur ces questions, le nouveau collectif baptisé Clic ( Culture, Libertés, Création) présidé par Sébastien Chenu et dont Gabriel Robin sera le secrétaire général.