Résumant assez bien l’état d’esprit du lobby euromondialiste, le cofondateur de slate.fr, Jean-Marie Colombani, a pondu une tribune publiée aujourd’hui dans Direct matin qui résume assez bien la propagande fielleuse qui est matraquée contre tous ceux qui contestent le joug européiste et son crédo supranational. Ne pas passer sous les fourches caudines de leur Europe c’est par essence s’exposer à la diabolisation, être catalogué comme un suppôt de Satan, un adorateur ou un complice de la bête immonde.
«La Grèce et les Grecs méritent mieux que le triste gouvernement de Monsieur Tsipras » affirme ainsi M. Colombani qui, en pleine dérive complotiste, dénonce le choix opéré par ce dernier de prendre comme allié « les Grecs indépendants, mouvement xénophobe et antisémite. Curieusement, cette alliance, qui cache une idéologie commune, le national-populisme, est passée sous silence ». Refuser l’Europe de Bruxelles c’est donc être antisémite ?! M. Colombani ne s’arrête pas en si bon chemin, Tsiparas et ses amis ajoute-t-il, piétineraient la démocratie…pourtant bafouée à de nombreuses reprises par les Bruxellois quand le peuple à le front de ne pas voter dans les clous.
«Le référendum (de ce dimanche) a été organisé dans un délai de quelques jours, au mépris de la règle constitutionnelle grecque » assène l’ex directeur du Monde. « Il a été approuvé par trois partis seulement : Syriza, les Grecs indépendants et… Aube dorée, mouvement authentiquement néonazi. Et que dire de l’objet du référendum qui porte sur un texte attribué aux Européens qui n’existe pas (sic). Ou bien encore de bulletins de vote qui mettent en première position et en valeur le NON prôné par Tsipras, revêtu en Grèce d’une valeur émotionnelle forte car il fait référence à la résistance face au nazisme ».
Last but not least, la coalition d’extrême gauche réunie au sein du parti Syriza et ses alliés dits d’extrême droite défendraient les nantis, l’alliance du gros argent et du goupillon, les affameurs du peuple. Pour preuve alors que l’Europe, « depuis le début de la crise, a mis la main à la poche pour aider la Grèce », « Syriza et son allié d’extrême droite » « ( protègeraient de l’impôt) les armateurs et l’Eglise orthodoxe ».
La prose caricaturale et agressive d’un Jean-Marc Colombani et de ses semblables est-elle encore audible par nos compatriotes ? En France, le FN, la mouvance souverainiste, mais aussi l’aile gauche du PS, le Parti de Gauche, le PC se sont félicités du résultat de ce referendum que la majorité du PS a dénoncé comme l’UMP. A l’image de l’ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy, Eric Woerth, qui affirmait hier soir sur BFM TV que si «personne ne veut que la Grèce quitte la zone euro » pour autant « elle se met elle-même dans l’antichambre d’un départ. On est dans l’impasse ». Allié des républicains, le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, a appelé sans ambages à la sortie de la Grèce de la zone euro.
Dans un communiqué publié hier soir, Marine Le Pen a relevé pour sa part que « le NON du peuple grec doit permettre un changement d’approche salutaire. »« Les pays européens doivent profiter de cet événement pour se mettre autour d’une table, constater l’échec radical de l’euro et de l’austérité, et organiser la dissolution concertée de la monnaie unique, condition indispensable au retour réel de la croissance, de l’emploi et au désendettement. »
Dans les faits, le Grexit paraît inéluctable à la plupart des commentateurs puisque la coupure du robinet des aides aura mécaniquement pour effet de provoquer l’insolvabilité de la Grèce. Dans l’impossibilité d’imprimer des euros, le pays serait obligé de fonctionner par un système de reconnaissance de dettes ou d’imprimer une autre monnaie. Or comme l’a dit Yanis Varoufakis qui vient de démissionner de son poste de ministre des Finances, officiellement pour faciliter l’obtention d’un accord, « certains membres de l’Eurogroupe préférant qu’il soit) absent », la Grèce n’est plus en mesure d’imprimer des drachmes. « Les presses ont été détruites » et la question n’est pas d’actualité soulignait-il jeudi sur Bloomberg TV car « nous voulons désespérément rester dans l’euro ».
Yanis Varoufakis n’a certes pas toujours été aussi affirmatif. L’Express consacrait le 28 février un article à ce dernier, et notamment à son ouvrage Le Minotaure planétaire (ed. Editions du Cercle) dont tout patriote ou nationaliste Français qui le lirait approuverait plus de 80% des analyses. Un livre dans lequel il dépeint « la fin d’un ordre mondial » né en 1971 lorsque le gouvernement des Etats-Unis a abandonné « l’étalon-or », la convertabilité du dollar en or. Il ya fustige souvent brillamment la marchandisation du monde, les ravages du capitalisme spéculatif, « l’ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial…».
« Ce partisan d’un effacement de la dette grecque n’est pas frileux à l’idée de sortir son pays de la zone euro… Même s’il fait tout pour y rester » notait alors L’Express. « En janvier, sur l’antenne de Bloomberg TV», Varoufakis, économiste reconnu, « enseignant tour à tour à Sydney en Australie ou à Austin au Texas »,« avait lâché: La dernière ligne de Hôtel Califonia (le tube des Eagles) explique assez bien où nous en sommes: Vous pouvez rendre les clés de votre chambre à n’importe quelle heure, mais vous ne pouvez pas partir. »
Il est en effet tout à fait exact que la sortie d’un pays membre de la zone euro n’est pas prévue par les textes européens, l’adoption de la monnaie unique étant supposée être irréversible…Manière ce constater encore une fois, souligne Bruno Gollnisch, le caractère intrinsèquement totalitaire de cette Europe de Bruxelles, véritable prison de peuples ou, à tout le moins, hôtel géré de manière abracadabrantesque.